Bienvenue au MAMC+

Billet de blog rédigé à six mains par Flora B. (Termainale Hida spé), Océane M. et Amel T.(1ère Hida spé).

[Amel] Dans le cadre de la spécialité HIDA et des Journées Européennes du Patrimoine, je me suis rendue à deux reprises (cadre scolaire et privé) au musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Étienne. Nous avons pu observer l’exposition : «24 heures de la vie d’une femme» ,dont il faut rappeler que le titre est d’ailleurs repris du célèbre livre de Stefan Zweig.

Cette exposition se déroule sous une forme narrative, comme si on racontait la journée d’une femme heure par heure. De la vie de cette femme imaginaire ou réelle, nous voyons toutes les étapes, de l’éveil à la nuit en passant par la journée harassante de travail et les tâches d’un quotidien surchargé de femme au foyer. L’exposition dévoile la proximité étonnante des artistes d’un siècle à l’autre dans leur approche formelle et sensible. Chaque thématique rapproche des œuvres très différentes, jouant sur la mise en perspective d’attitudes ou d’effet de matières. Le spectateur est invité à imaginer, sentir, voir, vivre les instants du jour ou de la nuit, dans la peau d’une autre.

La narration comme cheminement, plutôt que l’histoire de l’art dans sa stricte chronologie. Il s’agit de d’examiner et de montrer les œuvres autrement, dans un élan plus proche du quotidien de chacun, en reconnectant l’art au présent .

[Océane] Lors de la journée du 16 septembre, nous avons visité deux expositions du Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Etienne dont on peut rappeler qu’il a ouvert ses portes en 1987. Avec ses 3 000 m2 et ses 20 000 œuvres (dont 1500 pièces de design), le MAMC+ est le deuxième musée d’art moderne et contemporain de France après Beaubourg (Centre Pompidou) à Paris. A tout seigneur tout honneur!

La première exposition que nous avons découverte s’intitule donc «24 heures de la vie d’une femme».

[Flora] Le titre de cette exposition, comme l’a souligné Amel, est un clin d’œil à un roman de Stefan Zweig ; elle permet de présenter la journée d’une femme fictive à travers de multiples œuvres d’époques et de genres différents. Il s’agit de montrer des œuvres très proches du quotidien de tout un chacun. Les oeuvres sont une sélection opérée parmi les 20 000 acquises par le musée entre 1833 et 2018.

[Océane] La scénographie de l’exposition permet de diviser la journée de cette femme (imaginaire) en 10 moments : l’éveil ; le bain ; dehors ; le monde ; le travail ; le déjeuner ; le repos ; la promenade ; la rencontre ; la fête ; la nuit ; les rêves.

Certaines œuvres ont un lien plus ou moins évident avec le titre mais permettent aux visiteurs de découvrir les oeuvres d’une autre manière. Il en est ainsi de Tas de bûches et de briques de Bernard Pagès ou encore de Trames alternées de Julio Le Parc. Certaines de ces œuvres font partie du mouvement artistique Supports – Surfaces qui est un des piliers de l’art contemporain français dans le domaine de la sculpture ainsi que dans la peinture.

Bernard PAGÈS, Tas de bûches et de briques, 1969,
80 x 300 x 300 cm, Bûches teintes et briques creuses, Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint Etienne Métropole

L’œuvre ci-dessus est une sculpture formée de briques creuses et de bûches teintes (en bleu et en jaune) d’où son nom. Imaginé en 1969 par Bernard PAGES (né le 21 septembre 1940 à Cahors), ce Tas de bûches et de briques mesure 80cm de hauteur et 3m de largeur sur 3m de longueur. Cette oeuvre est censée illustrer le chapitre consacré à la promenade.

Trames Alternées a quant à elle été réalisée vers 1970 par Julio Le PARC né le 23 septembre 1928 à Mendoza en Argentine. Cette oeuvre mesure 30 cm de hauteur et 30 cm de large sur 30 cm de longueur. Elle forme un cube qui est composé de métal martelé, de peinture et d’un moteur électrique ; le moteur fait tourner la sphère au centre du cube qui permet d’une certaine façon de créer une illusion d’optique. Elle s’intègre à la partie dédiée à la fête… le côté boule à facettes ?!

Julio LE PARC, vers 1970, 30 x 30 x 30 cm,
Métal martelé, peinture, moteur Musée d’art Moderne et Contemporain de Saint-Étienne Métropole

La deuxième exposition est une exposition monographique en hommage à Pierre Buraglio. Elle rassemble près de 200 œuvres de cet immense artiste contemporain. Cette rétrospective permet de retracer la carrière de Pierre Buraglio depuis les débuts de sa carrière artistiques en 1960 et d’aborder son travail à travers des formes, des techniques et des matériaux variés.

Pierre Buraglio est né le 4 mars 1939 à Charenton-le-Pont. L’année de ses 20 ans il rentre à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris. Puis, en 1961, l’artiste participe au Salon de la Jeune Peinture où il rencontre Gilles Aillaud. En 1963, Pierre Buraglio part à New York où il rencontre d’autres artistes qui le nourrissent et lui permettent de se construire comme artiste. En 1966, il crée ses premiers Agrafages et participe à une exposition à la galerie Jean FOURNIER intitulée «Pour une exposition en forme de triptyque»… Tout un programme!

Vue de l’exposition / rétrospective « Pierre Buraglio au MAMC+

Les premiers Camouflages sont imaginés en 1968-1969, puis, en 1974-1975, Buraglio travaille sur les premiers Châssis et Cadres avant de sa lancer dans ses fameuses Fenêtres… Bref, il explore les matériaux et les techniques et rencontre un certain succès.

Sa première exposition solo se déroule ainsi au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, ce qui vaut consécration! Il enchaîne les expositions : Musée de Grenoble (1979), Musée National d’Art Moderne (1982), Won Gallery à Séoul (1989), Musée d’Art Contemporain de Bordeaux (1999), Musée des Beaux- Arts de Lyon (2002-2004), Musée Fabre de Montpellier (2009) et Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Etienne (2019).

[Flora] Cette exposition nous permet donc de contempler près de ses 200 œuvres et de poser un regard sur plus de 40 ans de carrière. Tout ce que l’artiste a croisé dans sa vie a pu être mis au service de son œuvre (des paquets de cigarette bleus – les Gauloises! – collés les uns aux autres par exemple). Buraglio semble vouloir utiliser le moins possible la peinture comme s’il voulait déconstruire la peinture elle-même. Il essaye d’utiliser le maximum de matériaux de récupération. Dans chacune de ses œuvres on trouve généralement une chose (matière, couleur) qui devient l’élément essentiel de cette œuvre (par exemple des épingles, du plastique)….

Pierre Buraglio, Le pull-over de Jacques, 2007-2017, peinture à l’huile sur contreplaqué, 115 x 89 cm, Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint Etienne

[Océane] L’œuvre qui a le plus attiré mon attention est Le pull-over de Jacques ; c’est une peinture sur contreplaqué datant de 2007-2008. A première vue nous pouvons penser que Pierre Buraglio s’est inspiré du vêtement qu’il portait et nous interroger sur l’intérêt de représenter un objet du quotidien. Jacques était un ami de son père et à travers le tableau l’artiste souligne l’absence de cette personne… autant que sa présence car l’objet le représente (dans les deux sens du terme) et le rend, de fait, présent à nos yeux. Et ce d’autant plus que ce pull-over mesure 115cm de hauteur et 89cm de largeur, soit une dimension qui entretient l’illusion de la réalité. Le Pull over de Jacques ou comment rendre l’absent présent… Une belle méditation!

Pour moi le bémol de cette sortie tient au temps : nous n’avons pas pu découvrir toutes les œuvres! Une frustration d’autant plus grande que le musée ferme pour plusieurs semaines et que les expositions sont appelées à être changées…

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