Visite de Sciences Po Bordeaux – 1er décembre 2021

Le mercredi 1er décembre 2021, les élèves de la prépa JPPJV du lycée Fernand Daguin de Mérignac se sont rendus à Sciences Po Bordeaux, sur le campus de Pessac-Talence-Gradignan. Nous avons rencontré de nombreux lycéens provenant d’autres lycées partenaires du programme JPPJV. Nous avons alors profité de la fin de matinée pour visiter les locaux de Sciences Po Bordeaux, puis d’un déjeuner dans l’atrium. Par la suite, un temps a évidemment été consacré à la présentation de l’établissement, de ses formations et programmes, du parcours d’admission ou encore des
débouchés. Le sport faisant partie intégrante de la formation dispensée par Sciences Po Bordeaux, l’Association Sportive (A.S.) de l’établissement a ensuite proposé aux élèves JPPJV de pratiquer des activités sportives. Ainsi, les élèves ont pu choisir entre du football, du rugby et de l’athlétisme.

Photographie de l’atrium de Sciences Po Bordeaux

 

Durant la visite, nous avons pu découvrir les locaux de Sciences Po Bordeaux restaurés récemment. Ainsi, nous avons découvert les différents amphithéâtres de l’établissement ou encore les salles de classes où sont dispensées les conférences de méthode. À taille humaine, ces dernières sont plutôt semblables à nos salles de classe habituelles. De même, nous avons également pu apprécier la bibliothèque de Sciences Po Bordeaux qui abrite une collection d’ouvrages très riche, étendue sur deux niveaux. Nous avons été fascinés par cette dernière et par le nombre important de salles mises à la disposition des élèves de l’établissement afin d’étudier. De plus, nous avons été agréablement surpris par celles comprenant des tableaux numériques et autres écrans afin de permettre aux élèves de préparer des présentations. Les salles ont toutes des fenêtres donnant soit sur l’atrium soit sur la façade extérieure du bâtiment.

Photographie d’une salle de conférence de méthode de Sciences Po Bordeaux

Après le déjeuner, lors de la présentation, nous avons pu échanger avec Yves DELOYE, enseignant-chercheur en science politique et en sociologie historique mais également ancien directeur de Sciences Po Bordeaux et chargé de mission à l’égalité des chances de Sciences Po Bordeaux ; Magalie DESCOURSIERE, gestionnaire des admissions de Sciences Po Bordeaux ; Grégory CHAMPEAUD, professeur et responsable du centre de ressources numériques JPPJV à Sciences Po Bordeaux, que certains élèves de la prépa connaissent également en tant que professeur d’histoire-géographie, EMC et DNL au lycée Fernand Daguin ; Sophia SNIHJI, responsable du programme JPPJV ainsi que Martin CHAUMONT, assistant du programme JPPJV mais également ancien élève de la prépa JPPJV du lycée Fernand Daguin.

Photographie d’un amphithéâtre de Sciences Po Bordeaux

En quelques mots, cette journée a été une expérience immersive très enrichissante pour des élèves espérant un jour de pouvoir revenir dans ces locaux, cette fois ci en tant que sciencepistes.
Tous les élèves de la prépa JPPJV du lycée Fernand Daguin remercient l’ensemble des intervenants et organisateurs de cette sortie.

MISTROT Émilie, TG07, cheffe de la rubrique « On a vu »

FIFH : Miss Marx, Susanna Nicchiarelli

Une flamme mal ravivée

Par Orakoch Srijumong, élève de terminale et membre de l’atelier critique du Festival international du film d’histoire de Pessac

Pour son 4ème long métrage, Susanna Nicchiarelli s’attaque à la figure méconnue d’Eleanor Marx, fille cadette de Karl Marx. La réalisatrice met en avant, tant bien que mal, la femme brillante et intelligente que Tussy, comme ses proches l’appelaient, était. Elle met ainsi en lumière ses combats politiques sur le travail des prolétaires et son activisme féministe. Sa passion pour Edward Aveling causera sa fin. Susanna Nicchiarelli raconte ce pan de l’histoire moderne en l’accompagnant d’une musique punk-rock, afin de créer un effet anachronique.

Le film s’ouvre par un gros plan sur le visage d’Eleanor, bercé par les guitares et les cris de « Wave of History » des Downtown Boys. Le ton est donné. Le personnage principal nous apparaît déjà comme en marge de sa société. Elle nous est montrée comme visionnaire, à la tête du mouvement féministe. Elle se distingue par ses costumes moins habillés et plus colorés, synonyme de sa part d’excentricité, marquée durant l’entièreté du film. Très colorées, les images sont belles, comme dans la scène où les cendres d’Engels sont jetées : le paysage bucolique (une barque sur une rivière mouchetée de rayons de soleil) apporte de la douceur et un moment de calme au film. Avant que « l’Internationale » entonnée a capella par le cortège se transforme, dans la scène d’archives qui suit, en hymne punk. Le calme côtoie ainsi toujours la tempête, comme dans la relation toxique dans laquelle la jeune Marx se trouve, nous montre bien les malheurs qu’a pu rencontrer l’héroïne durant sa vie.

Filmer et raconter le destin d’Eleanor est un choix judicieux et une prise de risque importante, mais qui ne paye pas vraiment. Voir Miss Marx c’est faire face à un univers décalé accentué par la bande-originale moderne au film mais qui n’est pas en adéquation avec les idéaux politiques véhiculés, au lieu de renforcer ceux-ci, elle crée simplement un décalage qui ne produit pas grand-chose. La musique exprimant la rage et la vivacité de Tussy crée des fractures, que l’on ne peut rater, avec son personnage aux allures calmes. Nous pouvons aussi regretter que le long métrage soit plus centré sur son histoire d’amour avec Edward Aveling que sur les combats menés par E. Marx. Bien que les acteurs soient convaincants, on s’attend au départ à une mise en scène et des dialogues plus concrets, nous éclairant sur la vie d’Eleanor Marx. Les scènes s’enchaînent et se brouillent, nous laissant parfois dans une incompréhension totale. À la fin du film, Tussy, après qu’Aveling soit enfin rentré après des mois, délivre un long discours sur la condition des travailleurs et des femmes de son siècle, puis se met à danser comme une folle sur un nouveau morceau des Dowtown Boys. Dans la séquence suivante, elle se suicide, ce qui ne peut que laisser dubitatif.

Sur le papier, le fait de faire un biopic sur une femme avant-gardiste semble être une bonne idée, mais les choix forts de mise en scène de Susanna Nicchiarelli rendent le long métrage confus. On ne s’attarde que trop peu sur Eleanor Marx et ses idéaux, et plus le film avance, plus l’intérêt disparaît. Il ne reste finalement qu’une impression de fadeur et d’ennui.

 

Italie, Belgique, 2020

Réalisation : Susanna Nicchiarelli

Image : Crystel Fournier

Décors : Igor Gabriel, Alessandro Vannucci

Son : Aldriano Di Lorenzo

Durée : 107 minutes

Casting : Ramola Garai (Eleonor Marx), Patrick Kennedy (Edward Aveling), John Gordon Sinclair (Friedrich Engels)

Présentation de l’Atelier critique du FIFH

Présentation de l’Atelier Critique du FIFH

La 31ème édition du Festival International du Film d’Histoire de Pessac s’est déroulé au sein de cinéma Jean Eustache du 15 au 22 novembre 2021

Au cours de la semaine du 15 au 22 novembre 2021, s’est déroulée la 31ème édition du Festival International du Film d’Histoire de Pessac (FIFH). Cette édition s’articule autour du thème “Le XIXème siècle à toute vapeur”. Ainsi, durant près d’une semaine, de nombreux films inédits ou non sont projetés au cinéma Jean Eustache de Pessac. Ceux-ci vont du grand classique de Minnelli, La Vie passionnée de Vincent Van Gogh au film d’animation Où est Anne Frank, sorti cet été. En plus de ces projections, une multitude de conférences et d’interventions de spécialistes de cinéma ou d’histoire sont organisées et dont l’accès est gratuit et permet à tous d’assister à une discussion hautement instructive.

Ce festival présidé par Alain Rousset est en partenariat avec des organismes privés et publics tels que la revue L’Histoire, la chaîne télévisée France TV ou l’école de Science Po Bordeaux. Diverses compétitions visent à élire notamment le meilleur film de la catégorie fiction ou le meilleur documentaire autour de l’histoire du cinéma. Et c’est bien cette catégorie qui est au cœur de l’atelier critique des lycéens. Cet atelier dépendant du festival et organisé par deux professeurs passionnés de cinéma, Jean-François Cazeaux et Mateusz Panko vise à présenter à neuf lycéens de la Métropole bordelaise les clés de l’écriture d’une critique de cinéma. Cela est possible grâce à l’intervention extrêmement riche de Marin Gérard, jeune critique professionnel. Cette semaine du festival s’est ouverte avec l’adaptation du roman d’Annie Ernaux, L’événement par Audrey Diwan est marquée par de nombreuses découvertes cinématographiques ainsi que par l’apprentissage de l’analyse critique de film.

L’atelier critique a ainsi une organisation simple et flexible, les jeunes ont pour consigne de s’amuser tout en ayant en tête de rédiger deux critiques parmi la sélection fiction et tous les autres films projetés. Les lycéens choisissent eux-mêmes les films pour leurs critiques et sont accompagnés par Marin Gérard pour la mise en forme de leurs idées et de leurs opinions. Trois séances d’écriture d’environ 4 heures ont lieu vers la fin de la semaine et au-delà de ces impératifs, l’accréditation dont ils bénéficient leur permet de voir l’ensemble des films désirés, et ce, sans limites.

Cette expérience a été pour moi très riche en tant que passionnée de cinéma et m’a permis de percevoir les œuvres cinématographiques sous un nouvel angle, plus objectif, plus critique. Aussi, de prêter davantage attention aux messages que le réalisateur cherche à transcrire à l’écran ainsi que de la manière dont il le fait. Toutes les rencontres que j’y ai faites ont été très instructives et intéressantes et l’ambiance générale a été particulièrement conviviale et chaleureuse, notamment au cours des cérémonies d’ouverture et de clôture où les intervenants du festival prenaient la parole et exprimaient leur gratitude face aux salles remplies et au public souriant. Les nombreux acteurs mobilisés au cours de cette semaine ont rythmé les échanges et ont encouragé la diversité de témoignages et des points de vue ce qui a rendu cette expérience d’autant plus intense.

Julie Colliou, élève de terminale 7 et membre de l’atelier critique

 

FIFH : Leave no traces, Jan P. Matuszynski

Parole en guise de parure

Par Orakoch Srijumnong, élève de terminale et membre de l’atelier critique du Festival international du film d’histoire de Pessac

Ne pas laisser de traces. Alors que reste-t-il ? Mis à part le combat, mis à part la parole. Dénoncer les miliciens c’est se jeter dans la gueule du loup. Jurek (Tomasz Zietek) décide de témoigner dans un régime où l’on cherche à faire taire. Dès le début du film, dans une scène où un jeune homme se fait passer à tabac en hors champ, les policiers masquent la vue du témoin de leur violence. On ne voit pas, on entend : les cris suffisent à remplir les images. Cela nous plonge dans une atmosphère de répression et de manipulation étatique qui restera présente du début à la fin. En 1983, Jurek, jeune poète, rejoint son ami Grzegorz Przemyk pour fêter la fin de son baccalauréat à Varsovie. Ces derniers se font arrêter sans raison et le jeune bachelier meurt quelques jours après après le lynchage subi. Commence alors une quête de vérité opposant le régime polonais et son peuple, sur laquelle repose Leave no traces.

La pomme de la discorde vient d’être jetée au sein du gouvernement du Général Jaruzelski, marquant ainsi un réel jeu d’ombre et de lumière autour de cette affaire, appuyée par la mise en scène jouant sur les points de vue des différents partis. Les scènes alternent politiques et personnages centraux et sont contrastées. Du côté des politiques, des couleurs froides nous ramènent vers les enjeux du gouvernement cherchant à étouffer l’affaire afin de préserver son pouvoir. Il s’agit pour les hommes politiques d’écarter ce lynchage, pourtant pas anodin et isolé, des projecteurs des médias et de l’opinion publique. Dans le camp où on lutte pour la vérité, les nuances chaudes des costumes choisis ou des plans toujours bien éclairés créent un fossé avec le gouvernement. Ici, c’est la vérité qui est recherchée, non le secret. De plus, le point de vue changeant et les scènes filmées à l’épaule donnent au long métrage un rythme soutenu, tout comme le combat que mène Jurek et Barbara, mère de Grzegorz (Sandra Korzeniak). Ce combat d’une vie, confrontation directe avec le régime totalitaire polonais, est le témoignage de la manipulation que subit le peuple, vivant dans une peur quotidienne.

Le film nous entraîne alors de plus en plus dans le destin de Jurek et Barbara, tout aussi décourageant qu’illusoire. Ils sont victimes d’un système corrompu qui met tous les moyens d’action en place pour faire oublier les faits. Chaque victoire se transforme en échec minutieusement organisé par un régime machiavélique et l’espoir est évincé. L’intériorité des personnages se dévoile à travers leurs doutes et trahisons. L’un voit son père (Jacek Braciak) le dénoncer et sa famille se dissoudre lentement, l’autre finit par se retirer du procès sous la pression et la fatigue morale. Dans la scène de procès longtemps repoussée, Jurek se retrouve face à une procureure indifférente et corrompue. Matuszynski capte alors de manière poignante l’abandon progressif de Jurek, qui finira par ne plus répondre aux questions et simplement répéter sans cesse une même phrase, reflétant son désespoir de ne pouvoir avoir droit à un procès juste.

Jan P. Matuszynski nous livre une critique des systèmes politiques post-soviétiques. L’adaptation de ce fait divers controversé est un témoignage fort de la violence policière en Pologne durant l’Etat de siège. Le réalisateur parvient à nous plonger dans la nostalgie, à travers les décors, les costumes ou encore le choix de la musique centré sur le rock des années 1980. Ce sont certainement les bascules de point de vue et le jeu des acteurs qui font de Leave no traces un film fidèle à ses idéaux de liberté et de justice qui laissera, sans aucun doute, des traces.

Pologne, 2021

Réalisation : Jan P. Matuszynski

Costumes : Malgorzata Zacharska

Photographie : Kacper Fertacz

Montage : Przemyslaw Chruscielewski

Durée : 2h40

Casting : Tomasz Zietek (Jurek Popiel), Jacek Braciak (Tadeusz Popiel), Sandra Korzeniak (Barbara Sadowska)

FIFH : L’évènement, Audrey Diwan

Le paradoxe des années 60 : entre soif de liberté et censure

Par Julie Colliou, élève de terminale 7 et membre de l’atelier critique du Festival international du film d’histoire de Pessac

Le destin d’Anne (Anamaria Vartolomei) qui prend un tournant inattendu est mis en parallèle lors d’une visite médicale à celui d’un jeune homme étudiant en lettres tout comme elle, tous deux promis à un grand avenir. La seule différence entre ces deux êtres est que le futur d’Anne semble quant à lui basculer vers un futur incertain. En adaptant le roman autobiographique choc d’Annie Ernaux, Audrey Diwan aborde les injustices des années 60 en France.

La réalisatrice fait le choix d’émouvoir les spectateurs par des scènes crues sans pour autant être violentes visuellement. Au lieu de chercher à présenter les interventions précaires avec des éléments explicites, elle met en scène des plans rapprochés permettant de se plonger pleinement dans la scène et d’en percevoir les plus subtils détails. Aussi, il n’y a pas seulement la proximité avec le corps d’Anne qui est frappante mais également le contexte social du parcours de la jeune fille qui doit traverser seule cette tragédie en raison du tabou de la question.

Tout au long du film, Anne demeure confiante. Elle est convaincue qu’elle parviendra à trouver un moyen de mettre un terme à la grossesse ou du moins cherche à se convaincre de ceci. Ce caractère obstiné dépeint tout d’abord une forme de naïveté de sa part étant persuadée que quelqu’un lui viendra en aide puis, elle se résout à agir seule, livrée à elle-même. Cette détermination sans faille souligne le fait que la souffrance physique ressentie lors de l’avortement apparaît comme infiniment inférieure à celle de la condamnation à vivre avec un être que l’on ne désire pas. Ainsi, Diwan révèle le parcours tumultueux d’Anne mais durant lequel elle ne se détourne jamais de son objectif. Et sachant que cette question s’adresse uniquement aux femmes et que celles-ci soient résolues à avorter, comment se fait-il que l’opinion publique s’y oppose quitte à braver leur santé et ainsi le bien-être de la mère et du fœtus ? Paradoxe d’autant plus élevé que comme le souligne Guy Bedos “Ceux qui sont contre l’avortement sont ceux-là mêmes qui sont pour la peine de mort”.

Au début du récit conté par Diwan, une majorité de personnages s’opposent à l’IVG et nient les possibles transgressions à la loi mais, ce premier constat évolue lorsqu’on aborde la question à l’échelle de l’individu et non d’après un ensemble. Cette image relève de l’influence de la société et de son diktat. Ainsi, certains finissent par s’engager dans cette lutte clandestine en s’émancipant de la censure exercée par la société. C’est notamment le cas d’une femme au visage dur qui à la manière d’Isabelle Huppert dans Une affaire de femmes, vient en aide à ses femmes en pratiquant l’avortement. Ce sujet lourd est pertinemment traité et heurtant par son réalisme. En effet, l’œuvre met en scène un chemin particulièrement long et douloureux. Cela le rend plus crédible puisqu’au-delà de ce qui est souvent présenté comme un dilemme pour la femme, le plus dur dans l’histoire d’Anne est de trouver de l’aide et de réaliser l’intervention dans des dispositions insalubres.

La réalisatrice prend des libertés de réalisation par rapport au roman qu’elle adapte en ne décrivant pas en détail les pensées de la protagoniste. Ce manque d’informations quant aux songes et aux émotions de celle-ci peut ainsi lui être reproché. Contrairement à l’œuvre originale formulée sous la forme d’un dialogue intérieur, le personnage est presque déshumanisé par l’absence de ses états d’âme bien que ce flou pourrait être interprété comme précisément la distance placée entre elle et le fœtus et la volonté de s’en détacher.

Ce film soulève de nombreuses problématiques de la société et résonne comme un appel à la tolérance face à un tel sujet qui constitue toujours un vif débat. Et ce, malgré l’acquisition de ce droit en France avec la loi Veil de 1975. La prise de position de certains acteurs extérieurs à la question apparaît comme hautement problématique.

Ainsi, ce qu’on peut voir comme le meurtre d’un enfant correspond à l’échelle de la femme à sa propre mort puisque cet évènement la conduirait à remettre sa vie en cause et à renoncer à de nombreux aspects de celle-ci. Ne pas avorter apparait finalement comme le “choix” le plus cruel lorsque la vie de la femme et son épanouissement sont compromis. Et corroborant la vision de Simone Veil le film argumente le fait qu’“aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes »

 

L’évènement

France, 2021

Réalisation Audrey Diwan

Scénario Audrey Diwan,  Marcia Romano, Anne Berest

Direction artistique Omid Gharakhanian

Photographie Laurent Tangy

Son Antoine Mercier, Philippe Welsh

Décors Diéné Bérète

Montage Géraldine Mangenot

Musique Evgueni Galperine, Sasha Galperine

Production Edouard Weil et Alice Girard

Distributeur Wild Bunch

Durée 1h40

Sortie France 24 novembre 2021

FIFH de Pessac : Le Jeune Karl Marx, Raoul Peck

Critique de la critique critique

Par Julie Colliou, élève de terminale 7 et membre de l’atelier critique du Festival international du film d’histoire de Pessac

Un an après le succès d’ I am not your negro, Raoul Peck relève avec Le Jeune Karl Marx le défi de représenter la figure de l’homme avant celle du philosophe. Il vise ainsi à humaniser Marx (August Diehl) en allant au-delà de son travail et en s’intéressant davantage au contexte de l’une de ses œuvres majeures, Le manifeste du parti communiste. Le film le suit ainsi au cours de ses jeunes années (1843-1848).

Peck dresse un portrait simple du personnage en le montrant dans des situations quotidiennes banales. On y perçoit ses failles, ses qualités mais aussi ses tourments et on parvient à entrer dans son intimité. Les scènes avec sa femme et ses filles sont touchantes et permettent de le voir sous un angle nouveau, assez peu abordé. Son caractère passionnel qui se ressent dans ses écrits est développé à travers sa relation d’une complicité extraordinaire avec son épouse (Vicky Krieps). Cet aspect fusionnel se manifeste à l’écran par des regards, des sourires ainsi que par une confiance totale en l’autre.

L’élément central du film n’est pas seulement le développement des idées politiques mais aussi son amitié naissante avec Engels (Stefan Konarske), qui demeurera à ses côtés jusqu’à la fin de sa vie. Ce choix installe le climat d’un buddy movie centré sur ces deux révolutionnaires que tout semblait au premier abord opposer. Engels transparaît en effet comme un être libre, plein de fougue là où Marx semble plus torturé par ses recherches et par sa théorie récente de la lutte des classes. Cet antagonisme révèle la complémentarité qui leur sera hautement bénéfique au cours de leur carrière.

Suivant ce principe, contrairement à ce que le titre semble indiquer, Marx n’est pas le seul protagoniste du film. On y observe en effet l’importance de son ami, Engels à qui il s’associe dans la ligue communiste ainsi que celle de sa femme qui participe activement à sa carrière et qui lui assure un soutien affectueux mais aussi politique. Celle-ci provient de la haute aristocratie allemande mais fait le choix de s’affranchir de son titre en s’engageant pour ce qui lui paraît plus juste. Elle met de ce fait en avant des valeurs d’amour, de mérite et de justice sociale.

Suivant le principe du buddy movie, Raoul Peck parvient à remettre l’œuvre de Marx au goût du jour en proposant une vision du philosophe et surtout de l’ami, du conjoint, du père, accessible à tous. Le film n’en est que plus divertissant et ne se résume ainsi pas seulement à la simple contextualisation de la pensée marxiste et du principe de lutte des classes.

La scène de sa deuxième rencontre avec Engels appuie cette idée puisqu’on le voit s’amuser auprès de ce jeune homme qu’il apprend tout juste à connaître et avec qui les échanges sont pleinement spontanés. Une forme d’insouciance juvénile transparaît également lorsqu’ils prennent la fuite devant les autorités, qu’ils s’engagent dans une direction différente pour finir par se retrouver, à bout de souffle.

On peut néanmoins reprocher au cinéaste le manque de singularité et de prises de risque quant à au récit qui suit de manière trop linéaire le parcours de Marx, Engels et Jenny.

Le réalisateur le conclut par la publication solidaire du Manifeste du parti communiste suivi par une multitude d’images d’archives, de vidéos, de témoignages qui mènent progressivement à l’époque contemporaine. Ainsi, avec en fond la chanson iconique de Bob Dylan « Like a rolling stones » qui modernise le récit, on constate l’impact toujours perceptible de Marx, d’Engels et de leurs actes qui tendent  à changer le monde et de leur théorie de la lutte des classes.

 

Le Jeune Karl Marx

France, 2017

Réalisation Raoul Peck

Scénario Pascal Bonitzer, Raoul Peck

Production Agat Films & Cie, Velvet Film, Rohfilm, Artémis Productions

Distribution Diaphana Films, Neue Visionen Filmverleih, Cinéart

Montage Frédérique Broos

Musique Alexei Aigui

Durée 1h57

Sortie 27 septembre

Biographie d’Anne-Sophie Lapix

Anne-Sophie Lapix est une journaliste et animatrice française. Depuis 2017, elle présente le journal de 20h sur la chaîne France 2.

Née à Saint-Jean-de-Luz en 1972, elle passe son baccalauréat, série scientifique, et entre à Sciences Po Bordeaux en 1990 dans la section service public. En parallèle, elle suit les cours du Centre de formation des journalistes de Paris, spécialité télévision. En 1994, elle part étudier les sciences politiques à l’université de Bristol, grâce au programme Erasmus, mis en place entre Sciences Po Bordeaux et l’Angleterre. Anne-Sophie obtint, en 1996, son double diplôme de Sciences Po et du CFJ.

Durant les étés de 1995 et de 1996, Anne-Sophie travaille en tant que pigiste, d’abord pour le quotidien Sud-Ouest, puis pour la chaîne France 3 Lorraine Champagne-Ardenne. Lors d’un stage à TV8 Mont-Blanc, elle présente pour la première fois le journal télévisé.

Plus tard, elle présentera quelques programmes pour les chaînes Bloomberg TV, Cinéstar, LCI. Sa carrière décolle véritablement, lorsqu’en 2005, elle rejoint M6 en tant que rédactrice en chef et présentatrice du magazine de reportages Zone interdite. En janvier 2006, elle présente le nouveau journal télévisé, Le 12:50, puis, à partir de mai, 13h10 le Mag. Quelques jours après, elle quitte M6 pour TF1 pour devenir la doublure de Claire Chazal et la coprésentatrice de Sept à Huit.

En 2008, Anne-Sophie quitte TF1, débute alors sa période Canal+ au cours de laquelle elle présente le journal politique Dimanche+ et le journal télévisé du dimanche midi.

Depuis 2013, Anne-Sophie travaille chez France Télévisions où elle commence par présenter l’émission C à vous sur France 5 et ce jusqu’en 2017. Entre temps, elle anime aussi l’émission de débats Mots croisés sur France 2. A la suite de l’attentat contre Charlie Hebdo du 7 janvier 2015, elle co-anime une soirée de soutien au journal intitulée « Je suis Charlie ».

En septembre 2017, Anne-Sophie remplace David Pujadas à la présentation du journal de 20h de France 2. De plus, depuis 2018, elle anime l’émission Le Grand Echiquier.

Pour récompenser son travail, Anne-Sophie Lapix a reçu quelques distinctions, comme le Prix Philippe-Caloni du meilleur interviewer en 2012, et l’Ordre des Arts et des Lettres, décernée aux personnes « qui se sont distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu’elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde ».