Alexis Pire consentement à l’impôt

Pas encore lu mais le dernier livre d’alexis Spire semble important en ces temps troublés

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Extraits de l’intro

L’impôt est au fondement d’un pacte social qui est le produit des relations nouées au cours de l’histoire entre les gouvernés et la puissance publique. Au XIXè siècle, sa justification était principalement de financer des missions régaliennes : l’armée, la police et la justice. En France, il est devenu après la Seconde Guerre mondiale un élément clé des politiques redistributives et d’une protection sociale financée également par les cotisations ; le taux de prélèvement obligatoire est passé de 15 % de la richesse produite en 1945 à 45 % en 2017. Un tel système de solidarité collective ne peut perdurer que s’il repose sur un accord relativement large de celles et ceux qui y participent. (…) Le terme de résistance renvoie à des pratiques qui peuvent aller des tactiques discrètes aux mobilisations les plus bruyantes (…) Mais ces différentes modalités se nourrissent mutuellement et prospèrent sur un sentiment d’injustice fiscale qui semble d’autant plus répandu qu’il renvoie à des considérations très variables et parfois éloignées des intérêts de celles et ceux qui les énoncent. Ainsi, il n’est pas rare que les bénéficiaires de prestations versées par l’État s’associent aux plaintes contre l’impôt ou que des ménages ayant de petits patrimoines fustigent les droits de succession dont ils sont pourtant exonérés.

(…) Ainsi, la fragilisation de l’acceptation de l’impôt ne s’explique pas seulement par un déficit de solidarité mais aussi et surtout par la conviction de ne pas recevoir une juste part des richesses nationales. Ce sentiment d’injustice n’implique en aucune façon une remise en cause de l’État ou de l’impôt ; il peut en revanche se conjuguer avec la revendication d’une intervention publique plus équitable. (…) On se propose tout d’abord de revenir sur la place de la question fiscale dans le débat public, en montrant qu’elle fonctionne comme un trompe-l’œil : les impôts qui apparaissent le plus, dans les controverses accompagnant les réformes, ne sont pas nécessairement les mieux connus par les différentes catégories de contribuables. Cette méconnaissance du système fiscal tend à accentuer la défiance envers l’impôt, avec toutefois des variations importantes. Au bas de la hiérarchie sociale, les membres des classes populaires sont encore nombreux à se rendre au guichet du fisc et sont aussi les plus enclins à se plaindre du niveau des prélèvements. Par comparaison, les classes moyennes s’en accommodent davantage, en usant des différentes possibilités de réduction et de dérogations. Curieusement, ce sont les classes supérieures qui affichent un rapport relativement apaisé à l’impôt : celles et ceux qui disposent de hauts revenus et de patrimoines élevés s’arrangent avec les règles fiscales de façon plus discrète que ne le font d’autres groupes sociaux.

(Alexis Spire : « Résistances à l’impôt, attachement à l’Etat – Enquête sur les contribuables français » – Seuil – 2018

About GhjattaNera

prufessore di scienze economiche e suciale a u liceu san Paulu in Aiacciu

Category(s): actualité

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