Excès de viandes et poissons à table, la planète ne tiendra pas le rythme
5 03 2010Au sommet de la chaîne alimentaire, les humains ont pris leurs aises, mais avec la surpêche qui vide les océans et l’aquaculture et l’élevage qui polluent l’eau, les sols et l’atmosphère, il faudra bien changer d’habitudes.
Nourrir l’humanité –9 milliards d’individus à l’horizon 2050 selon les prévisions de l’ONU– nécessitera d’adapter nos comportements, surtout chez les plus riches, et d’aider massivement les pays en développement.
Selon un rapport de la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation, la production mondiale de viande devrait doubler pour atteindre 463 millions de tonnes afin de répondre à la demande mondiale.
Un Chinois qui consommait 13,7 kg viande en 1980 en mange en moyenne 59,5 kg aujourd’hui. Dans les pays développés, on mange plus de 80 kg/personne/an.
L’élevage coûte cher à l’environnement : 8% de la consommation mondiale d’eau, 18% des émissions de gaz à effet de serre (davantage que les transports) et 37% du méthane (21 fois plus réchauffant que le CO2 émis par les activités humaines).
Et bien que source essentielle de protéines, la viande rouge n’est pas « rentable » au plan alimentaire : il faut 3 calories végétales pour produire 1 calorie de poulet ; 7 pour une de cochon et 9 pour une calorie bovine.
Ainsi, plus d’un tiers (37%) de la production mondiale de céréales sert à nourrir le bétail (56% dans les pays riches).
Freinons sur la viande, mais qu’en est-il du poisson ? Les océans ne peuvent plus être pris pour des garde-manger inépuisables : le nombre de bateaux de pêche est deux à trois fois supérieur aux capacités de reconstitution de la ressource.
A ce rythme, la totalité des espèces commerciales aura disparu en 2050.
A force de s’attaquer aux grands prédateurs comme le thon rouge, le consommateur est en train de détraquer le système. Il va falloir apprendre à redescendre dans la chaîne alimentaire, sinon il n’y a plus personne pour manger les espèces du dessous qui se mettent à proliférer, comme les méduses.
De toutes façons, il faudra manger moins de poisson et moins souvent. Quant à l’aquaculture, elle ne peut présenter une alternative que si elle modifie ses pratiques, très polluantes. Et elle aussi surconsomme : 4 kg d’anchois ou de sardines pour produire 1 kg de saumon – et jusqu’à 14 kg de poisson pour 1 kg de thon.
Extraits d’un article de l’AFP paru le 23 février 2010 sur www.france24.com/fr/