Article du Parisien 94
Saint-Maur : moins de gaspillage grâce aux menus sans entrée ou sans dessert
Depuis un an, une fois par semaine, l’école maternelle Nicolas-Gatin teste les menus à quatre composantes, contre cinq habituellement. Une façon de limiter les pertes.

Saint-Maur, jeudi 19 janvier. Pesée des aliments gaspillés à l’école Nicolas-Gatin à l’issue d’un déjeuner à quatre composantes. LP/Laure Parny
Une assiette à moitié pleine de carottes râpées à l’orange dans une main, Carine et Ophélie font glisser la nourriture dans une poubelle spéciale. Un sceau par aliment et une balance complètent leur équipement. Ce jeudi, dans l’école maternelle Nicolas Gatin de Saint-Maur, le service des conseillers déchets de Paris-Est Marne et Bois est venu peser les aliments qui finissent à la poubelle. Un an tout juste après le lancement de l’expérimentation sur le service d’un menu à quatre composantes au lieu de cinq, les résultats sont encourageants.
Désormais, en maternelle comme en primaire, une fois par semaine, les enfants mangent soit directement le plat, sans entrée, soit un laitage fait office à la fois de fromage et de dessert. « Les yaourts aux fruits c’est trop bon de toute façon, constate Kais, qui vient de finir son repas. Je n’ai plus du tout faim, c’est pareil que quand on a le fromage et un fruit. Et promis, j’essaye toujours de finir mon assiette. » Comme tous les enfants, le petit de 5 ans a été largement sensibilisé au gaspillage alimentaire par les animateurs de la pause méridienne.
« Le menu à 4 composantes est l’une de nos mesures pour lutter contre le gaspillage, mais c’est loin d’être la seule, assure Julien Kocher (LR), adjoint au maire chargé de la vie éducative. Les animateurs ont été formés. Nous proposons aussi deux fois par mois le menu star, qui est élaboré par les enfants eux-mêmes, tout en restant équilibré. »
Le « gâchimètre » permet une prise de conscience
Autant de mesures qui limitent les quantités jetées. Les plus récalcitrants des enfants ont au minimum été marqués par le jour où tout le pain non consommé était jeté dans une grande urne transparente : « le gâchimètre ». Depuis de nouvelles mesures ont fait leur apparition. « On leur propose des demi-morceaux de pain en fin de repas pour éviter qu’ils ne mangent pas ce qu’ils prennent », souligne une animatrice.
Ce jeudi à Gatin, après deux services et le déjeuner de 98 enfants, la balance sous la poubelle des restes de carottes râpées affiche 1,6 kg. Plus de 6 kg pour les restes de bœuf et de pommes de terre. Mais à peine quelques grammes de yaourts sont restés au fond des pots. « Globalement les élèves de maternelle gaspillent moins que les grands, soulignent Carine et Ophélie, qui font des pesées de temps en temps depuis un an. Souvent ce sont les légumes de l’entrée qu’ils ont du mal à manger. »
La cuisine centrale et la nutritionniste à l’origine des repas ont pris des mesures radicales suite aux fiches de liaisons remplies chaque jour sur ce qui a été bien ou mal consommé. Le chou-fleur a été banni de la cantine, le brocoli n’est plus servi qu’en duo de légumes ou en gratin, les litchis sont mieux mangés au sirop que frais. Quant au menu à 4 composantes, il est définitivement adopté.
« Pour autant nous le limitons à une seule fois par semaine, il serait trop difficile de garder des menus parfaitement équilibrés s’il revenait trop souvent », précise Julien Kocher. Reste l’étape d’après. Seules quelques écoles disposent d’un composteur, mais cette mesure pourrait elle aussi se généraliser.
Clés
5 camions parcourent la ville chaque matin pour amener les plats (chauds et froids) de la cuisine centrale aux cantines.
5 200 repas sont servis chaque jour dans les cantines de Saint-Maur.
200 agents et 280 animateurs assurent l’encadrement des enfants pendant la pause méridienne.
De 178 g à 102,9 g : c’est la baisse moyenne du gaspillage par enfant quand est proposé un menu à 4 composantes au lieu de 5.
Laure Parny