Mireille

Invitation pour quatorze élèves du lycée à la générale VENDREDI 28 novembre à 20 heures
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Charles Gounod
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Frédéric Mistral

Inspiré du poème « Mireio » de Frédéric Mistral, cet opéra créé en 1864 et maintes fois remanié est peut-être le chef-d’œuvre de Charles Gounod.

Une œuvre simple, d’une douce fragilité et par là même très délicate, dont l’intrigue se situe à la frontière du pittoresque régionaliste et de la tragédie. Séduit par l’originalité du poème de Frédéric Mistral, Charles Gounod réussit à convaincre l’auteur de sa volonté d’en tirer un opéra.

Le 12 mars 1863, les deux hommes font connaissance et Gounod s’installe alors dans un hôtel de Saint-Rémy-de-Provence où il fait venir un piano et compose sa partition en trois mois. Après des répétitions difficiles, l’œuvre fut créée au Théâtre Lyrique à Paris mais n’obtint qu’un succès relatif, dû principalement à la coupe en cinq actes et à la mort de l’héroïne à la fin de l’ouvrage.

Le livret de Mireille n’offre qu’un reflet partiel de l’œuvre de Frédéric Mistral, elle-même conçue comme un vaste poème épique. Quant à la musique de l’opéra, elle est placée sous le signe de Mozart : plus que dans Faust, Gounod y apparaît en effet comme l’admirateur de « Don Giovanni », bien que le troisième acte présente une féerie musicale que de nombreux musicologues n’hésitent pas à comparer à celles de Mendelssohn ou de Weber.

Figure mythique de la Provence, Mireille évoque à tout un chacun un climat, un parfum ou une image. On a le sentiment de la connaître, comme si elle faisait partie de la famille, avec une place privilégiée dans l’inconscient collectif.

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Robert Fortune ( Metteur en scène )

Cependant, fait observer le metteur en scène Robert Fortune, elle est semblable à « L’Arlésienne » de Daudet : si on en parle beaucoup, elle conserve néanmoins son énigme.

L’œuvre, qui décrit une jeune fille de bonne famille amoureuse d’un simple berger et leurs amours contrariées, s’est imposée par transmission orale, léguant aux générations successives sa représentation d’un terroir et de ses habitants. Plus encore, du Sud et de la Méditerranée, puisqu’en composant Mireille, Gounod écrit : « Il y a ici, tout près, à vingt minutes de Saint-Rémy, la plus belle vallée qu’on puisse voir : c’est de la pure Italie, c’est même Grec. » De là à voir dans Mireille un peu de tragédie grecque, il n’y avait qu’un pas de plus à franchir dans la « suditude ». Robert Fortune part sur les traces d’une Provence à la douceur de vivre peut-être un peu lointaine mais dont l’empreinte subsiste dans les esprits. Il situe Mireille en 1900, époque où la société agricole et patriarcale bascule dans la nouvelle ère de la révolution industrielle. « En étudiant de manière plus approfondie le livret et surtout le texte de Mistral, dit le metteur en scène, nous nous sommes aperçu que Mireille parlait aussi d’un autre passage : celui d’une société baignant dans les croyances superstitieuses, les rites magiques, vers un monde plus rationnel, aux croyances religieuses plus ordonnées. »

Noces

Sortie facultative : Inscrivez vous pour vendredi 21 novembre- 20h30
D’Albert Camus (7 EUROS)
Compagnie Thalie- La Comédie de Fernay
Mise en scène : Olivier Broda

Composition et improvisation musicale : Jean Louis Deconfin
Création Lumière : Gilles Godet
Régie : Adrien Laneau

Avec Annick Gambotti
Piano : Jean Louis Deconfin

Avec Noces et Retour à Tipasa, Albert Camus signe deux textes profonds d’une sensuelle beauté en forme de célébration de la nature, celle de l’Algérie, de l’histoire et de la connaissance profonde de soi.

L’idée de réunir ces 2 textes écrits à 15 ans d’intervalle fut pour Annick Gambotti une évidence, autant que l’envie de mêler les mots charnels de Camus au son d’un piano sensible.

A l’écoute de cette œuvre émouvante et lyrique, nous souhaitions faire découvrir la richesse de la musique d’un homme libre exprimant passion, tendresse ou révolte avec une totale sincérité et traquant tout ce qui vibre et rayonne de lumière. Comme dans une partition à 2 voix, la comédienne et le musicien s’accorderont à dialoguer et sublimer la beauté et la profondeur des mots de Camus.

L’art

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Méthode :

Il y a une difficulté liée à l’étymologie même du mot ars, artis en latin et techné en grec. Ces mots signifient l’art, la technique, l’habileté et sont utilisés aussi bien pour ce que l’on nomme aujourd’hui les beaux- arts, les arts mécaniques mais aussi l’art oratoire, l’art médical, etc. Il est difficile de distinguer l’art de l’artisanat jusqu’au XVIII siècle. Parmi les beaux arts comment parler indifféremment de sculpture, musique, architecture, peinture, 7ème art et même des arts mineurs ?

Problématique :

La reconnaissance et la dénomination de l’art pose problème : qu’est ce que l’art ? Encore faut-il bien distinguer ce que l’on veut définir:

– le statut de l’artiste : la création, la fabrication et l’inspiration. La notion de génie.

– le statut de l’objet : qu’est ce qu’une œuvre ? et en quoi se distingue-t-elle d’un simple objet ?

– le point de vue du spectateur: y a-t-il un jugement de goût universel ?

Intérêt :

Pour l’art : la confrontation entre l’art et la philosophie est ancienne, le simple amateur, l’artiste ou l’esthète trouvent dans le discours philosophique une interrogation critique sur leur pratique. A condition de dépasser l’ostracisme platonicien, le dialogue devient possible.

Pour la philosophie : l’art permet, outre de mettre a l’épreuve  ses propres goûts et jugements , de réfléchir sur la nature humaine ( raison, passion et imagination), sur les pratiques de la connaissance et de la culture, sur le bonheur et la liberté vers lesquels l’art peut nous conduire.

Vocabulaire :

art , artiste, artisan, subjectif, objectif, universel, général, particulier, singulier, formel , matériel, plaisir, goût, imitation, copie, création, inspiration, génie, œuvre,matière, reproduction

Références :

Tout ce que l’on peut citer dans les différents arts ( MUSIQUE, peinture , photographie, sculpture, cinéma, littérature)

et à toutes les époques historiques connues ( attention: à la préhistoire et aux arts dit « premiers »)

Fiche de révision techno « la vérité si je mens »

la_dentelliereLa dentellière, tableau de Johannes Vermeer (1632-1675)

Dans ce tableau le peintre utilise des objets domestiques qui n’ont rien de banal ou de secondaire car ils apparaissent comme si le spectateur épiait par le trou d’une serrure une jeune femme dans son intimité. Le premier plan est flou mais les mains et le visage sont très nets, comme si la scène avait été photographiée en contre plongée. On n’est pas loin de la vérité, car de fait le peintre a utilisé une camera obscura, très lointain ancêtre de l’appareil photo. Cela donne une impression réaliste. Pourtant la peinture comme plus tard la photo d’art n’est pas une copie du réel…


La vérité  peut être classée en 3 catégories:

la connaissance ex : le vrai et le faux dans le domaine des maths = la vérité logique. Contraire ou différent de l’erreur.

la morale ex: au tribunal « je jure de dire la vérité… »= la vérité pratique. Contraire ou différent du mensonge ( faute morale).

en art « la vérité d’un tableau » c’est par exemple quand on dit qu’on fait un portrait de quelqu’un. Contraire ou différent de l’illusion. Pour le tableau on croit que c’est un personnage réel, ou au théâtre on croit à la réalité du personnage (cf. l’illusion comique de Corneille). Zeuxis a peint une grappes de raisins tellement vraies que les oiseaux venaient la picorer. Lorsque Platon apprend ça il se dit qu’il n’y a que les animaux qui sont trompés. L’homme qui raisonne, celui qui sait ne se laisse pas tromper. Platon oppose le savoir non pas à l’ignorance mais à la croyance il vaut mieux ne pas savoir, ne pas posséder la vérité que croire savoir.

Dans le célèbre texte de l’allégorie de la caverne (république livre 7), Platon décrit les hommes comme des prisonniers trompés par les ombres qui défilent sur la paroi du fond. Le véritable philosophe est celui qui se détache de cette vision trompeuse et recherche la vérité dans les idées extérieures à l’opinion.

La vérité définit la démarche philosophique si on la considère non pas comme une possession mais comme une recherche.

Le philosophe est en manque de vérité,il est amoureux de la vérité, il la désire.

La vérité a un lieu : c’est le langage. Elle n’est pas la réalité, c’est une conformité issue du discours ( ????? = logos = logique). La vérité n’est qu’un jugement sur le réel. Il existe une vérité formelle qui ne correspond à rien dans ce qui nous est donné par nos cinq sens. Ex : Le syllogisme : C’est un raisonnement qui a l’apparence d’une vérité mais qui ne correspond à rien du point de vue matériel. (Exemple avec Socrate partie cours).

Pour atteindre le vrai, le philosophe n’a qu’un instrument : C’est la raison (????? =logos). Le bon sens chez Descartes est la chose du monde la mieux partagée. La raison est une faculté de l’esprit universelle qui nous permet :

-de distinguer le vrai du faux (être rationnel, usage théorique de la raison). La vérité de la raison s’oppose à l’opinion, à la croyance, au préjugé.

-de distinguer le bien du mal (être raisonnable, usage pratique de la raison). Dans ce sens on l’oppose à la passion.



Révisions : nos citations

NOS CITATIONS PAR THÈME

L’art

“L’art se distingue de la nature comme faire (facere) d’agir… A vrai dire on ne devrait nommer art que le produit de la liberté, c’est à dire d’un vouloir qui fonde ses actes sur la raison.” Kant. (Comprendre que le travail des abeilles n’est pas une œuvre d’art)

“L’art d’imiter est donc bien éloigné du vrai, et, s’il peut tout exécuter, c’est, semble-t-il, qu’il ne touche qu’une petite partie de chaque chose, et cette partie n’est qu’un fantôme.” Platon La République, X.

“D’une façon générale, il faut dire que l’art, quand il se borne à imiter, ne peut rivaliser avec la nature, et qu’il ressemble à un ver qui s’efforce en rampant d’imiter un éléphant”. Hegel, Esthétique.

“Le goût est la faculté de juger d’un objet ou d’une représentation par une satisfaction dégagée de tout intérêt…”

“Le beau est ce qui est représenté, sans concept, comme l’objet d’une satisfaction universelle…”

“Lorsque je donne une chose pour belle, j’exige des autres le même sentiment; je ne juge pas seulement pour moi, mais pour tout le monde, je parle de la beauté comme si c’était une qualité des choses, je dis que la chose est belle… “


“La beauté est la forme de la finalité d’un objet, en tant qu’elle est perçue sans représentation d’une fin.” Kant, Critique du jugement.

La conscience et l’inconscient psychique

“… cette proposition: je suis, j’existe est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce ou que je la conçois en mon esprit” Descartes, Méditations métaphysiques,Méditation seconde.

“La nature m’enseigne aussi, par ces sentiments de douleur, de faim, de soif… que je ne suis pas seulement logé dans mon corps ainsi qu’un pilote en son navire mais, outre cela, que je lui suis conjoint très étroitement et tellement confondu et mêlé que je compose comme un seul tout avec lui.” Descartes,Méditation sixième.

“Par le mot de penser, j’entends tout ce qui se fait en nous de telle sorte que nous l’apercevons immédiatement par nous même; c’est pourquoi non seulement entendre, vouloir, imaginer, mais aussi sentir, est la même chose ici que penser.” Descartes, Principes de la philosophie.

“Qu’est-ce qu’une chose qui pense? C’est à dire une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi, et qui sent.” Descartes, Deuxième méditation.

“Le fait que l’homme puisse avoir le Je dans sa représentation, l’élève infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivant sur la terre. Par là, il est une personne et, grâce à l’unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui arriver, il est une seule et même personne, c’est à dire un être entièrement différent, par le rang et la dignité de choses telles que les animaux sans raison…” Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique.

“Le je pense doit pouvoir accompagner toutes mes représentations.” Kant , Critique de la Raison pure.

“Tout état de conscience en général est en lui-même, conscience de quelque chose… Par conséquent, il faudra élargir le contenu de l’ego cogito transcendantal, lui ajouter un élément nouveau et dire que tout cogito ou encore tout état de conscience “vise” quelque chose et, qu’il porte en lui-même, en tant “visé” ( en tant qu’objet d’une intention), son cogitatum (= objet de pensée) respectif.” Husserl, Méditations cartésiennes, Vrin, page 28.

“L’hypothèse de l’inconscient est nécessaire et légitime, et …. nous possédons de multiples preuves de l’existence de l’inconscient.”

“Un troisième démenti sera infligé à la mégalomanie humaine par la recherche psychologique de nos jours qui se propose de montrer au moi qu’il n’est seulement pas maître dans sa propre maison, qu’il en est réduit à se contenter de renseignements rares et fragmentaires sur ce qui se passe, en dehors de sa conscience, dans sa vie psychique.” Freud, Introduction à la psychanalyse, Payot, page 266.

Le droit, la justice, l’État

“Par Droit et Institution de la Nature, je n’entends autre chose que les règles de la nature de chaque individu, règles suivant lesquelles nous concevons chaque être comme déterminé à exister et à se comporter d’une certaine manière;” Spinoza, Traité théologico-politique. 1670.

“Il est évident qu’il est parfaitement censé et parfois même nécessaire de parler de lois… injustes. En passant de tels jugements, nous impliquons qu’il y a un étalon du juste et de l’injuste qui est indépendant du Droit positif et lui est supérieur: un étalon grâce auquel nous sommes capables de juger le droit positif”. Léo Strauss, Droit naturel et histoire.

“Mais la nature elle même, selon moi, nous prouve qu’en bonne justice, celui qui vaut plus doit l’emporter sur celui qui vaut moins, le capable sur l’incapable.” Platon, Gorgias, (C’est Calliclès, un sophiste, qui parle).

“Convenons donc que la force ne fait pas le droit et qu’on n’est obligé d’obéir qu’aux puissances légitimes.” Rousseau, du Contrat social.

“Se dessaisir de son droit sur une chose, c’est se dépouiller de la liberté d’empêcher autrui de profiter de son propre droit sur la même chose… La transmission mutuelle du droit est ce qu’on nomme contrat.” Hobbes, Léviathan.

Déclaration de 1789.
-Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit.
-Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression.
-La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme.

“Je dis donc que la souveraineté, n’étant que l’exercice de la volonté générale, ne peut jamais s’aliéner, et que le souverain qui n’est qu’un être collectif, ne peut être représenté que par lui même.” Rousseau, Du contrat social.

“En vérité le but de l’État c’est la liberté”. Spinoza, Traité théologico-politique, 20.
– Dans cet État, en effet, nul ne transfère son droit naturel à un autre de telle sorte qu’il n’est plus ensuite à être consulté, il le transfère à la majorité de la Société dont lui même fait partie; et dans ces conditions tous demeurent égaux.” Spinoza,
Traité théologico-politique, 20.

“Hors de la société, chacun a tellement droit sur toute chose qu’il ne s’en peut prévaloir et n’a la possession d’aucune; mais dans La République, chacun jouit paisiblement de son droit particulier.”. Hobbes, Le citoyen.

“Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas; il a des chefs et non pas des maîtres; il obéit aux Lois, mais il n’obéit qu’aux Lois et c’est par la force des Lois qu’il n’obéit pas aux hommes”. Rousseau, Lettres écrites de la Montagne, huitième.

« Ce passage de l’état de nature à l’état civil produit dans l’homme un changement très remarquable, en substituant dans sa conduite la justice à l’instinct » … Rousseau, Du contrat social.

“Les maux ne cesseront pas pour les humains avant que la race des purs et authentiques philosophes n’arrive au pouvoir ou que les chefs des cités, par une grâce divine, ne se mettent à philosopher véritablement.” Platon, Lettre VII.
“Maintenant si nous disions que nous avons trouvé ce qu’est l’homme juste, la cité juste, et en quoi consiste la justice dans l’un et dans l’autre, nous ne passerions pas, je pense, pour nous tromper beaucoup.”  Platon, La République, IV

“Les êtres raisonnables sont appelés des personnes, parce que leur nature les désigne déjà comme des fins en soi, c’est à dire comme quelque chose qui ne peut pas être employé simplement comme moyen, quelque chose qui, par suite, limite d’autant toute faculté d’agir comme bon nous semble (et qui est un objet de respect).” Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs

“La justice et l’injustice entendues en toute rigueur, ne sauraient se concevoir que dans un État.” Spinoza, Traité politique, II §23.

“Il existe deux manières d’obtenir ce pouvoir souverain. La première est la force naturelle… l’autre manière apparaît quand les hommes s’entendent entre eux pour se soumettre à tel homme ou à telle assemblée, volontairement, parce qu’ils leur font confiance pour les protéger contre tous les autres. Dans ce deuxième cas, on peut parler de République politique politique ou de République d’institution.” Hobbes, Leviathan, chapitre XII.

“Le pouvoir veut de l’ordre, le savoir lui en donne.” M. Serres, Hermès, IV

La liberté et le bonheur

« La Nature commande à tout animal et la bête obéit. l’homme éprouve la même impression, mais il se reconnaît libre d’acquiescer, ou de résister, et c’est surtout dans la conscience de cette liberté que se montre la spiritualité de son âme .» Rousseau

« l’homme est né libre, et partout il est dans les fers » Rousseau

“Renoncer à sa liberté c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs. Il n’y a nul dédommagement possibles pour quiconque renonce à tout. Une telle renonciation est incompatible avec la nature de l’homme, et c’est ôter toute moralité à ses actions que d’ôter cette liberté à sa volonté .” Rousseau


“L’homme libre, c’est à dire qui vit selon le seul commandement de la Raison.” Spinoza

“Conçois-tu maintenant que quelqu’un puisse être supérieur au sage, qui a sur les dieux des opinions pieuses, qui ne craint pas la mort, qui est arrivé à comprendre quel est le but de la nature, qui sait que le souverain bien est à notre portée et facile…” Épicure, Lettre à Ménécée.

“Le Sage, au contraire, considéré en cette qualité, ne connaît guère le trouble intérieur, mais ayant, par une certaine nécessité éternelle conscience de lui même, de Dieu et des choses, ne cesse jamais d’être et possède le vrai contentement.” Spinoza, Ethique V° partie, Scolie prop. XLI

“Le concept du bonheur est un concept si indéterminé, que, malgré le désir qu’a tout homme d’arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il veut et il désire… Le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l’imagination.” Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, deuxième section.

“Une hirondelle ne fait pas le printemps, non plus qu’une seule journée de soleil; de même ce n’est ni un seul jour ni un court intervalle de temps qui font la félicité et le bonheur.” Aristote, Éthique de Nicomaque, I, VII, 16

à suivre… à compléter aussi avec vos révisions des cours et vos manuels…merci de publier pour tous !

Les hivernales

Jeudi 20 février à 14 h 30

Mourad Merzouki – Pôle Pik

Récital à 40  50 min
Opéra Grand Avignon

En coproduction avec l’Opéra Grand Avignon

Mourad Merzouki s’entoure, dès la création de la compagnie Käfig en 1996, de danseurs, compositeurs, scénographes, faisant de chacune de ses créations un bonheur complet. Il est aujourd’hui à la direction du Centre chorégraphique national de Créteil et du Centre chorégraphique Pôle Pik de Bron. Créée en 1998 pour six danseurs, Récital, après une tournée mondiale et cinq cents représentations, est reconnue comme une oeuvre marquante de l’histoire de la danse hip-hop. Dans cette nouvelle version ce ne sont plus six, mais quarante danseurs qui dévoilent cette alchimie spectaculaire entre différentes écritures. Mourad Merzouki crée l’événement en réunissant quatre générations de danseurs sur scène. Faisant la démonstration que le hip-hop a atteint un niveau exemplaire de maturité.

L’Italienne à Alger

Allons à l’Opéra vendredi 31 janvier à 20 heures !

Opéra-bouffe en deux actes de Gioacchino Rossini
Livret d’Angelo Anelli

Direction musicale : Roberto Rizzi-Brignoli
Direction des Chœur : Aurore Marchand
Etudes musicales / continuo : Mathieu Pordoy

Mise en scène / costumes : Nicola Berloffa
Assistant à la mise en scène : Fabio Cherstich
Décors : Rifail Ajdarpasic
Lumières : Luca Antolini

Isabella : Silvia Tro Santafe
Elvira : Clémence Tilquin
Zulma : Amaya Dominguez

Lindoro : Julien Dran
Mustafa : Donato di Stefano
Taddeo : Armando Noguera
Haly : Giulio Mastrototaro

Orchestre Régional Avignon-Provence
Chœur de l’Opéra Grand Avignon

Une des plus exquises réussites d’un Rossini seulement âgé de 21 ans à la création de l’ouvrage : un opéra-bouffe qui a gardé tout son charme et sa drôlerie, avec une musique fraîche comme l’œil et des personnages qui semblent nés d’hier. Un ouvrage empreint de cette folie que sait insuffler Rossini : le dérèglement soudain de la machine qu’il a lui-même fabriquée.
L’Italienne à Alger a été commandée en toute hâte à Rossini, en 1813, pour sauver la saison mal engagée du Teatro San Benedetto de Venise. Comme le compositeur ne disposait que d’un délai de vingt-sept jours pour écrire son nouvel opéra, on utilisa un livret d’Angelo Anelli qui avait déjà été mis en musique par Luigi Mosca pour Milan, cinq ans plus tôt. Rossini le modifia quelque peu, supprimant en particulier tous les passages trop sentimentaux qui ne correspondaient pas à son idée de la farce. Mais la principale transformation consista surtout à ajouter au premier finale, au quintette et au trio du second acte les fameux « pappataci », des onomatopées. La musique s’affranchit alors de la contrainte des mots et du sens et devient, selon l’expression de Stendhal, « une folie organisée ».

La belle Isabella s’embarque pour Alger à la recherche de son amant Lindoro, prisonnier du tyran Mustafà. Mais le bateau s’échoue et l’aventure commence. Il y a des corsaires, un sérail, des eunuques, un palais sur la mer, tout le merveilleux bazar des turqueries encore à la mode en ce début de XIXème siècle. Il y a aussi du beau chant, brillant et virtuose, comme Rossini en avait le secret. Et il y a surtout cette folie qui imprègne son art, comme cet insensé finale du premier acte, grand ensemble dégénérant en un délirant concert d’onomatopées, accentuant l’exubérance rythmique et amenant la déformation comique de la parole à un degré d’élaboration jamais entendu auparavant.
L’Italienne à Alger renvoie à l’orientalisme, en vogue dans les arts de l’époque, qui avait déjà donné naissance au Bourgeois gentilhomme de Molière, à Zadig de Voltaire ou à L’Enlèvement au sérail de Mozart. Mais l’Orient n’y est qu’un décor, et c’est la femme italienne, vigoureusement défendue ici par le personnage d’Isabella, que l’on entend célébrer.

L’Orient, une quête fantasmée.
Le mythe oriental, rêve fantasmé d’une terre d’Orient, matrice du monde, terre des origines, a inspiré depuis la fin du XVIIe siècle, de nombreux artistes, tant dans le monde de la musique, de la peinture, de la littérature et de la danse que celui des explorateurs et savants comme Champollion ou encore Pierre Mariette, égyptologue français qui a dégagé et sauvegardé la plupart des grands sites d’Egypte et de Nubie.
Ce monde méditerranéen a toujours suscité, depuis l’époque des Croisades, une réelle fascination pour les occidentaux qui ont tout de suite donné à cet espace du Levant, lieu sacré où se lève le Soleil, une dimension symbolique caractérisant également l’Aube des civilisations de l’Egypte, la Turquie, la Palestine, la Syrie, monde musulman, juif et chrétien et Empire Turc ottoman au début du XIVe siècle. La musique de la fin du XVIIe siècle va refléter ce goût pour l’Orient.

Ainsi, à la cour de Versailles, en témoignera la comédie-ballet de Molière et Lully, Le Bourgeois Gentilhomme (1670), traçant un exotisme musical et théâtral de cette pièce. On a tous en mémoire, certaines scènes de « turqueries », au cours de laquelle Monsieur Jourdain se trouvera élevé au rang de Grand Mamamouchi, au cours d’une savoureuse cérémonie turque. D’autres artistes inscriront des œuvres dans cette veine orientale, tel Mozart et sa célèbre Marche Turque (1778), son opéra Die Entfûhrung Aus Dem Serail (L’Enlèvement Au Sérail) 1782, ornementé d’instruments d’esprit turc, comme le piccolo, le triangle, les cymbales ou encore les timbales ; mais aussi un opéra de Gazzaniga Il Serraglio di Osmano (1784), et Gli intrighi del serraglio (1795).
Parmi les écrivains, Montesquieu publiera Les Lettres Persanes en 1721 et Victor Hugo écrira dans Les Orientales (1829) : « Au siècle de Louis XVI, on était helléniste, maintenant, on est orientaliste. Il y a un pas de fait. Jamais tant d’intellgences n’ont fouillé à la fois ce grand abîme de l’Asie… Le statu quo européen, déjà vermoulu et lézardé, craque du côté de Constantinople. Tout le continent penche à l’Orient. »

C’est au début du XIXe siècle que le terme « orientalisme » fait son apparition, donnant lieu parfois à des représentations fantaisistes, tout droit sorties des « contes des Mille Et Une Nuits », avec ses harems, ses palais et ses femmes langoureuses.
La peinture ne restera pas étrangère à ce phénomène et l’on rêvera aux bains turcs d’Ingres avec sa grande Odalisque (1814) ou encore la sensualité de son Odalisque à l’Esclave (1839) ; mais aussi de la volupté mêlée au luxe des Femmes d’Alger dans leur appartement (1834) de Delacroix.
L’idée de la Femme orientale fantasmée inspirera alors aux artistes, la réponse à leur questionnement des origines, évoquera le retour aux sources vers « notre berceau cosmogonique et intellectuel » comme l’écrira Gérard de Nerval.  La Femme occupe la place d’une muse, d’un genre nouveau, elle est inspiratrice du Désir. On parlera alors de « L’Orient fait femme » avec toute sa fascination inhérente élaborée par la mentalité collective occidentale, en quête de soi.

Lorsque quelques années plus tard, les Sultans dirigeront les provinces éloignées de l’Empire ottoman, Rossini écrira L’Italiana in Algeri, peinture d’un Orient sorti tout droit de l’imaginaire, dans la plus pure veine musicale des « opéras turcs », très à la mode à l’époque et qui le resteront durant des décennies.
Si l’on ne devait retenir qu’un seul mot pour cet ouvrage, ce serait le mot Désir, qui se conjugue à tous les modes, et le terme « virtuosité bouffe », qui dépasse de loin le rythme de la parole de cette histoire qui débute dans une vie morne au quotidien pour atteindre le sérail des fantasmes rêvés. Charlyne Blaise

Camille Claudel

Nous irons au cinéma UTOPIA mardi 2 avril, séance à 10 heures.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=YHuMS3w5RdE[/youtube]

Les trois jours que Camille Claudel, enfermée dans un asile du sud de la France, passe à attendre la venue de son frère, le diplomate, poète et dramaturge Paul Claudel.

Thèmes au delà de l’aliénation et de l’enfermement, la question de l’art, la passion, la relation à Dieu, le corps, la matière et l’esprit, le désir. Suite du travail entrepris lors de la séance sur le film Augustine et qui se terminera pas la visite de l’exposition Camille Claudel à l’hopital de Montfavet le 7 mai.

[Camille Claudel 1915 de Bruno Dumont. 2012. Durée : 1 h 35. Distribution : ARP Sélection.

Compte rendu de la séance

Nature et culture

[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/xejdtt_ce-que-montrent-les-images-philippe_creation[/dailymotion]

Ce que montrent les images. Philippe Descola (1)
envoyé par laviedesidees. – Regardez plus de courts métrages.

Métamorphoses de la Nature

À partir de ses recherches sur les Indiens d’Amazonie, l’anthropologue Philippe Descola, élève et successeur de Claude Lévi-Strauss au Collège de France, propose une nouvelle manière d’aborder les rapports entre nature et société et les modes de socialisation de la nature, au moment où la vision moderne et occidentale du monde axée sur le paradigme de l’opposition Nature/Culture commence à révéler toutes ses limites. Descola attribue ainsi à l’anthropologie la tâche, préparatoire ou exploratoire, de dresser la cartographie des liens nature/société et de voir comment ils s’actualisent dans des manières distinctes et distinctives d’être au monde. Il s’agit ainsi de montrer que l’idée de Nature qui nous est familière depuis quelques siècles ne possède aucune universalité, et qu’elle a une histoire qui n’est pas partagée par toutes les « humanités » qui peuplent la planète .

A quoi sert l’art ?

Mona Hatoum, « Nature morte aux grenades » (détail), 2006-2007, cristal, acier et caoutchouc, photographie Ela Bialkowska

S’il est une question philosophique à laquelle les élèves ont déjà répondu et donc ne fait pas l’objet de la nécessaire problématisation digne de tout apprenti philosophe, c’est bien celle de l’utilité. En ce qui concerne l’art, le débat semblait clos car subordonner le rôle de l’art à une utilité (même morale ou politique) est sans doute réactionnaire. Mais comment accepter la pure autonomie de l’art lorsque l’on ne connait pas même les critères qui fondent la valeur de l’œuvre ? Comment ne pas dénaturer l’art si on en attend encore des fonctions de communication ou des vertus sociales ?

Sans doute le désarroi face aux œuvres contemporaines, le désintérêt pour les œuvres partout exposées, accessibles, confondues, la banalisation de l’art rend aujourd’hui la question plus urgente.

 

Pour s’initier au raisonnement philosophique, cet exercice propose de préparer puis de réaliser un travail écrit de type dossier de recherche sur le thème de l’art en général et de l’art contemporain en particulier à partir de différentes approches des spectacles (danse, musique, théâtre, cinéma, opéra) ou musées découverts dans l’année.

Cet exercice de philosophie à pour objectifs d’apprendre à:

1. examiner des auteurs philosophiques, des artistes, des œuvres sur un thème auquel les élèves n’ont pas été préparés dans leur cursus scolaire ou par leur culture personnelle

2. lire, utiliser des outils de lecture rapide : dictionnaires, encyclopédies, index, manuel, …

3. écrire, rédiger un exercice cherchant à développer chez l’élève l’esprit de synthèse

4. argumenter, situer la position de son « allocuteur » (auteur, artiste),en mesurer les enjeux, contre-argumenter, se positionner, …devenir un philosophe : être capable de prendre des positions raisonnées, et donc des risques et des décision assumées comme telle.

5. prendre des responsabilités sur le plan humain : se situer clairement par rapport à autrui, mener une guerre juste à ses adversaires et savoir pourquoi ils le sont, soutenir honnêtement ses allié.

6. reconnaitre ses préjugés, ses opinions d’une part en en comprenant les raisons et d’autre part en acceptant la dimension d’inconnu ou d’inconnaissable caractéristique de toute situation.

7. utiliser un vocabulaire abstrait précis en vue d’élaborer, de promouvoir et d’examiner des idées.

Plusieurs entrées possibles à retrouver prochainement…