un débat à la sortie du tribunal

Voici la rédaction de Mathilde ; vous pouvez consulter le texte d’origine, le sujet et le travail de Valentin, Lisa et Julie dans les articles précédents.

L’accusé a été déclaré coupable et a été condamné à huit ans de bagne. Les jurés sortent du tribunal. L’un a une mine plutôt affaissée tandis que l’autre ne s’arrête pas de sourire. L’air réjoui de ce dernier provoque l’indignation de l’autre :
– Vous n’avez donc aucun remord d’avoir ainsi puni un honnête marchand ?
– Je n’ai fait que mon devoir, celui de condamner les coupables et votre voleur fait parti de ces gens-là, répondit calmement Mr Dupont.
Le juré au salaire plutôt modeste n’avait pas l’habitude que l’on conteste ses opinions. Cet homme au visage marqué impressionnait ses proches par la sagesse qui se dégageait de lui. Il était de taille moyenne avec des cheveux bruns et ses yeux pétillants montraient son incroyable joie de vivre. Pourtant il était issu d’une famille pauvre et avait dû travailler jeune pour pouvoir se payer ses études. Malgré son parcours chaotique, il méritait sa place actuelle et s’y sentait à l’aise.
Sûr de lui, il se surprit même à ajouter :
– Je vais peut-être vous choquer, mais je n’ai pas douté un seul instant de sa culpabilité.
– Sa culpabilité ? Vous y allez peut-être un peu fort ! Il a volé, certes, mais qu’est-ce que condamner quelqu’un à huit ans de bagne pour une si petite filouterie ? Il n’a volé que quelques sous, il n’a pas braqué de banques !, s’emporta Mr Bourelet. Il avait haussé le ton et quelques gouttes de sueur perlaient au niveau de son front.
Mr Dupont rétorqua :
– Quand bien même ce n’était que quelques sous, il n’a besoin de rien, il vit dans le luxe alors pourquoi voler des miséreux qui n’ont pas de quoi manger à leur faim ? C’est de la méchanceté pure et simple, cher collègue.
Mr Bourelet fronça les sourcils et réajusta légèrement sa veste. Il toussota bruyamment et quelques postillons finirent leur voyage sur les joues rosies par le froid de Mr Dupont. Notre brave homme eut un sourire crispé et s’essuya d’un revers de main.
– Peut-être l’aura-t-il fait pour s’amuser un peu, voilà tout, dit Mr Bourelet en haussant les épaules.
– Ah ! Vous appelez cela de l’amusement, vous ? Les pauvres n’ont pas choisi d’être pauvres, il faut les aider, pas les persécuter ou bien les voler et croyez-moi, j’en sais quelque chose.
Le gros marchand jeta un rapide coup d’oeil vers sa montre. Il transpirait maintenant à grosses gouttes.
– Bon, de toutes façons, nous n’arriverons point à nous entendre. Sachez seulement que sa notoriété va baisser sérieusement, cela aurait suffit à le punir. Mais comme vous n’avez pas l’air de comprendre notre langage, à nous, les riches, je vais vous laisser.
Mr Dupont eut un petit rire moqueur :
– Vous croyiez vraiment que vous auriez pu faire quelque chose pour votre protégé ? Vous ne pouvez plus rien. C’est la justice qui a voulu cela, c’est tout. D’ailleurs, je l’en remercie !
Mr Bourelet poussa un grognement et s’éloigna d’un pas vif, rouge de colère.
Etant enfin seul, Mr Dupont fut prit d’un fou rire.

 

 


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