Drôle de question pour plein de raisons…

D’abord on n’aurait jamais posé cette question il y a encore deux ans. Ensuite ma classe, durant cette année scolaire, est passée entre les mailles du filet et n’a jamais été en distanciel, à part cette soudaine mini semaine d’avril. J’ai été en classe, « quoi qu’il en coûte », le stress d’être contaminé (ça a marché :)), la joie de porter le masque, de l’imposer à ses élèves, les ordres et contre-ordres…

Finalement mes constats datent du premier confinement, ils auraient pu être peaufinés cette année. Il n’en est rien.

Cours en distanciel en CP – et plus globalement en primaire – quelles difficultés ?

« On n’a ni ordinateur ni téléphone connecté, comment on fait ? » ; « Ma sœur/mon frère a classe virtuelle en même temps ! » ; « Mon grand frère est au collège, il a absolument besoin de l’ordinateur dans la journée. », « Nous, parents, on ne peut pas l’aider à faire une visio en journée, on bosse, enfin, on essaie ! », « On partage notre connexion on ne peut pas faire deux visios en même temps. ». Je comprends j’ai le même problème…. Rrrrha !!! Quelle solution ? Faire une classe virtuelle le vendredi à 17 h. Oui, c’est en dehors de nos heures. Mais comme on ne risquait pas d’aller profiter d’une terrasse, pourquoi pas ! C’est la meilleure solution que j’ai trouvée, elle a bien fonctionné, les réseaux étaient moins saturés à ce moment-là de la semaine. Ainsi, on était nombreux chaque vendredi à se raconter des trucs. 

Certains enfants monopolisaient la parole, d’autres étaient invisibles. Pour contrer cela, j’ai proposé aux enfants de préparer quelque chose à présenter à la classe : un livre, un dessin, une réalisation de la semaine.

Certains parents restaient collés à leur enfant pendant la classe virtuelle et ce n’était pas le but. D’autres enfants faisaient leur classe virtuelle au milieu du salon, du bruit, des frères et sœurs, du chat… J’ai essayé d’user de pédagogie pour expliquer que l’enfant devait être au calme pour écouter les autres…

J’ai misé principalement sur l’oral en classe virtuelle, difficile pour moi de faire passer des concepts, sans bouger, devant mon ordinateur… Pour pallier cette limite j’ai appris à faire des vidéos mais ça c’est un super point positif !

Points positifs

Je m’installais dans la chambre de ma fille où il y a un grand tableau à craie et je faisais ma séance. Ensuite je passais mes soirées à faire le montage et les enfants retrouvaient mes vidéos  sur YouTube en privé. Ainsi, les parents pouvaient faire visionner la vidéo à leur enfant quand ça les arrangeait. Ils pouvaient les laisser seuls une fois le matériel préparé et la vidéo lancée. On a bien avancé tout le programme de maths ainsi ! Les parents ont aimé la formule, moi aussi, et les élèves aimaient bien me voir bouger « en vrai » ! De bons retours qui ont valu l’investissement de temps (c’est long!).

Comme en classe ! Des séances de fluence – faire lire un texte adapté plusieurs fois de suite à des élèves à tour de rôle pour travailler la vitesse de lecture et noter ses scores: comprendre que plus on lit, plus vite on lit et mieux on comprend, etc. En fait, en classe virtuelle, c’était très simple, quatre à cinq enfants, trois à quatre lectures à tour de rôle. Pendant que l’un lisait, les autres suivaient pour repérer les erreurs, comme en vrai. Les seules contraintes pouvaient être d’ordre technique : « J’entends plus, ça a coupé ». Mais globalement c’est une pratique à mettre en œuvre, même si elle demande du temps.

Chaque semaine, mes élèves avaient un défi écriture et ça aussi en distance, ça fonctionne ! Par exemple, nous avons écrit en suivant des modèles d’albums, comme Moi, ma grand-mère de Pef. Les élèves m’envoyaient un texte chaque jour, je corrigeais puis renvoyait puis envoi de la suite, etc. ; nous montions le travail collectif en fin de semaine pour ensuite le publier sur le blog de l’école !

Quel bilan de l’école en distanciel ?

On peut créer et inventer plein de choses (certes c’est un peu chronophage mais on avait le temps !). C’est une de mes frustrations… Il y aurait eu plein d’autres choses à tester, essayer, faire.

Mais il est difficile d’évaluer le temps de classe effectivement réalisé par les élèves. Même si mes enfants ont servi de cobayes pour estimer des temps d’activités, difficile de se rendre compte à distance de ce qu’ont fait concrètement mes élèves. De même, toute l’observation qualitative réalisée en classe, l’évaluation formative, est passée sous silence en distanciel, on avance à l’aveuglette. Pour moi, la principale limite est véritablement l’inégalité des chances, les écarts qui se creusent encore entre des enfants connectés, suivis, qui ont pu être aidés, soutenus et d’autres non. Le nombre de décrocheurs l’an dernier : 8 %… c’est toujours trop ! Comment aider ces élèves à compenser durant cette année ? Le peut-on ? D’autant que la déconnexion de certains élèves durant le confinement ne semble pas être un argument entendu pour obtenir un maintien aujourd’hui…  

 

Une chronique de Sophie Dupré

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