Un Gueux jugé à Périgueux

Le procès de Claude Gueux

par les classes de 4è4 et 4è5 et leurs professeures Mme Sgrazzutti et Mme Shaw

Le 8 Juin 2018 , les élèves de 4°5 et 4°4 du Collège de Michel de Montaigne ont revisité le procès de Claude Gueux, en le jouant au Tribunal de Grande Instance de Périgueux.

Ils se sont emparés du texte de Victor Hugo écrit en 1834, suite à un fait réel intolérable où l’accusé ne pouvait échapper à la peine de mort.

De nos jours cette peine capitale est heureusement abolie, c’est pourquoi les élèves ont placé ce procès à l’époque contemporaine.

Il était question de défendre ou d’accuser un homme, Claude Gueux, qui avait commis un meurtre sur le Directeur des ateliers d’une prison, M.Delacelle. Cet assassinat avait été prémédité et annoncé dix jours auparavant, mais était aussi horrible : 5 coups de hache !

Pourquoi un tel acte ? Si les avocats de la défense ont démontré que le prisonnier Gueux était harcelé moralement par ce gardien de la prison, les avocats de la partie civile ont eux cherché à émouvoir le public et la cour pour la famille de la victime détruite, et les avocats généraux ont quant à eux défendu la société.

Pour les uns l’accusé était coupable de barbarie, pour les autres coupable avec préméditation et enfin pour les derniers, Claude Gueux était coupable avec des circonstances atténuantes.

Afin que ce procès de Cour d’Assises soit complet, les témoins sont passés à la barre : tout d’abord les témoins de la partie civile qui étaient le guichetier et la directrice de la prison, l’épouse. Sa colère et sa tristesse ont ému les jurés et le public. Sa fille, horrifiée par l’assassinat de son père, s’est montrée bouleversée.

Ensuite ont défilé à la barre les co-détenus de Claude Gueux. Nous avons entendu le témoignage de Mr Pernot qui avait parlé avec l’assassin quelques temps avant son passage à l’acte. L’accusé lui aurait avoué avoir jugé lui-même en son âme et conscience le directeur des ateliers. Mais c’est Albin Lapayre, l’ami de Claude Gueux qui semblait le plus attristé d’avoir été définitivement séparé de ce dernier.

Toutefois Mme Verneuil, directrice de la prison, créa la surprise. Très émue par les événements, elle éclata en sanglots et ne put terminer son témoignage.

Quant à Claude Gueux, il confirma qu’il avait été humilié et harcelé par le directeur des ateliers. Ses déclarations ont certainement constitué en sa faveur des circonstances atténuantes.

Tous les élèves comédiens étaient plutôt anxieux à l’approche de la représentation. Ils se sont investis avec passion dans ce projet, et avaient appris leur texte et la mise en scène. L’émotion était grande dans les coulisses au moment où les élèves ont dû revêtir la robe d’avocat, personne n’y étant habitué. C’était une grande première pour tous. Les élèves jouant les rôles de témoins ont dû investir le caractère et un jeu spécifique pour leur personnage. Les cours d’expression théâtrale des trimestres précédents donnés au collège les avaient fortement aidés.

Ce projet de réécriture a permis de comprendre mieux le fonctionnement de la justice en France.

En effet, l’éducation morale et civique a pris vie lors de ce travail ; les élèves de ces deux classes ont pu comprendre l’argumentation en écrivant les plaidoiries pour défendre l’une des deux parties, ou le réquisitoire des avocats généraux. Il fallait parler à la Cour et bien parler avec éloquence, tout un style à apprendre. Les deux classes pensaient que la justice était trop clémente, mais elles se sont rendu compte qu’elle était beaucoup plus juste et humaine qu’on ne le croit.

Grâce à la présence de magistrats présents dans la salle d’audience – procureur, le président du barreau et président du tribunal Monsieur Simon-Delcros – les élèves ont pu discuter de la peine de prison qu’ils ont attribuée à Claude Gueux. Les collégiens ont estimé juste de le condamner à 19 ans de prison, tandis que les professionnels ont contesté cette décision, la trouvant trop dure !

Ce travail sur Claude Gueux était en lien avec le tournage d’une série, Victor Hugo ennemi d’Etat du réalisateur Jean Marc Moutout ; il a permis aux élèves de rencontrer la productrice et la scénariste des épisodes. Ce fut une belle occasion d’échanger sur les métiers du cinéma et de mieux comprendre la construction des séries. Par la suite, cinq élèves sélectionnés par un questionnaire sur le cinéma, ont eu la chance d’assister à l’envers du décors du tournage. Là, ils ont été très impressionnés par les coups de canon, les costumes des comédiens, les techniciens et le souci du détail de transformer Périgueux à l’époque du « génie du siècle ».

Les deux classes tiennent à remercier chaleureusement Mme Laxun qui a organisé les rencontres avec le président du TGI de Périgueux, les professionnels du tournage de la série, et a conseillé les élèves pour le jeu du procès.

Les élèves n’oublient pas Monsieur Simon-Delcros pour sa disponibilité et son amabilité ; il a trouvé du temps pour venir rencontrer les collégiens et leur expliquer la justice française, n’hésitant pas à répondre à toutes les questions, même les plus saugrenues !

Enfin ce procès n’aurait pas pu être écrit sans l’aide du juge Gaschard qui a veillé à la précision de l’écriture de ce procès.

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