Black Lives Matter – le Street Art engagé de Banksy

Alors que l’Amérique de Trump connaît une vague de protestations qui fait écho à la Lutte pour les droits civiques, le street artiste Banksy a réalisé une nouvelle oeuvre en hommage à George Floyd.

Banksy, Sans titre, 2020

« Au début, je pensais que je devais me taire et écouter les Noirs à propos de ce problème. Mais pourquoi ferais-je cela ? Ce n’est pas leur problème, c’est le mien, explique Banksy, cité dans Connaissance des ArtsLe système a échoué avec les gens de couleur. Le système des Blancs. Comme une canalisation percée qui inonde l’appartement du dessous. Ce problème leur rend la vie malheureuse, mais ce n’est pas à eux de s’en occuper. Et ils ne peuvent pas, personne ne les laisse rentrer dans l’appartement du dessus. C’est un problème de Blanc. Et si les Blancs ne le règlent pas, quelqu’un devra monter et enfoncer la porte. »

De la scénographie d’exposition

Billet de blog rédigé par Alexia G, élève de terminale HIDA fac, à l’issue de la rencontre avec Pierre-Viencent Fortunier, scénographe, le 9 décembre dernier.

Le lundi 9 décembre 2019, nous avons eu la chance de rencontrer Monsieur Pierre-Vincent Fortunier. Ce muséographe/scénographe nous a été présenté dans le cadre de notre enseignement d’Histoire des Arts (HIDA pour les intimes!) dont l’une des missions est de nous faire découvrir les métiers des arts et de la culture.

Monsieur Fortunier s’est donc exprimé sur les enjeux de son métier de scénographe de manière tout à fait ouverte, s’aidant d’un support numérique afin de nous montrer des extraits filmés présentant l’exposition KATA qu’il a conçue pour le Musée de la Mine de Saint Etienne. Naturellement, il s’est aussi prêté au jeu des questions/réponses.

Affiche de l’exposition temporaire « KATA » au Musée de la Mine de Saint Etienne

Nous retenons ainsi que le métier de scénographe consiste en la conception et la réalisation d’expositions. Notre intervenant pratique la « muséographie interprétative » et la scénographie qui s’intègrent à des projets de « médiation culturelle ». Selon Monsieur Fortunier, l’objectif est « d’inventer une histoire », « d’en écrire les grandes lignes », et de réfléchir au meilleur moyen de la transmettre. L’objectif principal du scénographe est donc, pour résumer, de suivre le fil conducteur d’une thématique et de retranscrire celle-ci à travers une exposition construite avec cohérence en recourant à des dispositifs visuels et sonores.

Le travail du scénographe consiste donc, en amont, à s’emparer du sujet, à y réfléchir et à travailler sur la problématisation (eh! oui!) pour finalement arriver à une exposition qui interpellera le public, le questionnera et, si possible, le séduira. Pour ce faire, Monsieur Fortunier nous a confié qu’il aimait pratiquer la scénographie « immersive », c’est-à-dire une scénographie qui plonge le spectateur au cœur du sujet à travers une mise en scène et une approche directe des objets présentés dans l’exposition. C’est alors une « proposition spatiale totale ».

Vue de l’exposition KATA scénographiée par Pierre-Vinçent Fortunier

On peut souligner que la panoplie des thèmes d’expositions est TRES large ; elle comprend aussi bien des sujets artistiques que des sujets plus techniques, des sujets historiques que des sujets scientifiques… Bref, tout (ou presque!) peut faire l’objet d’une exposition! Le scénographe a ainsi le loisir et la chance de pouvoir faire de nombreuses découvertes car, avant de scénographier, il faut se documenter! Ce métier créatif est donc un métier intellectuellement stimulant qui nécessite un certain dynamisme.

Le scénographe doit cependant se plier à des règlementations : elles concernent aussi bien la sécurité (le public comme les oeuvres exposées ne doivent pas être mis en danger), que l’accessibilité (le public doit pouvoir circuler aisément). Afin de répondre aux exigences (au cahier des charges en somme), le scénographe doit faire appel à d’autres corps de métier, à savoir des graphistes, des spécialistes de l’audiovisuel, mais aussi des menuisiers, des électriciens et bien d’autres « hommes de l’art » encore.

Ceci explique que les projets sont parfois longs à réaliser, ils peuvent durer des mois.

Vue de l’exposition Kata scénographiée par Pierre-Vinçent Fortunier

Afin de donner corps à son propos, Monsieur Fortunier nous a fait découvrir son projet actuel, finalisé, qui se trouve au Musée de la Mine à Saint-Etienne : l’exposition KATA. Celle-ci se propose de traiter des catastrophes minières en présentant les effets mais aussi les causes multiples des explosions qui ont pu atteindre les mineurs sous diverses formes au cours de l’histoire : au fameux coup de grisou, il faut ajouter le coup de poussier, le feu de mine ou encore les inondations. Le scénographe a ici eu recours des dispositifs « classiques » : il a ainsi installé des panneaux et des vitrines qui permettent de saisir la réalité de ces catastrophes grâce à des frises chronologiques, des définitions, des explications techniques, des témoignages. Mais il a également eu recours à des supports vidéo qui facilitent l’immersion, notamment en permettant de vivre une catastrophe minière grâce à une reconstitution en 3D.  Cette exposition présente aussi l’écho de ces catastrophes minières dans les différents domaines artistiques : la littérature, la photographie, la vidéo, la peinture, etc. sont mobilisées pour évoquer ce sujet.Très clairement, Monsieur Fortunier a donc eu le souci de faire des choix pertinents afin de toucher son public.

Pour conclure, je peux dire qu’il était intéressant de découvrir ce métier en rencontrant directement un professionnel et en découvrant, par son intermédiaire, les enjeux de la scénographie. Il était également très pertinent d’évoquer l’exposition KATA qui permet d’aborder un cas concret, actuel et accessible (c’est à Saint-Etienne et c’est jusqu’au 25 mai!).

Vue de l’exposition KATA scénographiée par Pierre-Vinçent Fortunier

 

Et à la fin… c’est à Paris qu’on va!!

Billet de blog rédigé par Kim B, élève de terminale inscrite en option facultative à l’issue de la journée passée à Paris au cours de laquelle les élèves ont pu visiter le Musée d’Orsay et l’Opéra Garnier.

Le groupe l’entrée d’Orsay en compagnie de Julia Bihel, étudiante à l’Ecole du Louvre

Le 2 mai 2019, nous avons eu la chance de nous rendre à Paris pour découvrir la riche et belle exposition permanente du Musée d’Orsay.

Il est important de rappeler que le Musée d’Orsay est initialement une gare construite à partir de 1898 sur les plans de Victor Laloux. Ce dernier est mandaté par la Compagnie d’Orléans pour édifier sa « tête de ligne » en lieu et place de l’ancienne Cour des Comptes ravagée par un incendie durant la Commune de 1871 (soulèvement des Parisiens contre le gouvernement d’Adolphe Thiers qui se traduisit par de grands incendies dans Paris, notamment ceux de l’Hôtel de Ville et du Palais des Tuileries).

Laloux s’inscrit dans la jeune tradition de l’architecture ferroviaire en construisant un bâtiment dont la structure est en acier et en verre. Cependant, afin de respecter l’harmonie du quartier, dont les bâtiments sont construits en pierre calcaire, l’architecte a choisi de faire une façade en pierre de taille avec des murs non-porteurs ; c’est ce qu’on appelle en architecture une façade « rideau ».

La Gare d’Orsay

La gare n’étant desservie que par des locomotives électriques, il n’y a pas d’émanations de fumées ; aussi l’architecte peut-il imaginer un vaisseau fermé (ce qui diffère sensiblement des autres gares parisiennes dont les halls sont ouverts à tous les vents!) dont les voutes sont percées de verrières et décorées de caissons colorés. L’ambition de Victor Laloux est par ailleurs de créer des espaces les plus confortables et luxueux possibles, plus luxueux que ceux d’une gare traditionnelle, la salle de réception témoigne de cette ambition. Le peintre Edouard Détaille va même dire, avec un sens aigüe de la prémonition, que ce bâtiment a plus l’air d’un musée des Beaux-Arts que d’une gare! Quoi qu’il en soit, la gare d’Orsay et son hôtel sont inaugurés juste avant l’Exposition Universelle, le 14 juillet 1900. Les statues du rhinocéros et du cheval qui sont présentées devant le musée en témoignent : elles étaient à l’origine devant le Palais du Trocadéro (aujourd’hui détruit) construit, lui aussi, pour l’Exposition Universelle.

De 1900 à 1939, la gare est très active et sert de terminus aux trains qui viennent du Sud-Ouest de la France. Malgré sa modernité, elle est rapidement dépassée par l’évolution du chemin de fer, et, à partir de 1939, la longueur de ses quais n’est plus adaptée aux trains qui ont beaucoup évolué ; elle est donc obligée de fermer. Elle devient alors centre d’expédition puis accueille des réfugiés à la Libération avant de devenir un théâtre. Un projet de destruction est envisagé en 1971. Mais l’émoi et la colère suscités chez les Parisiens par la destruction des halles de Baltard (tout de verre et d’acier également) changent la donne et l’idée de transformer la gare en musée se fait jour. Et ce d’autant qu’à l’époque, on ne savait plus où mettre les oeuvres des peintres impressionnistes.

Il a ainsi fallu convaincre les politiciens, Jean Chatelain, qui été le directeur des musées de France, mais aussi Jacques Duhamel, ministre de la culture. La décision officielle de la construction du Musée d’Orsay est prise le 20 octobre 1977. En 1978 le bâtiment est classé monument historique, et c’est à partir de ce moment que commencent les travaux de transformation de la gare en musée. Ils durent de 1978 à 1986 et sont confiés à une équipe de trois jeunes architectes, Pierre Colboc, Renaud Bardon et Jean-Paul Philippon, de plus, l’italienne Gae Aulenti s’est occupée de l’aménagement intérieur. L’objectif était de conserver une oeuvre architecturale de 1900 en l’adaptant à une nouvelle fonction, celle d’être un musée à vocation internationale. En ce sens ce projet est précurseur puisque c’est la première fois qu’une architecture industrielle est adaptée pour accueillir un grand musée.

Le musée est inauguré en 1986 par le Président François Mitterrand (bien que le projet ait été initié par son prédécesseur, Valéry Giscard-d’Estaing) qui aurait voulu qu’une empreinte socio-historique apparaisse dans le musée avec l’installation d’une locomotive du Creusot mais les conservateurs ont été réticents et cette locomotive n’est jamais entrée en gare!

La collection se forme à partir de trois grands musées : le Louvre, le Musée du Jeu de Paume et le Musée d’Art Moderne sans compter certaines des oeuvres du Musée du Luxembourg qui font l’objet de dépôts dans le musée. L’originalité du Musée d’Orsay se trouve dans le fait qu’il est est un musée interdisciplinaire : nous pouvons y trouver de la peinture, des arts graphiques, de la sculpture, des arts décoratifs (ce qui est à la fois utilitaire et artistique comme le mobilier ou encore les objets d’art), de nombreuses maquettes, mais également de nombreuses expositions temporaires sur la littérature, la musique, le cinéma. C’est également le premier musée des Beaux-Arts où est présentée pour la première fois la photographie. Avant 1986, la photographie n’était en effet pas considérée comme un art à part entière.

Le thème de notre visite portait sur « L’art comme reflet de la société » et notamment durant la deuxième moitié du XIXème siècle. Parmi les artistes qui nous ont été présentés, il y a Jean-François Millet, avec son célèbre tableau Les Glaneuses réalisé en 1857.

Jean-François Millet (1814-1875)
Des glaneuses dit aussi Les glaneuses, 1857
Huile sur toile, H. 83,5 ; L. 110 cm
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Jean Schormans

Sur cette toile, il a su représenter la société paysanne de son époque. Rappelons d’ailleurs que Millet est surnommé le « peintre des paysans » car il a à coeur de représenter une société paysanne vivant dans des conditions difficiles et précaires. En effet, les terres appartenaient à de grands propriétaires et effectuaient ainsi pour eux les « travaux manuels » que les personnes aisées refusaient d’exécuter. Ainsi, à travers cette toile, il choisit de représenter des femmes en train de glaner, activité qui consistait à ramasser les restes d’épis de blé après la récolte pour améliorer leurs difficiles repas familiaux. Elles demandaient l’autorisation pour effectuer ces tâches, nous pouvons d’ailleurs observer au loin un homme haut placé (un régisseur) sur son cheval en train de surveiller chacun de leurs faits et gestes. Elles devaient en effet effectuer cette activité avant le couché du soleil. Millet a choisi de ne pas représenter de visages concrets à travers cette toile pour que chaque femme la voyant et travaillant dans les champs puisse s’y identifier. Nous pouvons cependant remarquer qu’elles sont toutes bronzées, à l’époque cette caractéristique était un marqueur social puisque les personnes travaillant en extérieur, dans les champs, étaient souvent bronzées tandis que les femmes de la ville avaient la peau blanchâtre, signe d’une vie aisée. De son vivant, les tableaux de Millet eurent peu de succès car les acheteurs potentiels était des bourgeois citadins qui ne manifestaient aucun intérêt pour ces scènes paysannes éloignées de leur quotidien et de leur préoccupations.