Réforme du bac : quel impact sur le bac français ?

La réforme annoncée du baccalauréat modifiera l’organisation des lycées en profondeur. Mais a priori, l’enseignement du français et les épreuves de première ne devraient pas être bouleversés : faut-il s’en réjouir ?

Les décisions du gouvernement concernant la réforme du bac ne seront présentées que le 14 février prochain. En attendant, le rapport Mathiot rendu le 24 janvier dernier et les déclarations du ministre Jean-Michel Blanquer donnent de bonnes indications sur les grandes lignes du projet : semestrialisation, nouvelle organisation des enseignements, « grand oral » et importance accrue du contrôle continu.

Réforme du bac

L’oral et l’écrit du bac français en première sont maintenus

« Ce qui est certain c’est que l’ossature est de quatre épreuves terminales [deux matières majeures au choix, philosophie, « grand oral »] et le reste en contrôle continu » assure le ministre. Il affirme également que les épreuves orale et écrite de français seront maintenues en première. Leur contenu ne devrait pas être chamboulé, même s’il se murmure que parmi les 5 exercices actuellement proposés (corpus de textes, commentaire, dissertation, invention, oral), l’écriture d’invention pourrait disparaître. 

Les deux notes correspondantes (oral et écrit) seront fondues en une seule. Celle-ci et les notes des quatre épreuves mentionnées compteront pour 60 % de la moyenne finale à l’examen. On ne connaît pas encore le volume horaire attribué au français mais il ne devrait pas beaucoup changer puisque la matière intégrera un tronc commun d’enseignement avec les mathématiques, l’histoire-géographie, les sciences, l’EPS, les deux langues vivantes et les sciences économiques et sociales (puis la philosophie en terminale).

Finalement moins touchés par la réforme que leurs collègues, certains enseignants de français pestent pourtant contre le projet.

Alors que l’étude de la langue fait peu à peu son retour au lycée, certains « puristes » craignent que la véritable littérature soit diluée pour devenir un prétexte à la rédaction de résumés ou à l’étude de l’orthographe et de la grammaire. Pire, de la voir passer à la trappe lorsqu’elle n’est pas choisie en « majeure ».

Et si le français s’invitait en terminale ?

Au contraire, d’autres pointent la diminution de l’importance de l’expression écrite au profit du « grand oral » alors que les correcteurs du bac nous alarment régulièrement sur la baisse du niveau en maîtrise de la langue, pour une majorité des candidats.

Surtout, est-il pertinent de garder l’examen en première et d’arrêter l’enseignement du français par la suite ? Les besoins sont réels. L’idée n’est pas de remplacer la philosophie mais bien de renforcer une compétence professionnelle essentielle dans bien des domaines : la communication écrite.

Il serait parfaitement envisageable de créer une certification nationale à passer en terminale (ou plus tard en cas d’échec), une sorte de code de la langue, à l’image de ce qui se fait pour la route. Celui-ci validerait un certain niveau d’acquisition en orthographe, syntaxe ou lexique.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Femmes écrivains : davantage d’auteurEs au bac de français en 1ère ?

Pourquoi les œuvres féminines retenues au bac de français de 1ère sont-elles si rares ?

Les femmes n’ont pas la place qu’elles méritent dans les manuels de littérature. Bien sûr l’histoire de notre société explique en partie cette situation. Mais, si l’idée d’établir des quotas fait polémique, il ne faudrait pas pour autant minimiser l’importance des auteures. les femmes écrivains doivent avoir toute leur place dans les programmes de français en 1ère.

Les auteures quasi absentes des épreuves écrites du bac

3,41 % ! Si l’on en croit l’étude rapportée par LCI, ce chiffre représente la proportion d’œuvres écrites par des femmes et proposées au bac de français. Ces statistiques prennent en compte les 117 extraits retenus pour le bac de français de 1re en section ES et S, et de terminale L entre 1999 et 2016[1].

Au total, cela correspond à 72 auteurs contre 3 auteurEs. Les trois élues, figurant aux côtés des Hugo, Zola, Rimbaud, Vian et autres poids lourds de notre patrimoine littéraire se nomment Colette, Simone de Beauvoir et Christine Montalbetti. C’est très peu.

Pourtant, constat encourageant, une auteure sera présentée aux épreuves écrites du bac L 2018 pour la 1re fois. Il s’agit de Madame de Lafayette, pour sa nouvelle intitulée La Princesse de Montpensier.

 femme écrivain bac français

C’est un peu mieux à l’oral du bac de français de 1ère

Peut-on imputer cette situation à une forme de sexisme ? En partie, sans doute. Mais surtout à celui de nos aïeux. En effet, jusqu’au début du xxe siècle, les auteures restaient très rares : leur émancipation n’était pas d’actualité.

Toutefois, l’évolution devient ensuite spectaculaire et, actuellement, on dénombre grosso modo autant d’auteurEs que d’auteurs. Ainsi, aux épreuves orales du bac de 1ère, où la littérature contemporaine occupe une place plus importante, on retrouve davantage d’écrivaines.

Quoi qu’il en soit, c’est un triste constat, la femme n’a pas la place qu’elle mérite dans les programmes scolaires. Selon Michèle Idels, féministe et codirectrice des éditions des femmes : « On constate que le rôle des grandes femmes est souvent minimisé. Qui sait que le premier auteur de littérature mondiale est une femme, En-Hedu-Ana, au xxiiie siècle avant Jésus-Christ ? »[2].

Établir des quotas ?

Pour autant, l’idée d’établir des quotas est discutable. L’école n’est pas là pour travestir la réalité de l’histoire de la littérature française qui est par essence masculine. Placer davantage de femmes au programme du bac simplement parce qu’elles sont femmes serait ridicule.

femme écrivain bac français
Christine de Pisan

Par contre, à l’instar de Madame de Lafayette, la poétesse Marie de France (1160-1210), dont s’est inspiré Jean de La Fontaine, ou Christine de Pisan (1364-1430), première écrivaine à vivre de sa plume, constituent de beaux exemples d’auteures pré-contemporaines qui mériteraient d’être étudiées pour ce qu’elles ont apporté à la littérature et à la société de leur temps.

 

[1]LCI, juin 2016.

[2]Libération, avril 2015.

Orthographe et bac français

Des dictées quotidiennes pour améliorer les résultats au bac de français ?

Ah, que la langue de Johnny est complexe ! Les copies du bac de français, parfois truffées de fautes d’orthographe, nous le rappellent.

Ainsi, les récentes déclarations du ministre de l’Éducation nationale, en faveur de dictées quotidiennes dès le primaire, renvoient à l’évolution inquiétante des résultats des élèves.

Au-delà de ce constat : comment expliquer leur médiocrité en orthographe ? Quelles évolutions des pratiques de classe envisager ?

Soigner l’orthographe pour ne pas perdre de points au bac de français

Parmi les compétences évaluées au bac de français, la maîtrise de la langue, qui consiste à « respecter les usages normés de la langue écrite », est valorisée. Plus précisément, les candidats perdent des points à cause des fautes d’orthographe selon un barème précis, établi selon les filières. En série générale, la sanction est d’un point pour dix fautes et de deux à partir de vingt.

C’est d’ailleurs un minimum puisqu’il faut tenir compte des capacités d’un correcteur, effaré par certaines copies, à s’agacer et perdre le fil d’un raisonnement face à une prose difficilement compréhensible.

Cela peut pourtant sembler bien peu, tant la maîtrise de l’orthographe reste un marqueur social et une compétence essentielle pour la vie professionnelle de nombreux bacheliers. Sans doute autant que l’ « aptitude à tisser des liens entre différents textes pour dégager une problématique ».

orthographe bac français

Orthographe au bac : agir dès le primaire

Les résultats aux dictées nationales, passées tous les cinq ans par les élèves de CM2 depuis 1987, alertent la communauté éducative. En 30 ans, sur une même dictée, on compte quasiment deux fois plus de fautes et quatre fois plus d’élèves en très grande difficulté[1].

Ce n’est guère mieux en compréhension de texte puisque les résultats de la récente étude Pirls démontrent une régression des élèves. Des résultats qui « ne sont pas dignes de notre pays » s’alarme Jean-Michel Blanquer. Comment en est-on arrivé là ?

Il faut bien dire que les réformes successives de ces trente dernières années n’ont pas aidé. Ainsi, au collège, le nombres d’heures de français est passé grosso modo de 6 heures hebdomadaires dans les années 80 à 4 h 30 aujourd’hui. Sur les quatre années du collège, cette réduction correspond à une année d’enseignement.

Les dictées quotidiennes : une piste insuffisante

Plus sournoisement, l’orthographe est devenue un enseignement à « décloisonner », c’est-à-dire à diluer, voire à oublier. La dictée étant souvent considérée comme un exercice bête et méchant, destiné à mettre des notes « traumatisantes » aux élèves, il fallait bannir le terme de « faute » et préférer une notation positive.

Bref, plus qu’une dictée quotidienne, un véritable renouvellement des pratiques paraît nécessaire. Dès le primaire, l’enseignement et les méthodes de lecture et de maîtrise de la langue doivent permettre aux élèves de s’approprier les notions d’orthographe de base. Faire écrire davantage les élèves, y compris avec de fastidieux exercices de copie plutôt que l’utilisation de photocopies à tout-va, reste essentiel. C’est bête, mais plus on écrit, plus cela devient naturel !

[1]Sur 67 mots, 10,6 fautes en moyenne en 1987, 14,3 en 2007 et 17,8 en 2015. La catégorie des « plus de 25 fautes » est passée à 19,8 % contre 5,4 % en 1987.