Cours 3 L’homme fait-il partie de la nature ?

L’Être Humain fait-il partie de la nature ?

 

La nature (« Natura » en latin et « Phusis » en grec) désigne au sens large tout ce qui nous entoure. Elle désigne aussi bien les choses inertes que les choses vivantes.

Aristote va opposer les choses inertes aux choses artificielles (fabriquées par l’homme).

Contrairement à Aristote, Descartes, l’animal n’a pas d’âme. Pour Aristote, le vivant se caractérise par une âme, une sorte de souffle ou d’élan vital qui les anime.

 

D’après lui il y a donc 3 types d’âme :

  • Sensitive (seulement pour l’homme et l’animal)
  • Végétative
  • Raison

Le mot nature peut à partir de là être compris comme un ordre extérieur aux hommes. C’est par exemple le sens des mots « cosmos » ou « pan » = tout.

Natura est aussi ce qui donne la vie, la mère nourricière, l’origine, les fondements. On se représente la mère nourricière comme bonne ou hostile pour l’homme.

Le problème c’est que l’homme définit, essaye de connaître et maîtriser la nature, mais il n’est pas « un empire dans un empire » (Spinoza).

 

  1. Dans cette relation problématique de l’homme à la nature on peut se demander ce qu’il en est du vœu cartésien (Descartes) de « se rendre comme maître et possesseur de la nature ». C’est-à-dire le développement du progrès scientifique et technique.
  2. Dans un deuxième temps, on peut s’interroger sur le rapport que l’Homme entretient avec l’espèce la plus proche de la sienne, à savoir l’animal.
  3. Enfin, la question de la nature renvoie à la question anthropologique « qu’est-ce que l’Homme ? » En ce sens, on se demande s’il existe une nature humaine, quelque chose d’inné et universel distinct de ce que l’on appelle la nature.

 

Naturel

Culturel

  • Les besoins (manger, dormir, etc.)
  • Les sentiments et sensations
  • La foi
  • Naître, vieillir, mourir
  • Se soigner
  • Evolution
  • L’instinct, le déterminisme
  • Désir (manger un hamburger, boire du coca)
  • S’exprimer « pleurer dans la douleur »
  • Hiérarchie politique (désir de dominer et de montrer sa force)
  • Le droit, les lois
  • La violence
  • La morale
  • ~ Se soigner
  • Créer, artisanat, fabrication d’outils, agriculture
  • Histoire
  • Possession
  • Seul l’homme peut être appelé « imbécile »

 

L’homme par nature n’est ni bon ni mal car il est seul, c’est la propriété qui a créé la culture et surtout les inégalités.

La moralité et la liberté ne viennent qu’avec la vie commune, la rencontre.

A voir :

L’homme un animal comme les autres

 

« Mais quand les difficultés qui environnent toutes ces questions (concernant la différence entre l’homme et l’animal) laisseraient quelque lieu de disputer, il y a une autre qualité très spécifique qui les distingue, et sur laquelle  il ne peut y avoir de contestation : c’est la faculté de se perfectionner ; faculté qui, à l’aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l’espèce que dans l’individu, au lieu qu’un animal est, au bout de quelques mois, ce qu’il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu’elle était la première année de ces mille ans.

Pourquoi l’homme seul est-il sujet à devenir imbécile? N’est-ce point qu’il retourne ainsi dans son état primitif et que, tandis que la bête, qui n’a rien acquis et qui n’a rien non plus à perdre, reste toujours avec son instinct, l’homme reperdant par la vieillesse ou d’autres accidents tout ce que sa perfectibilité lui avait fait acquérir, retombe ainsi plus bas que la bête même ?

Il serait triste pour nous d’être forcés de convenir que cette faculté distinctive, et presque illimitée, est la source de tous les malheurs de l’homme; que c’est elle qui le tire, à force de temps, de cette condition originaire dans laquelle il coulerait des jours tranquilles et innocents; que c’est elle qui, faisant éclore avec les siècles ses lumières et ses erreurs, ses vices et ses vertus, le rend à la longue le tyran de lui-même et de la nature. »
Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755)

https://cultea.fr/xiiie-siecle-lhorrible-experience-de-frederic-ii-sur-des-bebes.html

I. L’enfant sauvage / l’homme est-il un animal comme les autres ?

vidéo et texte de Rousseau : L’enfant sauvage et la perfectibilité (Rousseau)

« et ce n’est pas une légère entreprise de démêler ce qu’il y a d’originaire et d’artificiel dans la nature actuelle de l’homme, et de bien connaître un état qui n’existe plus, qui n’a peut-être point existé, qui probablement n’existera jamais, et dont il est pourtant nécessaire d’avoir des notions justes pour juger de notre état présent. »
(Préface du Discours sur l’origine et les fondements des inégalités parmi les hommes, 1754)

 

 

« Mais quand les difficultés qui environnent toutes ces questions (concernant la différence entre l’homme et l’animal) laisseraient quelque lieu de disputer, il y a une autre qualité très spécifique qui les distingue, et sur laquelle  il ne peut y avoir de contestation : c’est la faculté de se perfectionner ; faculté qui, à l’aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l’espèce que dans l’individu, au lieu qu’un animal est, au bout de quelques mois, ce qu’il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu’elle était la première année de ces mille ans.

Pourquoi l’homme seul est-il sujet à devenir imbécile? N’est-ce point qu’il retourne ainsi dans son état primitif et que, tandis que la bête, qui n’a rien acquis et qui n’a rien non plus à perdre, reste toujours avec son instinct, l’homme reperdant par la vieillesse ou d’autres accidents tout ce que sa perfectibilité lui avait fait acquérir, retombe ainsi plus bas que la bête même ?

Il serait triste pour nous d’être forcés de convenir que cette faculté distinctive, et presque illimitée, est la source de tous les malheurs de l’homme; que c’est elle qui le tire, à force de temps, de cette condition originaire dans laquelle il coulerait des jours tranquilles et innocents; que c’est elle qui, faisant éclore avec les siècles ses lumières et ses erreurs, ses vices et ses vertus, le rend à la longue le tyran de lui-même et de la nature. »
Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755)

 

2/ La diversité des cultures

Je trouve maintenant […] qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage dans cette nation, d’après ce que l’on m’en a dit, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas dans ses coutumes, de même que, en vérité, nous n’avons pas d’autre point de mire pour la vérité et la raison que l’exemple et l’image des opinions et des usages du pays où nous sommes. Là est toujours la parfaite religion, le parfait gouvernement, le parfait et incomparable usage de toutes choses. [Ces hommes-là] sont sauvages de même que nous appelons sauvages les fruits que la nature a produits d’elle-même et dans sa marche ordinaire, tandis que, à la vérité, ce sont ceux que nous avons altérés par nos procédés et détournés de l’ordre habituel que nous devrions plutôt appeler sauvages. En ceux-là sont vivantes et vigoureuses les véritables et les plus utiles et plus naturelles vertus et propriétés que nous avons abâtardies en ceux-ci et que nous avons seulement accommodées au plaisir de notre goût corrompu. Et pourtant la saveur même et la finesse se trouvent excellentes à notre goût, en comparaison des nôtres, dans divers fruits de ces contrées [où ils poussent] sans être cultivés. Il n’est pas légitime que l’art emporte le prix d’honneur sur notre grande et puissante mère Nature. Nous avons tellement surchargé la beauté et la richesse de ses ouvrages par nos inventions que nous l’avons complètement étouffée. Cependant, partout où reluit sa pureté, elle fait extraordinairement honte à nos vaines et frivoles entreprises.
Michel de Montaigne, Essais [1580-1588], I, 31, « Des cannibales », adaptation en français moderne par A. Lanly, éditions Champion, 2002 ; Gallimard, coll. « Quarto », 2009, p. 255.
Repères à connaitre : Genre / Espèce / Individu

https://www.arte.tv/fr/videos/067797-000-A/sauvages-au-coeur-des-zoos-humains/