L’instant décisif ? Retour sur le partenariat avec le MAMC+

Dans le cadre de l’enseignement de spécialité HIDA, les élèves de 1ère ont travaillé, depuis quelques mois, avec le MAMC+ de Saint-Etienne. Il est temps de dresser un bilan d’étape avant le « rush » final qui les conduira à exposer lors de la Nuit Européenne des Musée du 14 mai et à publier un livret de valorisation, sans compter l’organisation d’une table ronde de restitution sur la webradio du lycée (ici!)

Mélissa D. et Alice C. ont pris la plume… Merci à elles!

Avec le groupe de spécialité Histoire des Arts du lycée d’Honoré d’Urfé et le Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne nous effectuons un projet partenarial. Nous avons passé déjà quelques temps avec Emma, notre médiatrice attitrée, et avons fait plusieurs visites guidées enrichissantes. Mais également plusieurs séances dédiées à des ateliers autour de la pratique photographique (la série photographique pour être tout à fait exactes!). Ces séances de pratique furent tout aussi enrichissantes et stimulantes que les visites.

Cette expérience nous apprend beaucoup sur différents sujets, mais, naturellement, plus spécifiquement sur la photographie. Dans ce billet de blog nous allons vous expliquer comment se passe cet intéressant partenariat, mais nous allons également vous faire part des activités ludiques effectuées en vue de la production finale. Nous ne manquerons pas non plus de donner notre avis en tant qu’élèves en rapport avec ce partenariat.

Lors des premières séances auxquelles nous avons eu la chance de participer il y a quelque temps, nous avons déambulé dans les salles dédiées aux différentes expositions du moment, notamment « L’énigme autodidacte ». Ces séances ont consisté en des médiations visant à nous immerger dans le travail artistique des hommes et des femmes sélectionnés pour ces expositions. Toutes ces salles étaient très intéressantes et belles.

Nos deux médiatrices ont profité de ces séances pour introduire divers artistes avec lesquels nous avons, depuis, eu à travailler. Nous pensons notamment à Christian Boltanski, Seydou Keita, Arnold Odermatt, Patrick Tosani, Carel Balth et Bertrand Lavier… L’objectif principal de ces séances était de nous initier progressivement à la photographie. Au terme de ces visites, nous avons eu à compléter nos notes avec de nouvelles recherches permettant d’avoir de nouvelles références. Le carnet de bord a été le réceptacle de nos impressions et il nous a permis de faire valoir nos goûts et nos sensibilités, en toute franchise bien évidemment.

Les dernières minutes de ces séances au MAMC reposent généralement sur des échanges et des concertations entre les élèves et les médiatrices qui en profitent pour nous donner les consignes de travail. Nous sommes en effet censées amener pour la séance d’après différents supports, soit textuels, soit photographiques. La première consigne que nous avons eue a consisté à faire des photographies de membres de nos familles, d’amis, voire d’inconnus ; des photographies du quotidien, immobiles ou en mouvement.

Au premier abord, ceci peut paraître très simple ; mais détrompez-vous! Ce n’était pas toujours facile de mettre en lumière correctement des choses ou des personnes que nous voyons tous les jours ! Rechercher le naturel, que ce soit dans les poses ou bien l’environnement complexifie considérablement la tâche.

Il faut dire aussi que certains d’entre nous se sont focalisés sur de longues recherches visant à des mises en scène esthétiques qui satisfassent l’oeil! Ce n’était vraiment pas évident mais le résultat, en tout cas à nos yeux, nous a convaincus et nous avons tous pensé qu’il s’agissait de l’une des meilleures activités proposées.

La seconde activité était tout aussi intéressante ; la classe a été divisée en deux et il s’agissait de faire des photos à l’aide d’un appareil photo numérique. Cet atelier visait à nous apprendre à utiliser un « vrai » appareil avec toutes ses possibilités techniques ; nous avons pu recourir à des filtres et à des effets… Nous avons, par exemple, pris en photos en mode panoramique, avec différents formats, en N&B et en couleurs… Bref, nous avons exploré l’univers de la photo! Le premier groupe devait effectuer des prises photographiques à l’extérieur du musée ; cela tombait bien car, à ce moment-là, juste en face du MAMC+, un cirque était en cours d’installation, ce qui nous a fait un beau sujet! C’était très photogénique!

Parallèlement, l’autre groupe devait effectuer des photos à l’intérieur du musée, les consignes étaient cependant les mêmes et les élèves ont dû en prendre en même quantité et sous les formats exigés. Les deux groupes ont ensuite été rassemblés dans le même atelier et soumis cette fois-ci aux mêmes difficultés. Nous avons effectué des prises photographiques sur des fruits et des légumes disposés sur une table recouverte d’une très grande feuille blanche. Gare aux ombres que nous portions! Sans compter celles des fruits et légumes eux-mêmes ! Cet atelier a porté à son summum notre créativité et notre imagination.

Pour compléter notre panorama, nous sommes allés visiter le Musée de la photographie Nicéphore Nièpce de Chalon-sur-Saône ; une belle journée également.

Actuellement nous travaillons sur une consigne assez particulière qui permet de prolonger la « rencontre » avec les oeuvres de Christian Boltanski et de Sophie Calle que nous avons vues au MAMC+. Il s’agit de faire un journal photographique et de prendre des photographies tous les jours, pendant un mois ou une semaine (au choix). Ceci sera le point de départ d’un travail d’écriture en lien avec ces photographies et d’exprimer notre sensibilité. Pour l’instant n’en disons pas plus ! Vous le verrez par la suite ! Un autre billet de blog sera à votre disposition le moment venu ! Sans compter le livret de restitution qui sera publié et l’exposition qui devrait être organisée pour la Nuit Européenne des Musées de mai! Work in progress!!

On vous avait promis notre point de vue! Le voici!

Melissa : Nous avons eu la chance de faire plusieurs séances avec Emma qui porte avec brio le projet. La collaboration que l’on a actuellement avec le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Étienne nous a donné l’occasion d’accéder à des ateliers visant à éveiller notre sensibilité personnelle. Ceci, pour ma part, me permet de partager de bons moments avec mes camarades de classe. Chacun de nous partage avec les autres des photos effectuées pendant les activités, nous les observons, nous les commentons puis nous les analysons tous ensemble. L’ambiance chaleureuse et amicale pendant les conversations nous permet de confortables échanges et partages. Le plaisir de voir sur quelques visages des sourires de satisfaction pendant les ateliers me motive encore et encore, et me donne de plus en plus l’envie de poursuivre cette collaboration. J’ai hâte de voir la suite et je sais que cette collaboration s’inscrit dans l’une des plus belles expériences que j’ai pu avoir au lycée.

Alice : Personnellement, j’apprécie ce partenariat. Je le trouve très intéressant, et puis, les expositions notamment, m’ont énormément plu. Comme par exemple celle sur « L’énigme autodidacte ». Les séances photographiques nous permettent de découvrir différents artistes et photographes ayant tous différentes manières de percevoir l’art et la photographie. Je trouve très intéressant pour ma part d’apprendre à chaque séance des choses diverses et variées. Récemment, nous avons eu de nouvelles consignes, nous devons effectuer un journal photographique qui s’inscrit soit sur une semaine soit sur un mois. Nos photographies n’ont qu’une seule contrainte, celle de ne pas représenter une figure humaine. Le résultat que j’ai obtenu me convient, ceci m’a permis d’observer que l’on pouvait obtenir de très beaux résultats photographiques sans une présence humaine.

Pour conclure, ce projet partenarial avec le Musée d’Art Moderne et Contemporain est très satisfaisant! Pour notre part nous le trouvons très instructif. Nous avons étudié de nombreux artistes, tout aussi intéressants les uns que les autres. Les échanges avec les différentes médiatrices ont été très intéressants et nous avons beaucoup appris grâce à elles. Ce partenariat nous a permis de poser un autre regard sur l’Art en général mais surtout un nouveau regard sur la photographie qui peut paraître assez anodine à l’heure du smartphone, mais qui, en réalité, est plus complexe et riche que ce que l’on pense. Les ateliers nous ont permis de dévoiler une partie de notre créativité et de pouvoir en discuter tous ensemble. Ainsi cela a été très agréable de voir nos différentes sensibilités et nos différents points de vue. C’est avec impatience que nous attendons de voir la suite de ce partenariat!

Violetta M. présente à présent trois des photographies qu’elle a prises pendant les vacances afin de nourrir son « journal photographique ». Merci à elle de partager ses analyses et ses photographies!

Dans le cadre du projet sur la photographie en collaboration avec le Musée d’Art Moderne et Contemporain, j’ai effectué quelques photos, au cours d’une semaine (du 17 au 24 février). Je vais donc vous faire part de certaines d’entre elles…

Tout d’abord, il faut savoir que ces photographies ont été prises au cours d’une semaine de travail avec mon grand frère, à Challonges, un village de Haute-Savoie.

La Maisonnette

La première photo représente une maisonnette inhabitée. Elle m’a interpellée par ses multiples formes « géométriques ». En effet on distingue clairement des formes rectangulaires de tailles diverses, ainsi que des formes triangulaires… Ces formes s’imbriquent les unes avec les autres. Notons que la porte d’entrée, la « fenêtre », et la bouche d’aération sont rectangulaires (la bouche d’aération étant elle-même subdivisée en quatre rectangles !). De même, les briques qui ceinturent la fenêtre sont rectangulaires. Notons que ces briques rosées ainsi que la pierre de taille (blanche) qui sert de chambranle à la porte, plus claires que la pierre et l’enduit (ciment ?) gris du mur, apportent de la lumière à la maisonnette et la rendent moins triste. Si elles apportent de la lumière, elles soulignent aussi l’usure et l’ancienneté de ce lieu. La maisonnette semble avoir été rafistolée à coups de ciment et consolidée avec des briques. La photographie est prise de près ; le cadrage est assez serré, ce qui ne nous laisse que deviner la taille et la forme de la maison. La forme du toit en double-pente introduit le triangle dans cette composition marquée sans cela par la domination quasi-absolue du rectangle. Cela crée une rupture et donne de la profondeur ; notre regard peut s’échapper dans ce ciel un peu grisâtre. Pour finir en bas à droite on retrouve de la végétation qui tranche avec le minéral de la maisonnette et qui ramène (un peu !) de la couleur à ce « bâtiment » sans cela bien terne. Cette herbe sauvage permet aussi de marquer le manque d’entretien de la maisonnette, son délabrement, son retour à la nature en quelque sorte.

La haute montagne

La seconde photographie est un paysage de haute montagne. Cette photographie comporte plusieurs lignes dont certaines d’entre elles marquent des coupures nettes dans la composition. Ici les nuages m’ont interpellée, ils séparent violemment le ciel de la terre. Une ligne nette coupe en effet le sommet des montagnes enneigées alors que le nuage s’élève vers le ciel en formant des volutes aériennes et souples. Le mouvement, l’arrondi du cumulonimbus contraste avec la linéarité presque parfaite de sa face inférieure. On peut aussi noter que ce nuage crée une différence de proportionnalité entre le côté gauche qui comporte plus de matière que le côté droit de l’image. De plus la partie supérieure de la photographie est très claire et lumineuse, alors que la partie inférieure reste plus terne et sombre en raison de la couverture du nuage ; ainsi cela crée un contraste.

Cette photographie offre une profondeur de champ importante et une belle perspective ; elle plonge le regard du spectateur vers un ailleurs incommensurable, on semblerait être sous l’océan. Cette impression est renforcée par le point de vue, la photographe se situant en surplomb de la vallée qui est photographiée. Elle est en revanche au même niveau que la masse nuageuse (c’es du moins l’impression que l’on peu avoir). Ce point de vue permet ainsi d’embrasser la vastitude du paysage et de perdre nos repères. La barrière en bois située au premier plan nous permet tout de même de situer « l’autrice », de l’ancrer sur terre ! Mais cette barrière permet aussi de faire contraste, par ses formes, avec le reste de la photographie. Ses lignes droites, d’une part, son matériau (le bois) et sa couleur claire permettent de relier des différents plans. Il y a presque un côté abstrait dans ce premier plan.

Les aliments

La troisième photographie représente différents aliments répartis dans trois espaces. La moitié supérieure de l’image est très colorée, des couleurs vives apportent plus de lumière. On peut remarquer différents fruit (bananes, pommes, poires…), éparpillés, posés « a caso », dans un joyeux désordre, sans préméditation. Mais certain d’entre eux dérangent, par exemple la mandarine ou la poire, celles-ci semblent parfaitement posées, elles semblent être les seules à avoir remarqué la caméra, or l’une d’entre elle se fait plus discrète. Au milieu de ces fruits, tel un intrus, on peut remarquer une paire de lunettes de soleil orange qui se confond avec les fruits. Cette partie supérieure de la photographie semble assez homogène, en tout cas saturée par les fruits aux couleurs chaudes. Elle est séparée de la partie inférieure par le bord de la cagette. La partie inférieure semble divisée en deux parties distinctes, la « frontière » étant moins nette mais néanmoins marquée ; le vide, comme une respiration, sépare le reblochon des épluchures de fruits.

A gauche, la couleur, les différentes nuances de blanc du fromage et de son emballage créent un tout assez homogène, lisse et uniforme. Mais ont peut noter du mouvement grâce au papier de l’emballage froissé. Pour finir, à droite, on reconnait les épluchures d’une clémentine et d’une banane ; ce désordre contraste avec le reste de la photographie qui semble plus organisé. Quoi qu’il en soit, on pourrait imaginer une narration autour de cette photographie, les épluchures étant le « tragique » ( !) résultat d’un pique-nique ayant mal tourné (ou trop bien réussi !) pour les fruits présentés en haut de la photographie ! Il ne manque plus que le corbeau de La Fontaine…

Laisser un commentaire