Alors que la tempête Favio vient de nous frôler pour se diriger vers le sud de Madagascar, nous allons faire le point sur les cyclones qui tourbillonnent joyeusement les uns après les autres de décembre à avril, saison cyclonique à la Réunion. Ils y sont bien connus : glissements de terrain, inondations, maisons effondrées, arbres arrachés…mais d’où viennent-ils ?
Les cyclones naissent de l’Equateur vers les tropiques (cyclogénèse), et uniquement lorsque plusieurs conditions sont réunies :
-
Ils naissent au-dessus de l’eau de mer, celle-ci doit atteindre les 26°C ou plus pour que l’air chaud ascendant (par évaporation) puisse créer des masses de nuages provoquant des pluies torrentielles. Donc aucun risque de cyclone en France !
-
Il faut qu’une dépression orageuse existe déjà. La masse de nuages va alors s’y greffer : l’air chaud en hauteur est remplacé en bas par de l’air plus frais, qui va monter à son tour en se réchauffant.
-
La force de Coriolis (vitesse liée à la rotation de la Terre) donne à ces mouvements la forme d’un tourbillon. A partir de là, ils s’accélèrent.
-
Enfin, si un anticyclone est présent en altitude, il favorisera l’installation du cyclone. Sinon, la dépression meurt d’elle-même.
Le cyclone est appelé « hurricane » en anglais, « typhon » en Extrême Orient, « ouragan » dans le Nord Atlantique, « willy willy » en Australie…
On donne un nom à une dépression quand les vents dépassent 62 km/h et que la dépression devient tempête tropicale. A partir de 118 km/h, c’est un cyclone. La liste des noms est établie par avance, et les mêmes reviennent tous les 5 ans (en remplaçant le nom des cyclones qui ont été importants). Elle est alphabétique, la première tempête de la saison commence donc par A.
En 1978, les féministes américaines obtinrent que ces prénoms ne soient plus seulement féminins. (Favio est bien masculin)
Composition d’un cyclone
Le rayon peut s’étendre de 500 km à 1000 km…c’est immense. Les nuages convergent en spirale, vers le centre, où il y a un anneau central, composé de « l’œil » et du « mur » du cyclone.
? L’œil, pouvant mesurer jusqu’à 35 km, est le centre, un trou où les vents sont quasiment nuls et où la pression atmosphérique est la plus faible. Quand on est dans l’œil du cyclone, le vent cesse tout d’un coup, le silence arrive…ce calme est très relatif car il reste la deuxième moitié du cyclone à passer avec les vents dans l’autre sens ! Dans cet œil, le ciel peut être parfaitement bleu…
? Le mur est la zone la plus dangereuse : c’est la cheminée du cyclone. Ici, le vent est à son maximum et les pluies sont torrentielles (jusqu’à 200 km de diamètre et 15 km de haut).
Vous rendre compte de la force d’un cyclone est facile : l’énergie dégagée en une seconde est équivalente à cinq fois celle d’une bombe atomique…le combustible de cette redoutable machine est l’eau, qui lui permet de transformer la chaleur en mouvement. Il faut savoir aussi que dans les deux hémisphères l’aspiration de l’air ne se fait pas dans le même sens (dans le sens des aiguilles d’une montre dans celui du Sud).
« Quelle poisse les cyclones ! » pourrait-on se dire. Pas du tout : ils sont forcément utiles. Ils répartissent l’énergie sur Terre, ce n’est pas négligeable ! Les régions équatoriales reçoivent trop d’énergie solaire. Celle-ci est répartie vers les pôles grâce aux anticyclones. Des fois, ils ne suffisent pas pour évacuer le trop plein d’énergie. C’est alors qu’apparaissent les cyclones, soupapes de sécurité. Ils permettent aussi la reconstitution des réserves d’eau sur les pays où la sécheresse est fréquente. A la Réunion, en ce moment, les pluies générées par le passage de Favio ont aidé à remplir les nappes phréatiques qui sont quasiment à sec. La moitié de l’île était en pénurie d’eau et les coupures d’eau commençaient à être nombreuses, surtout dans l’Ouest où la pluie arrive rarement, même si l’Est est copieusement arrosé.
Les pluies d’un cyclone représentent un tiers des pluies tombant en une année pour l’île Maurice. Et en 1980, le cyclone Hyacinthe à la Réunion fit passer les nappes phréatiques de 3 à 15 mètres ! L’eau des cyclones assure aussi une bonne partie des besoins de la canne à sucre. Les cyclones sont vitaux dans les pays des tropiques, même s’ils sont destructeurs : les vents soufflant jusqu’à 300 km/h pour certains font des voitures, arbres, panneaux, etc… de vrais missiles. Mieux vaut ne pas sortir pendant que l’on passe dans l’œil, car les vents reprennent ensuite aussi subitement qu’ils ont disparu, inversés à 180°. C’est ce changement radical de direction qui finit d’arracher et détruire ce qui a souffert du premier passage. En général, les plantations quelles qu’elles soient sont détruites. La mer n’est pas en reste : lors d’un cyclone, la houle peut atteindre 30 mètres ! Les cyclones élèvent le niveau de la mer de plusieurs mètres (« marée de tempête »), l’effet d’érosion est énorme et dangereux pour les constructions côtières.
Le meilleur moyen est de rester chez soi, paré d’eau, de bougies et de piles pour la radio, élément indispensable pour se tenir au courant : hors de question de sortir ne serait-ce que 5 minutes. Certains ont essayé « d’éteindre » les cyclones, en libérant une partie de leur énergie. Mais aucun résultat satisfaisant n’existe encore…reste la prévision et donc la prévention, qui feront l’objet d’un deuxième article !