
J’ai évoqué hier en cours les deux ministres en charge du développement durable – dans les deux cas, méfions-nous des apparences…
Jean-Louis Borloo détient l’un des grands portefeuilles du gouvernement, le Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du Territoire (ouf!). Sous une apparence brouillonne (raillée par Les Guignols de Canal+), il s’agit d’un homme politique expérimenté et habile : d’origine modeste, cet ancien avocat d’affaires est devenu en 1989 maire de Valenciennes (Pas-de-Calais), et a travaillé pour le redressement de cette ville et de ses environs, très touchés par le chômage. En 1993, il refuse les voix du Front national au Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, ce qui lui fait perdre la présidence de la région. Sous J.Chirac, il est ministre de la Cohésion sociale, et lance un grand plan de construction de logements sociaux qui faute de financement ne sera guère concrétisé. Malgré cet échec, il demeure populaire dans l’opinion ; il prend son temps avant de soutenir Nicolas Sarkozy et d’adhérer définitivement à l’UMP. Depuis un an, il tente de mettre en application le Grenelle de l’Environnement (organisé juste après l’élection de N.Sarkozy) ; avec le système des bonus-malus, certains l’ont accusé de créer de nouveaux impôts (alors que pour l’instant le solde des bonus et malus écologiques est négatif pour le budget de l’Etat). Ses bonnes intentions se traduiront-elles par une politique cohérente et efficace ? Sera-t-il toujours autant soutenu par N. Sarkozy qu’il l’est actuellement ?

Intéressons-nous à celle qui traite en profondeur des dossiers écologiques de J-L Borloo : la Secrétaire d’Etat à l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet. Celle-ci a un profil bien différent : jeune, issue d’une famille impliquée dans la politique depuis plusieurs générations, elle s’est tout de suite spécialisée dans les questions environnementales (elle est ingénieur des Eaux et forêts). Elle a rédigé la Charte de l’Environnement (à l’époque de J.Chirac), organisé le Grenelle de l’Environnement, et elle est également secrétaire générale adjointe de l’UMP. En bonne polytechnicienne, elle est convaincue que c’est par les innovations technologiques, et les incitations gouvernementales en faveur des produits « propres », que nous pourrons résoudre la question du développement durable. Sous ses allures de bourgeoise élégante et fragile, elle ne manque ni de volonté ni de courage, y compris face à son propre parti, comme en avril dernier, lors des débats à l’Assemblée nationale concernant la loi sur les OGM : très motivée par son projet de loi, ayant de bons rapports avec José Bové et ayant soutenu indirectement un amendement d’un député communiste opposé aux OGM, et sentant en outre un manque de soutien de la part des députés UMP et de J-L Borloo lui-même, elle évoque alors un « concours de lâcheté et d’inélégance ». Elle recevra une volée de bois vert de la part des députés et du Premier ministre (ce qui l’obligera à s’excuser) : mais le vert lui va si bien… Allez, pour le plaisir, encore une interview d’elle, à l’époque de cette polémique, sur France Inter, où elle s’explique en détail. Selon un sondage IFOP-Journal du dimanche du 12 avril 2008, 8 Français sur 10 la soutenaient sur cette question.
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