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Phèdre, Lecture cursive

 

Pierre-Narcisse Guérin, Phèdre et Hippolyte, (détail de Phèdre) 1815

Pierre-Narcisse Guérin, Phèdre et Hippolyte, (détail de Phèdre) 1815

Il me semble utile de résumer ce qui a été dit en classe à propos de Phèdre et particulièrement à propos de la mise en scène de Patrice Chéreau.

Pour le Bac, vous ne pouvez être interrogés sur Phèdre lors de la première partie de l’oral mais l’entretien peut s’appuyer sur vos lectures cursives.

un résumé (très) rapide :

Phèdre, Jean Racine (1677) titre initial, jusqu’à l’édition de 1687 Phèdre et Hippolyte.

Phèdre aime Hippolyte, le fils de son mari Thésée. Quand la mort de ce dernier est annoncée, elle avoue son amour. Hippolyte la repousse, il aime Aricie. Jalouse, Phèdre calomnie Hippolyte auprès de Thésée, miraculeusement revenu. Le roi maudit son fils qui meurt peu après. Phèdre avoue son crime et se donne la mort.

Phèdre se considère coupable d’un amour interdit. Sa passion pour Hippolyte est qualifiée d’incestueuse. En réalité Phèdre et Hippolyte n’ont pas une goutte de sang commun. Il est le fils de son mari et d’Antiope.

La culpabilité de Phèdre c’est d’oser aimer son « beau fils » mais surtout de l’avoir accusé à tort, par jalousie, et de l’avoir ainsi indirectement condamné à mort.

Les personnages de cette tragédie sont, naturellement, de familles prestigieuses :

Phèdre : fille de Minos (roi de Crète) et de Pasiphaé, épouse de Thésée. Petite fille du soleil par sa mère et de Jupiter par son père, sœur d’Ariane, demi-soeur du minotaure.

 Thésée : Fils d’Egée, roi d’Athènes. Dès sa jeunesse, il se signala par des exploits héroïques. C’est lui qui, par exemple, tua avec l’aide d’Ariane, le minotaure dans un labyrinthe en Crète. Amant volage, Thésée abandonne Ariane pour épouser sa soeur, Phèdre dont il aura deux enfants Acamas et Démophon.

Hippolyte : Fils de Thésée et d’Antiope, reine des amazones. Pur et chaste, il resta insensible à la passion que lui voua Phèdre.

 Minos : Roi de Crète. Son sens de la justice lui valut, après sa mort de devenir un des juges aux enfers. 

Oenone : nourrice et confidente de Phèdre. Entièrement dévouée à sa maîtresse, elle contribua involontairement à sa perte.

 Aricie : fille de Pallante (ou Pallas), sœur des Pallantides qui ont osé contester le trône d’Athènes.

 

Quelques remarques faites en classe :

La beauté du texte : Les 1654 alexandrins de cette tragédie de Racine méritent toujours d’être soulignés. Bien sûr, il y a les fameux et inévitables :

La fille de Minos et de Pasiphaé

ou

Le jour n’est pas plus pur que le fond de mon cœur

mais  cette beauté réside aussi dans les actions simples, anodines racontées par Théramène ou Oenone qui donnent l’impression qu’il est tout à fait naturel de parler en alexandrins ; ou dans les constats simples et terribles :

Hippolyte est sensible et ne sent rien pour moi

ou le vers que se partagent Oenone et Phèdre :

Ils ne se verront plus / ils s’aimeront toujours

La représentation :

dans la version que vous avez vue, la passion est exacerbée, les acteurs crient parfois, se jettent à terre… et certains d’entre vous ont été étonnés, dérangés…

Cette passion (au sens étymologique) montrée, exposée permet la catharsis. C’est à dire que le spectateur, en regardant le spectacle de la douleur, de la jalousie est comme libéré de ces sentiments qu’il n’aurait pu analyser, développer, comprendre autrement. Par exemple, Phèdre pense qu’Hippolyte ne ressent rien pour elle et qu’il en va de même pour toutes les femmes. Puis elle apprend qu’il en préfère une autre. Elle pense ensuite qu’elle est le « seul objet » qu’il ne peut souffrir, que tout le monde  sauf elle était au courant… L’analyse des degrés de cette douleur est « vraie », exacte et tous ceux qui ont connu ces souffrances les retrouvent devant eux, clairement exposées et en sont comme « purgés ».

Le corps d’Hippolyte ensanglanté apporté sur la scène, le geste de son père qui se couvre de son sang, les costumes… sont des choix de mise en scène qui vous permettront de développer le rapport proposé par votre objet d’études « Texte et représentation ».

Les remarques sur le héros tragique « victime et coupable » selon Aristote, sur les chevaux d’Hippolyte dont l’humeur suit celle du maître, sur l’incroyable monstre marin… peuvent également compléter vos réponses sur votre lecture. Les sources (Euripide, Sénèque… ont, bien avant Racine, conté la tragique histoire de Phèdre et d’Hippolyte) permettent aux première L une ouverture sur la « réécriture » et donc sur le classicisme, le culte des anciens, de l’imitation…

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