Le 20 août 1917
Ma Marie,
Comme on se retrouve, j’espère que tu vas bien ! Ah il me tarde de me débarrasser de ce foutu papier, d’arrêter cette maudite guerre et de revenir pour te serrer dans mes bras. Tu me manques petite sœur ! J’ai réussi encore une fois à échapper aux obus, je me suis réfugié au gourbi. On y boit un jus. Le moral n’est pas au rendez-vous mais le renfort américain nous aide un peu car voir nos amis danser comme des chiens nous donne la rage mais craindre la mort chaque seconde c’est encore pire.
L’hygiène ce n’est pas ça non plus : entre la boue et les rats…J’ai l’impression que la saleté me ronge la peau. Je ne cesse de penser aussi au premier soldat que j’ai tué. Nous étions face à face et je tremblais comme une feuille. J’ai compris à cet instant les enjeux de la guerre : tuer ou être tué ! Lui ou moi…Je n’ai plus réfléchi et j’ai appuyé sur la détente ! Mais la vision de cet Allemand inerte au sol me fait encore ressentir un pincement au cœur ! Mon humanité s’était désormais envolée et encore maintenant continuer cette tuerie m’écœure au plus haut point. Mais ne t’inquiète pas, tout ça est bientôt fini ! Alors à mon retour, nous prendrons un bon verre !
A très vite
Léon