Penser bonheur

« Les Philosophes qui jugent aujourd’hui le bonheur impossible ne font que prolonger un courant qui, de Platon a Kant, en a toujours différé la réalisation.
Ils oublient ainsi l’autre courant qui, dAristote à Ernst Bloch en passant par Spinoza avait ouvert une autre voie, en faisant du bonheur la joie en acte : à la fois premier objet de la pensée et noyau d’une existence heureuse et significative. Ce projet n’est pas irréalisable, encore moins impensable : la réflexion, quand elle transfigure le désir, met le bonheur à notre portée. » Robert Misrahi

 

 

Theatre des Halles

Penser Bonheur – Lecture

Le 29 et 30 septembre à 20h30
Proposition théâtrale de Alain Timar, Pauline Méreuze et Paul Camus
Inspirée par l’oeuvre de Robert Misrahi
Entrée Libre

Penser Bonheur – Création Théâtre des Halles
Du 22 au 25 mai à 20h30
Proposition théâtrale de Alain Timar, Pauline Méreuze et Paul Camus
Inspirée par l’oeuvre de Robert Misrahi

LE THEATRE DES HALLES

Entrée du public :
Rue du Roi René – Avignon
Administration
:
4 Rue Noël Biret – Avignon
contact@theatredeshalles.com

www.theatredeshalles.com
Réservations : 04.32.76.24.51

Spinoza : le conatus dans l’Ethique

minusculemousquetaire_80_« Le Minuscule Mousquetaire T.2 : La Philosophie dans la baignoire » par Joann Sfar

Dans le texte suivant, Spinoza montre que le désir est l’essence de l’homme, renversant ainsi la problématique du rapport entre désir et raison. L’homme ne peut pas plus s’empêcher de désirer qu’il ne peut s’empêcher d’être ; dès lors la rationalisation des passions demeure insatisfaisante, il faut plutôt étudier la véritable nature de l’homme.

Chaque chose, autant qu’il est en soi, s’efforce de persévérer dans son être. (III, Prop. VI)

L’effort par lequel chaque chose s’efforce de persévérer dans son être n’est rien d’autre que l’essence actuelle de cette chose. (Prop. VII)

L’effort par lequel chaque chose s’efforce de persévérer dans son être, n’enveloppe aucun temps fini, mais un temps infini. (Prop. VIII)

L’âme en tant qu’elle a des idées claires et distinctes, et aussi en tant qu’elle a des idées confuses, s ‘efforce de persévérer dans son être pour une durée indéfinie et a conscience de son effort. (Prop. IX)

L’essence de l’âme est constituée par des idées adéquates et des inadéquates; par suite, elle s’efforce de persévérer dans son être en tant qu’elle a les unes et aussi en tant qu’elle a les autres ; et cela pour une durée indéfinie. Puisque, d’ailleurs, l’âme, par les idées des affections du corps, a nécessairement conscience d’elle-même, elle a conscience de son effort.

Cet effort, quand il se rapporte à l’âme seule, est appelé volonté; mais, quand il se rapporte à la fois à l’âme et au corps, il est appelé appétit; l’appétit n’est par là rien d’autre que l’essence même de l’homme, de la nature de laquelle suit nécessairement ce qui sert à sa conservation; et l’homme est ainsi déterminé à le faire. De plus, il n’y a aucune différence entre l’appétit et le désir, sinon que le désir se rapporte généralement aux hommes en tant qu’ils ont conscience de leurs appétits, et peut, pour cette raison se définir ainsi: le désir est l’appétit avec la conscience de lui-même. Il est donc établi par tout ce qui précède que nous ne faisons effort vers aucune chose, que nous ne la voulons pas ou ne tendons pas vers elle par appétit ou par désir, parce que nous jugeons qu’elle est bonne; c’est l’inverse : nous jugeons qu’une chose est bonne parce que nous faisons effort vers elle, que nous la voulons et tendons vers elle par appétit ou désir. (Prop. IX, scolie)

Camus philosophe ?

Camus est – il un philosophe?

Il faut imaginer Sisyphe heureux.

Tout au bout de ce long effort mesuré par l’espace sans ciel et le temps sans profondeur, le but est atteint. Sisyphe regarde alors la pierre dévaler en quelques instants vers ce monde inférieur d’où il faudra la remonter vers les sommets. Il redescend dans la plaine.

C’est pendant ce retour, cette pause, que Sisyphe m’intéresse. Un visage qui peine si près des pierres est déjà pierre lui-même. Je vois cet homme redescendre d’un pas lourd mais égal vers le tourment dont il ne connaîtra pas la fin. Cette heure qui est comme une respiration et qui revient aussi sûrement que son malheur, cette heure est celle de la conscience. A chacun de ces instants, où il quitte les sommets et s’enfonce peu à peu vers les tanières des dieux, il est supérieur à son destin. Il est plus fort que son rocher.

  • L’ actualité d’Albert Camus vient du fait qu’on le tire un peu dans tous les sens (écrivain, journaliste, philosophe..). On dit qu’il a toujours été célèbre, (« le mythe de Sisyphe, l’étranger », 1942). Cette gloire venait d’avantage de ses romans et de son théâtre. Il obtient le prix Nobel pour l’ensemble de ses œuvres. La seule référence philosophique vient de l’affirmation de l’absurdité de notre existence et de la querelle idéologique avec Sartre, qui ne cessera pas jusqu’à sa mort prématurée.
  • Camus n’a pas une interprétation « juste » du mythe grec de Sisyphe. On ne peut pas être heureux de remonter toute sa vie un rocher. L’image correspond bien à l’absurde mais pas au bonheur. Paradoxalement, Camus meurt dans un accident de voiture (dû à un excès de vitesse) alors qu’il n’appréciait guère la vitesse. Dans cette période il y a eu beaucoup de célébrités décédées

  • Camus pose des problèmes sur la philosophie actuelle en écho avec son propre temps. Il parle du refus de l’injustice, l’urgence de s’interroger sur le sens de la vie, le refus de tous les endoctrinements idéologiques, l’affirmation de la liberté au sens de l’action historique  » Frédéric Worms parle d’un » moment « philosophique : Camus n’est pas à la mode, les thèmes qu’il développe, témoignent de l’actualité de la pensée.
  • Fred Worms sépare les questions d’actualité de l’époque de Camus et de la notre. Il démontre cependant que les problèmes sont les mêmes (en particulier celui du sens de la vie). Camus affirme que la question du sens de la vie est la plus importante et que l’homme implicitement y répond soit en choisissant de vivre soit par le suicide.

  • Jean-Paul Sartre était ami de Camus, ensuite il devient rival. Beaucoup de monde attend de lui.., car il est philosophe, ce n’est pas lui qui veut ça. C’est un homme mystérieux, c’est sa manière de vivre l’absurde, et les actions philosophiques. Il mettait donc en accord ses œuvres et ses pensées.
  • Dans son hommage à Camus, Sartre démontre qu’il s’inscrit dans la tradition humaniste, malgré les critiques qu’il lui adresse par ailleurs !

Références:

Le nouvel Observateur, décembre 2009, article « Camus le nouveau philosophe » (G. Leménager et B. Touverey)

Hors série, Télérama, janvier 2010, articles « un moment philosophique » F. Worms et « un homme en marche  » par Jean-Paul Sartre