La pollution atmosphérique réduit l’espérance de vie des Européens, provoque de l’asthme chez l’enfant, des bronchites chroniques et des maladies cardio-vasculaires chez les plus de 65 ans, et coûte des milliards d’euros à la collectivité. Tels sont les enseignements d’un programme européen, baptisé Aphekom, qui a mobilisé pendant trois ans une soixantaine de chercheurs dans 12 pays et 25 villes, abritant au total 39 millions d’habitants.
Les chercheurs ont calculé les gains potentiels d’espérance de vie dans la population de plus 30 ans si la pollution par les particules fines était partout réduite à 10 microgrammes par mètre cube (µg/m3) en moyenne annuelle. Les résultats sont spectaculaires. L’excès de particules fines – émises en particulier par les véhicules diesel et les sources individuelles et collectives de chauffage – réduit de presque deux ans en moyenne l’espérance de vie des habitants de Bucarest, de presque six mois celle des Parisiens. Rien de tel a Stockholm, ou la pollution est sous la norme OMS.
La pollution atmosphérique a également un rôle de déclencheur de maladies chroniques. Le fait que 50 % en moyenne de la population vit à proximité d’un axe routier assez fréquente (plus de 10 000 véhicules par jour) serait responsable de 15 % des cas d’asthme chez les moins de 17 ans, de 23 % des bronchites chroniques et de 25 % des maladies cardio-vasculaires chez les plus de 65 ans.
Nul doute que les résultats d’Aphekom seront très commentés en France, au moment ou Bordeaux, Lyon, Grenoble, Nice, Clermont-Ferrand, Aix-en-Provence et Plaine Commune (Seine-Saint-Denis) sont volontaires, à l’appel du ministère de l’écologie, pour expérimenter les zones d’action prioritaires pour l’air (ZAPA), et interdire leur accès aux véhicules les plus polluants en 2012. A l’issue d’un débat houleux, le péage urbain a également été rendu possible dans la loi Grenelle 2, pour les agglomérations volontaires de plus de 300 000 habitants. Or des villes comme Stockholm et Londres, ou la pollution est contenue, l’ont mis en place.
Chacun peut limiter les risques, en s’éloignant des moteurs qui tournent à l’arrêt, en n’ouvrant pas les fenêtres aux heures de pointe, en se promenant dans les rues à faible densité de circulation, et en ayant un « usage plus rationnel » des moyens de transport.
Extraits d’un article publié le 02/03/2011 sur http://www.lemonde.fr/planete/
Cet article peut être utilisé dans le cadre du travail proposé sur http://www.ia94.ac-creteil.fr/sciences/edd/edd_piste06.htm : L’air que nous respirons est-il toujours bon pour la santé ?