Sacré lyonnais…

Les élèves de terminale HIDA spé ont passé la journée du 16 octobre à Lyon. Cette séance de travail en extérieur devait les aider à réfléchir aux liens entre art et sacré. Pour ce faire, ils ont visité la Grande Synagogue de Lyon avec Michaël Barer (association Les racines de demain) et les collections du Musée des Beaux Arts de Lyon. En attendant les billets de blog, voici, en brut, quelques photos et croquis. Ces derniers sont de Maïa P ; nous la remercions de nous autoriser à les publier!

Bonnes vacances à tous et à chacun!

La visite de la synagogue vue par Maïa

La visite de la synagogue – le regard de Maïa P

Le groupe à la Synagogue en présence de Michaël Barer des racines de demain

La visite du MBA – le regard de Maïa

Et voici la contribution de Charles B.

Lors de la matinée du vendredi 16 octobre 2020, notre classe de terminale Histoire des Arts (hida pour les intimes) s’est rendue à la grande synagogue de Lyon. Nous avons pu visiter les lieux sous la tutelle de notre guide, Michaël Barer (membre de l’association Les racines de Demain qui s’est chargé de présenter la synagogue et le judaïsme ainsi que leur histoire). Nous étions aussi en compagnie du doyen de la synagogue, monsieur Altarac), et des époux Wette, artistes travaillant sur l’inconscient lié à la Shoah.

La synagogue qui se situe au 13 quai Tilsitt est invisible de l’extérieur. Telle était la condition imposée par l’empereur Napoléon III lors de sa construction en 1863 ; les travaux dirigés par l’architecte Abraham Hirsch furent finis en seulement un an. Elle est classée au patrimoine des monuments historiques en 1984. Si elle ressemble à si méprendre à une église dans un style néo-byzantin avec ses vitraux, ses colonnes, les déambulatoires… malgré une inspiration du Temple, c’est parce qu’avant la Révolution Française qui permit l’instauration de la liberté de culte, la population juive était considérée comme apatride lorsqu’elle n’était pas carrément persécutée ; en conséquence, elle n’avait pas de « tradition » de construction. N’ayant aucun exemple de synagogue, ni de représentation, l’architecte s’est donc inspiré des lieux de culte environnants, en l’occurrence catholique…

Le devoir de mémoire est essentiel pour les Juifs et cela transparaît dans la synagogue : des plaques de marbre ornent les murs pour se souvenir des noms des personnes qui ont fait vivre ce lieu, qui l’ont préservé et protégé parfois au prix de leur vie. Ainsi on peut voir la plaque d’inauguration, mais aussi la plaque apposée en mémoire des victimes de la Shoah.

Michaël, après nous avoir raconté son histoire et celle des juifs à travers l’Histoire, nous a montré les différents objets utilisés lors des cérémonies comme la Torah qui fait l’objet d’une relecture permanente ; n’oublions pas que le judaïsme est une religion du Livre! Les rouleaux qui la conservent sont superbement ornés et remisés dans l’arche présente au fond de la synagogue. Arche dans laquelle on trouve aussi le chophar. Une élève de terminale qui s’était jointe à la visite fut invitée à souffler dans cette corne avant qu’une photo de groupe soit prise sous le chapiteau fleuri d’un mariage fêté la veille. L’échange qui eut lieu ce matin-là, au-delà des croyances et des cultures, c’est une histoire de transmission aux générations futures pour créer un espace, une société ouverte aux dialogues et dans le respect d’autrui. Un beau programme par les temps qui courent!

Maelys M., quant à elle, commente pour vous quelques oeuvres vues au MBA. Merci à elle

Le 16 octobre nous avons pris part à une visite thématique du Musée des Beaux-Arts de Lyon autour du vaste thème de l’art sacré.

Nous avons suivi une visite qui est passée par différentes cultures et différentes époques. Ainsi la première salle que nous avons pu admirer était consacrée à l’Egypte ancienne. Dans cette salle nous avons pu aborder la thématique du rituel sacré avec les méthodes de traitement du corps du défunt. Notamment le traitement réservé au pharaon.onne.

Sarcophages égyptiens et vases canope au Musée des Beaux-Arts de Lyon

Le travail sur le corps d’une personne morte remonte à l’histoire d’Osiris et Iris. En effet, Osiris est tué par Sète ; après cela, Isis va rechercher le corps dans l’eau mais celui-ci a été découpé. Isis va alors travailler sur le corps d’Osiris. Ce mythe marque le début du travail du corps après la mort. Les sarcophages et les vases prennent une place importante dans le rituel sacré.

Lors du rituel, les organes sont enlevés du corps puis mis dans la palme et le sel pour les faire sécher. Une fois secs, ils sont déposés dans des vases avec comme couvercle une tête de dieu ou déesse. Donc les vases sont aujourd’hui considérés comme des œuvres d’art bien que, autrefois, ils n’étaient considérés que comme de simples objets participant à un rituel qui, lui, était sacré. Ensuite, le corps est lavé et déposé sur un lit de sel puis est ensuite recouvert de goudron et les plaies sont recouvertes de feuille d’or. Les sarcophages vont ensuite contenir ce corps. Les sarcophages sont des objets très colorés qui souhaitent rendre hommage à des dieux ou déesses comme la déesse Nout, déesse du ciel qui avale le soleil tous les soirs et lui donne naissance tous les matins qui est représenté sur un des sarcophages ci-dessus. C’est une manière de placer le mort sous la protection des divinités.

Cette salle nous a donc permis de comprendre que les objets que nous considérons aujourd’hui comme des œuvres d’art ont parfois été uniquement des outils pour l’exercice du sacré à d’autre époques. Ces objets servaient le rite.

Masque africain à quatre faces ; Fang (population) ; Gabon ; Bois et métal ; Hauteur en cm : 34,3 ; Largeur en cm : 23 ; Profondeur en cm : 25

Ce masque ci-dessus est un masque utilisé lors de rituels au Gabon. C’est donc un objet sacré car le rituel pour lequel il est utilisé est associé à un dieu. En effet, le masque est porté par un.e chaman.e accompagné de vêtements spécifiques pour l’évènements. Le rituel s’organise autour de « performances » dansées qui ont une grande importance car la danse est considérée comme un part performatif.

Pendant le rituel, la danse permet à celui qui porte le masque de rentrer dans une transe. Lorsque le masque est porté lors de la danse cela permet au dieu de s’exprimer à travers la personne qui est en transe. Il peut alors rendre des jugements au nom de la divinité car le masque lui confère un pouvoir sacré.

Si le masque n’est pas porté et n’est pas imprégné dans une culture précise qui est capable de comprendre et de croire à sa portée sacrée alors il n’a plus aucun intérêt. Il est désacralisé et reste un objet banal, au contraire lorsque qu’il est inséré dans sa culture, il est un objet sacré mais surtout qui fait peur car c’est la voix du dieu qui peut juger les mortel.elle.s.

Vierge de majesté ; Auvergne; seconde moitié du XIIe siècle ; Bois polychrome et appliques de métal ; H. 71 ; 1. 31 ; P. 30 cm

Dans cette œuvre ci-dessus on reconnait la Vierge à ses habits bleus notamment son voile bleu. On s’aperçoit qu’elle porte un enfant dans ses bras, son fils. La Vierge est l’une des figures religieuses les plus représentées dans l’art occidental. La Vierge reste toujours sacrée même lorsqu’elle est dans un contexte profane comme un musée.

La Vierge, ici, est créé au XIIème siècle, une époque marquée par le développement des églises en pierres dont l’ornement est particulièrement soigné. Des œuvres d’art comme cette Vierge sont alors exposés notamment dernière l’autel où les fidèles avaient la possibilité de prier.

Cette Vierge a une fonction supplémentaire qui est de pouvoir contenir une relique. C’est pourquoi nous pouvons apercevoir un trou dans le front de la vierge. Le fait de pouvoir contenir quelque chose qui a appartenu à des saints permet de rapprocher les personnes croyantes du sacré qui est seulement une idée donc qu’il est impossible d’atteindre. Ce rapprochement permet de diminuer la frontière entre le profane et le sacré.

Ainsi, la visite nous a permis d’être en contact avec des œuvres qui ont toutes un rapport avec le sacré mais de différentes manières.

 

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