ecole-autrefois

Rassurez-vous, je ne suis pas en train de sombrer dans la nostalgie du temps jadis. Je ne souhaite aucun retour en arrière mais j’ai envie aujourd’hui de me poser la question suivante : « N’y avait-il pas dans l’école de nos parents et de nos grands parents de bonnes choses que nous aurions dû conserver ? »

Qu’est-ce qui était mieux avant ?

Qu’est-ce que nous pourrions remettre au goût du jour et qui serait diablement efficace avec nos élèves d’aujourd’hui ? État des lieux de ce qui a disparu (ou presque) des écoles et qui appartenait à part entière à l’école d’autrefois.

Les pupitres en bois

Nous les avons tant aimés et pourtant ils sont en voie d’extinction (sauf dans les salons bobos où ils sont relookés) Les pupitres en bois avaient ce coté chaleureux, l’aspect d’un vrai meuble. Le trou qui était destiné à accueillir les encriers ravissaient nos « mimines « ravies de s’y engouffrer pendant que nous faisions semblant d’écouter le maître ou la maîtresse.

bureau-ecolier-en-chene-et-hetre-ancien-7a_2_1Image1Petit à petit, ils ont laissé la place à nos infects bureaux dits « modernes » dont les pieds sont réglables mais s’effondrent au moins signe de fatigue de nos élèves. Vous voyez certainement ce dont je parle ces tubes avec des loquets qui n’en sont pas, que l’on a un mal de chien à pousser et qui, en revanche, s’enlèvent d’eux-mêmes au moindre poids sur la table.

Nos bons vieux pupitres étaient en plus un rêve d’enfant. Ils s’ouvraient comme un coffre au trésor, on pouvait y lire les messages écrits ou gravés le plus souvent dans le bois par nos prédécesseurs, c’était en bois bien plus costaud, chaleureux et original que les bureaux modernes.

Bon après, je le reconnais, pour grouper les tables, travailler ensemble ou faire de la pédagogie par le jeu dont je suis friand, c’est assez gênant. Mais en même temps, il y a d’autres gains, plus de cahiers, de trousses qui tombent, de cases en fouillis, de feuilles qui dépassent. Tout est planqué dans le bureau…

 

Le tablier pour tous

Vaste question qui fait toujours autant débat de nos jours, pour ou contre le retour du tablier sorte d’uniforme de l’élève français.

Il avait pourtant des intérêts et notamment d’uniformiser les élèves, de masquer les différences sociales, de mettre les élèves sur un pied d’égalité. Si le tablier faisait son retour, nous n’aurions plus les allées et venues de parents mécontents que leur petit Bénabar ait encore tâché son beau vêtement tout neuf, drame familial et mondial que nous, professeurs des écoles, nous devrions assumer.

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Ses détracteurs lui reprochent d’empêcher l’enfant d’affirmer sa personnalité, de les mettre tous dans le même moule, ce n’est pas faux. Il est vrai aussi que l’école doit être le lieu où l’enfant appréhende sa différence et respecte les différences (y compris vestimentaires) de ses camarades. Dans cet aspect des choses, je suis assez opposé au retour du tablier.

Pour vous faire votre propre opinion, je vous invite à écouter cette émission sur Europe 1 de WendyBouchard du 5 juin 2014 : Pour ou contre le retour de la blouse à l’école.

A lire aussi, un article de Sud Ouest sur une école qui a adopté la blouse de la TPS au CM2.

 

Les leçons de choses et apprentissages de la vie courante

Je ne parle pas ici des cours magistraux aussi soporifiques qu’inutiles mais bien des expériences, bricolage, ateliers de cuisine, ateliers de couture, dont l’école s’éloigne de plus en plus. Je ne dis pas qu’il faut revenir aux clichés des années 50, couture pour les filles, bricolage pour les garçons. Mais telle la pédagogie Freinet, il faudrait redonner aux élèves la possibilité de toucher du réel, d »apprendre des savoir-faire tout en les liant à des compétences de notre actuel socle commun.

Aujourd’hui, la cuisine à l’école est devenue un sanctuaire dont tout enfant est banni en raison des normes draconiennes liées à l’hygiène, à la chaîne du froid et aux éventuelles allergies alimentaires. Interdit de mettre la main à la pâte ou alors en de très très rares occasions. Combien de notions mathématiques pourraient pourtant être travaillées en lien avec les recettes (les unités de mesures, les fractions, la numération, les équivalences, les durées).

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Combien d’école ont-elles encore un potager dans leur cour de récréation en France? Trop peu. Tout comme la cuisine, le jardinage permettrait pourtant de travailler bien des notions (herbier, germination, notions d’aire et de périmètre, unités de mesure de capacité, unités de mesure de longueur). Nous sommes tellement dans l’air du numérique et du virtuel que nous nous sommes peu à peu, et surtout beaucoup trop éloignés des choses réelles, de l’expérience, du toucher, de l’apprentissage par les mains (et pas uniquement à taper sur un clavier comme je suis en train de le faire)

Des cours de récréation agréables

Surprenant allez-vous me dire ! Mais oui, nos cours de recréation sont devenues austères. Combien comptent encore un espace de verdure ? Combien ont encore des arbres ? Alors certes dans beaucoup d’écoles (publiques surtout) de magnifiques jeux avec espaces en gomme sécurisante ont fleuri.

Mais dans beaucoup d’écoles, nos cours de récréation sont devenues des sortes de cours de promenade. Il n’ y a presque plus de jeux dessinés au sol (marelles, labyrinthes de mon enfance où êtes-vous ?). Il n’y a plus ni bancs ni tables.

recre10En juin 2014, je me suis rendu avec ma classe en Angleterre et nous avons visité une école. Nous avons eu l’impression d’arriver sur une autre planète. La moitié de la cour était un espace vert (vraiment vert, avec de la pelouse, des buissons, des massifs de fleurs !!!). Les préaux en bois étaient jolis, sculptés et vernis par les enfants. Il y avait un potager (et même une serre) dans un espace contigu de la cour. Des bancs et des tables jalonnaient tout l’espace (car les petits anglais pique-niquent chaque jour il n’ y a pas de cantine).

 

Bref, vous m’avez compris, sortons de notre modèle français de cour bétonnée, macadamisée, revenons aux choses simples et aux espaces où il fait bon vivre. Je ne sais pas quel individu à a eu l’idée de goudronner une cour de récréation mais franchement, il aurait pu passer son tour.

Je vous invite à consulter cet excellent article de l’institut coopératif de l’école moderne : Pourquoi et comment aménager les cours d’écoles ?

 

La vie animale dans la classe

Rappelez-vous votre scolarité passée. Vous avez tous connu à un moment ou un autre un animal dans la classe, un élevage qui vous a marqué ou de vraies plantes qui rendaient la pièce habitée. Regardez nos classes d’aujourd’hui, à de rares exceptions et souvent les mêmes (poisson, phasmes,escargot,chenilles, têtards) l’animal ne rentre plus en classe. Trop peur des allergies, trop risqué pour les enfants, on s’interdit tout et on rate des apprentissages formidables.

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Imaginez vos élèves avec des poussins dans les mains, avec des lapereaux, comme vous auriez pu les responsabiliser, les faire s’intéresser aux notions de naissance, croissance, alimentation de ces animaux. Je trouve dommage que nos classes se soient aseptisées à ce point. Elles ont perdu une part de leur vie, une part de chaleur aussi.

Si vous souhaitez d’ailleurs vous lancer dans l’aventure de l’élevage en classe, je vous recommande ce document d’accompagnement très bien fait de l’académie de Créteil (quel animal choisir, quel élevage, quelles lois les encadrent).

Voici aussi toute une sitographie de ressources pour mener des élevages en classe.

 

Je vais conclure mon propos ici en vous laissant à cette réflexion qui est parfois la mienne :

À mon sens, tout n’était pas à jeter.

 

Monsieur Mathieu

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9 réponses

  1. Oui un bel article bien nostalgique, je vais jouer les rabats joies…….aujourd’hui la tendance est en cas d’accident il faut trouver un coupable……..jeux aux normes européennes……..sinon…….la violence dans les cours d’école oui il y en a, mais la cause est ailleurs : nous vivons dans un monde violent, nous sommes mis sous pression, nous sommes stressés, les enfants ne doivent pas être mis sous pression dès la maternelle et c’est la tendance aujourd’hui, on évalue à tour de bras, on met en place des APC (aide personnalisé complémentaire pour essayer de combler les lacunes…..).
    enfants nous nous amusions d’un bout de carton, d’une ficelle, nos enfants ne savent plus jouer, nous n’avons plus le temps de faire des choses simples avec eux, nous pensons avec notre portefeuille : dans la course du faire (faire tel activité, visiter tel endroit, aller a tel parc de jeu, à la mer, à la montagne, sport, musique…..suractivités en tout genre……la peur de l’avenir.
    Oui des cours plus vertes, des espaces pour cultiver, des arbres (un tulipier pour la jolie forme de ses feuilles et ses magnifiques couleurs en automne, un tilleul pour son ombre fraîche et ses fleurs pour la tisane, un mûrier platane pour faire l’élevage de ver à soie, un ginkobiloba pour ses milles écus qui font rêver, de la vie quoi !

  2. Excellent article! Comme d’habitude, Monsieur Mathieu tu nous régales. Je ne suis pas nostalgique du passé, mais jeune instituteur dans les quartiers nord de Marseille, je me revois encore en train de remplir les encriers des bureaux de mes élèves avec la bouteille d’encre violette. J’entends toujours le crissement de la plume sergent major sur les mauvais cahiers alloués par la ville de Marseille.
    Bernadette, tu prends ta retraite cette année après 41 de bons et loyaux services pour Madame l’EDUCATION NATIONALE. Je te souhaite plein de bonnes choses pour cette période de ta vie qui commence.
    Que de choses à raconter et à écrire.

    La première chose que j’ai faite en débarquant dans ma nouvelle classe ( un préfabriqué prêté « provisoirement  » par la ville de Marseille ) à Meyrargues 13650 c’est de supprimer l’estrade en bois qui représentait le symbole de l’autorité.
    23 ans, jeune instituteur qui ne connaissait pas grand chose de la vraie vie, j’ai commencé à installer une grande cage avec un couple de colombes ( symbole de la paix… )
    Ensuite j’ai eu un vivarium avec de temps en temps une couleuvre vipérine que je récoltais en Durance.
    A cette époque, j’avais une blouse grise mais le stylo à bille du Baron Bic avait remplacé la plume Sergent Major.
    J’essayais de pratiquer la pédagogie Freinet, mais je manquais d’ordre .
    Mais 48 ans après, je suis convaincu que c’est une des meilleures pédagogie qui existe.
    Mais ceci est un autre sujet.
    Je suis sûr que Monsieur Mathieu sera d’accord avec moi.
    Bernadette, tu me donnes une excellente idée pour le musée de l’école.
    Je vais en parler à Madame le maire qui a été institutrice dans mon école.
    Je vous souhaite à tous de bonnes journées avec vos élèves et je vous envoie des gerbes de rayons de notre beau Soleil de Provence qui nous réchauffe le cœur.
    ( Si j’ai oublié quelques « s » je m’en moque complètement. Je n’aime pas me relire…)
    Jacques le provençal compagnon du Devoir bien accompli.

  3. J’ajoute une chose : la colle Cléopâtra ! avec une petite palette très technique. Et cette odeur d’amande !!! Voilà sans doute pourquoi j’ai longtemps voulu être égyptologue !

    Pour l’estrade, désolé de te contredire Julie, mais c’est l’ennemi des grands (1,80 m). Surtout que mon établissement elle est partielle, comme une marche mais qui n’occupe que le centre de la classe. Donc à chaque cours je manque de tomber ! (les élèves n’attendent que ça du reste)
    De fait, historiquement c’était conçu pour souligner l’autorité du savoir du maître. Mais si tu as ta salle, tu dois pouvoir faire baisser ton tableau. Courage…

  4. C’est bien cette réfléxion sur le bon sens ! Parmi ces disparus qui manquent cruelllement : l’estrade. Et oui, l’estrade, escabeau des petits formats. A l’heure où la profession s’est féminisée, les petits profs sont bien discriminés ! Juché sur la pointe des pieds pour tenter d’utiliser aussi la moitié supérieure du tableau en s’étirant au maximum, le prof d’1,60 m fait écran à ce qu’il écrit et ne peut finir ses phrases car il gêne les éléves ! Interdiction de s’asseoir à quelque moment que ce soit, car il ne voit plus le fond de la classe, ce qui n’est pas bien pratique pour capter l’attention ou surveiller les évaluations, mais bien fatiguant après trois ou quatre heures consécutives,
    Pourquoi l’estrade est-elle devenue si rare alors qu’elle permettait le confort des professeurs comme des éléves (de plus en plus grands) ?
    Quel esprit fumeux s’est imaginé qu’elle symbolisait la supériorité condescendante du magister sur les apprenants ?

  5. Super, cet article! Je réagis car suis un peu nostalgique! J’enseigne en primaire depuis 41 ans. Cette année scolaire est la dernière puisque j’ai atteint l’âge de la retraite. Ily a 6 ans, nous (les elèves: une bonne trentaine de 6 à 10 ans et ma collègue) avons fêté les 100 ans de notre petitre école (périphérique puisque la commune est très étendue). Nous avons réaménagé une classe de l’ancien temps avec les différents pupitres (récoltés chez les parents et les grands-parents). Nous avons appris à écrire à la plume et à l’encre, nous avons réalisé une exposition avec tout ce que les grands-parents possédaient comme trésors: sac d’école, tabliers, livres et cahiers, bulletins scolaires… Il y avait aussi une exposition de photos. C’était un moment magique. Nous avons invité toutes les personnes qui sont passés dans cette école comme élèves, enseignants, inspecteurs, concierges…Belle expérience pour nos élèves! J’aimerais vous envoyer quelques photos mais ne sais pas comment faire? Merci pour votre site et vos articles. Bonne journée.

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