Le jeûne, une histoire de vieux ?

Si on vous parle du « jeûne » « , peut-être que la première image qui vous vient à l’esprit est celle d’ascètes hindous qui s’imposent de longues périodes sans rien manger ni boire. Le jeûne est pratiqué dans de nombreuses religions mais il peut être utilisé également en médecine, quand la nutrition et la diététique ne suffisent pas. Il est parfois subi et non choisi, comme durant les périodes de disette ou de famine. Lâchez votre goûter et suivez-moi à travers l’histoire du jeûne, de son origine, des traditions auxquelles il se reporte et même des innovations qui le remettent sur le devant de la scène.

Le jeûne dans les religions

Dans la religion musulmane, le jeûne se nomme « Ramadhan »car il correspond à un mois particulier du calendrier islamique et des anciens calendriers arabes. C’est au cours de cette période qu’aurait eu lieu l’apparition de l’ange Gabriel au prophète « Mahomet« , en l’an 610, pour lui révéler le Coran, le Livre sacré. Cet épisode fondateur nommé « Laylat Al-Qadr » ou « Nuit du Destin » est à l’origine de ce mois où les Musulmans jeûnent pour commémorer la révélation du Coran envoyé par « Allah ». Il s’agit du quatrième pilier de l’Islam qui en compte cinq. Le Ramadhan est non seulement une occasion pour se rapprocher de Dieu et mériter son pardon mais également un moyen de recouvrer une bonne santé. (Lire plus loin).

Pendant le mois de Ramadhan les Musulmans doivent respecter trois interdits majeurs : il leur est interdit de manger, de boire et d’avoir des relations sexuelles durant la journée, entre l’aube et le coucher du soleil. Une fois la nuit tombée, on peut se nourrir et s’abreuver ; il s’agit de « l’Iftar » ou repas de coupure du jeûne. Également appelé Ftour, il est pris chaque soir au coucher du soleil tout au long du mois de Ramadhan. Le moment de l’Iftar varie chaque jour d’une à deux minutes. Suivant le calendrier lunaire, ce mois de jeûne évolue au gré des années. Cette année, il s’est déroulé entre le mercredi 22 mars et le vendredi 21 avril 2023.

Dans toutes les religions monothéistes le jeûne est présent mais à chaque fois avec une histoire et un nom différents. Chez les Chrétiens et les Catholiques en particulier, le jeûne se nomme « le Carême » ; il a eu lieu entre le 22 février et le 6 avril 2023. Le mot « carême » provient de la contraction de « quadragesima« , qui signifie  » quarantième « , on appelle aussi le carême la « Sainte Quarantaine ». Le Carême s’ouvre avec la célébration du mercredi des Cendres, qui peut tomber n’importe quel mercredi entre le 4 février et le 10 mars, en fonction du jour de Pâques. Ce mercredi fait référence à une ancienne coutume biblique, selon laquelle les Hébreux avaient pour habitude de se couvrir la tête de cendres en signe de pénitence. Le Carême prépare à la fête de Pâques, qui commémore pour les Chrétiens la Résurrection du Christ, c’est-à-dire son retour à la vie trois jours après sa crucifixion.

Pendant cette période de jeûne de 40 jours, les fidèles sont invités à repenser leur mode de vie et à se recentrer sur eux et leurs proches. Ils sont aussi sommés de faire preuve de sobriété, ou encore de « se mettre à l’écart » afin de se concentrer sur « la prière, la pénitence et l’aumône ». La viande est proscrite pour purifier son corps. L’objectif du Carême est de « préparer son cœur à Pâques en pratiquant l’ascèse (un ensemble d’exercices moraux et physiques destinés à libérer l’esprit) », selon le site de l’Église catholique. Par le silence et la privation, les fidèles sont censés se recentrer sur eux-mêmes et être plus réceptifs à la parole de Dieu.

Quant à la religion juive, le calendrier de la plus ancienne des religions monothéistes, comporte plusieurs jours de jeûne, dont la plupart commémorent divers événements marquants liés à la destruction des Saints Temples.

Le jeûne – Un verre d’eau dans une assiette vide Dr Jean Fortunet Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0

Le jeûne dans le médecine, le nutrition et la diététique

Comme nous venons de le voir, le jeûne religieux a une fonction purificatrice pour l’esprit et le corps. De nos jours, il peut être pratiqué aussi pour des raisons diététiques ou médicales, sans aucun lien avec une quelconque quête spirituelle. Permettez-moi de vous présenter les différents types de jeûnes. Commençons par le jeûne intermittent et ses variantes. Le jeûne intermittent consiste à restreindre son alimentation à des périodes fixes sur les 24 heures que compte la journée. Le jeûne intermittent 16/8 est un mode d’alimentation qui consiste à ne pas manger pendant 16 heures consécutives chaque jour avec une temps de 8 heures pour se nourrir (le jeûne intermittent ne tient généralement pas compte des calories). Il existe aussi le jeûne 5/2 qui est une sous-classe du jeûne intermittent et qui consiste a restreindre de plus de 75 % l’apport énergétique journalier (quantité de calories) deux jours par semaine tout en mangeant normalement les cinq autre jours. Dans le jeûne alterné, c’est un jour sur deux ! On cadence ainsi un repos digestif entre deux jours d’apports alimentaires.

Il existe bien d’autres types de jeûnes. Citons notamment le jeûne hydrique qui consiste à ne boire que de l’eau ou des tisanes durant plus de seize heures ; le jeûne hydrique à base de jus qui est un jeûne hydrique avec la possibilité d’ingérer des nutriments par le biais de légumes verts mixés. Avec le jeûne sec ou « dry fasting » , il s’agit comme durant le Ramadhan de faire un jeûne total durant lequel on ne peut ni boire ni manger. Attention à ne pas réaliser ce type de jeûne durant une trop longue durée sous peine de gravement endommager l’organisme : risque de déshydratation et de cétose voire de mort.

Dans le numéro 587 de 60 millions de consommateurs paru en janvier 2023 on voit en quoi certaines pratiques de jeûnes sont problématiques :  » Les études ne suivent pas les règles d’un essai clinique solide. Même sur les bonnes études, les résultats sont rarement significatifs. Ce qui n’empêche pas de nombreux auteurs de souligner des résultats positifs et les médias de surenchérir.  » regrette le service Nutrition à l’institut Pasteur de Lille. Faire la synthèse de plusieurs études semble également mission impossible : elles enrôlent des publics divers ( présentant différent niveaux de surpoids, atteints de pathologies chroniques ou pas… )

Vous l’aurez compris le jeûne affecte l’organisme en profondeur et de plusieurs façons mais bien contrôlé, il peut avoir des effets positifs. En revanche, il ne peut être systématique car l’être humain, omnivore, a besoin d’apports caloriques journaliers et surtout d’eau de bonne qualité en quantité suffisante. Les populations qui connaissent la famine à travers le monde, suite à des guerres, des déplacements ou des catastrophes naturelles, subissent un jeûne involontaire et dramatique, bien loin des effets de mode des habitant(e)s des pays riches, en quête de régime amaigrissant ! Fin de la pause « déjeuner »…

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