De l’Histoire industrielle à l’Histoire des Arts : retour sur un passé minier

Billet rédigé par Erin V, élève de 1ère L HIDA Spé

Notre visite au Musée de la Mine, organisée par les enseignants d’Histoire des Arts du lycée, s’est effectuée de manière originale, en trois étapes, le lundi 7 janvier.

Tout d’abord M. Crayonnet, médiateur culturel de son état, nous accueillit et retraça l’histoire de l’extraction du charbon dans le bassin houiller stéphanois depuis le XVIIème siècle, d’abord à Rive-de-Gier puis à Saint-Étienne, et ce jusqu’à la fermeture du puits Couriot en 1973.

Notre cicérone condensa un vaste champ de connaissances géologiques, géographiques, historiques et économiques en un récit dynamique, maintenant aisément l’attention des jeunes visiteurs que nous sommes, récit émaillé de nombreux détails sur la vie des mineurs, des particularités techniques ou des aspects sociaux contemporains de l’extraction minière.

Il retraça également la genèse et l’histoire du musée qui ouvrit ses portes en 1991, moins de vingt ans après la fermeture douloureuse du site. Il présenta les nouveaux espaces d’exposition afin de nourrir notre réflexion sur la manière dont on valorise la mémoire du travail et le patrimoine industriel. Il est à noter que la qualité des expositions permanentes attire près de 70 000 férus d’histoire industrielle chaque année.

La seconde étape préparée par nos professeurs permit une rencontre surprenante : il s’agissait ni plus ni moins que de notre hôtesse, Mme Janand, directrice du Musée d’Art et d’Industrie et du Musée de la Mine.

Elle retraça ses années de formation et ses différentes affectations. Un doctorat en Histoire des Arts, une expertise reconnue en estampes et gravures, une micro-entreprise créée afin de pouvoir effectuer le récolement de nombreux musées, voilà un parcours atypique riche d’enseignements ! Dix ans plus tard, elle se vit proposer la direction de musées de l’Ouest lyonnais, ce qui lui permit d’acquérir de nouvelles compétences dans la gestion d’établissements. Elle passa ensuite quatre années à la tête de la Direction des Affaires Culturelles à Rumilly, avant de prendre la direction, non pas d’un, mais de deux musées stéphanois : le Musée d’Art et d’Industrie et de celui de la Mine, tous deux labellisés « Musées de France ». Elle a pour objectif de rapprocher les deux entités dans le cadre d’un Projet Scientifique et Culturel (PSC) d’envergure et de favoriser le « partage des compétences ». Pour ce faire, elle travaille avec ses équipes à « une programmation culturelle où les thématiques des expositions temporaires se répondront l’une l’autre. »

Dans le cadre de ce PSC, et dans la continuité des expositions temporaires inaugurées par ses prédécesseurs qui relient muséographie traditionnelle et scénographie plus expérimentale, Mme Janand a fait appel au Muséophone de M. Fortunier à qui elle a confié la mise en scène de « Mine en Séries », exposition temporaire qui se tient jusqu’en mai 2019.

Cette exposition impose au spectateur un déplacement qui débute par la présentation de fossiles (séries) symbolisant la formation du charbon ; l’extraction est ensuite mise en avant avec les photographies de chevalements d’Hilla et de Bernd Becher. Par ailleurs, un hommage est rendu aux mineurs grâce aux grands portraits de Pierre Gonnord, artiste français résidant actuellement en Espagne.

Nous pouvons comparer ici les points de vue des artistes photographes : pour l’un, il s’agit de « conserver moins la mémoire d’une activité […] que l’écho du travail sur le visage des mineurs » tandis que pour les Becher il s’agit de conserver le témoignage d’une activité disparue, sans trace humaine, sur des tirages en noir et blanc.

La suite de l’exposition présente des installations à base de maquettes, de photographies et de miroirs qui étendent à l’infini les corons. Nous plongeons pour finir dans une pièce sombre où les faisceaux lumineux de lampes électriques modernes laissées à disposition du public-acteur découvrent des lampes de mineurs de toutes époques ; quelque chose comme une mise en abyme…

A découvrir… ou à redécouvrir sans modération… malgré le froid hivernal !

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