Sep 12 2009

Texte libre de Sébastien – 3e

 


Chaque vendredi, en deuxième partie d’heure, les élèves ont du temps pour écrire (et s’ils le souhaitent, lire) un texte sur le sujet qu’ils veulent : aucune contrainte d’écriture n’est posée. Je ne fais aucune correction ni modification. S’ils le souhaitent toujours, le texte sera publié ici, et dans ce cas, nous corrigeons l’orthographe. Voici le premier, bonne lecture, et merci à Sébastien !




Serguei 2K

Serguei 2K

Le 10 août 2009


Mme Jackson


Que dieu vous donne le courage de lire cette lettre.


Nous étions tous terrifiés. Moi et une trentaine d’homme en train de prier, pleurer, vomir. Quelques hommes marmonnaient des choses mais le son de leur voix était couvert par des bruits horribles. Tous les hommes tremblaient. Serrant contre leur cœur battant à toute vitesse leur objet de ferraille. Nous n’arrivions même pas à penser à autre chose que ce qui nous attendait derrière cette porte de bateau.


Il pleuvait mais tous les hommes l’avaient oublié. Nous n’entendions même pas les vagues de cette mer agitée. Seuls les bruits terribles qui ressemblaient aux bruits des feux d’artifices étaient audibles. Je me demandais si les vomissements des autres hommes étaient dus au mal de mer ou à la peur; sûrement aux deux. Il devait faire pas loin de 10°C mais nous transpirions sous nos uniformes imbibés d’eau. Je ne connaissais personne dans ce bateau.


Deux avions passèrent au dessus de nos têtes. Soudain nous entendîmes une voix qui cria << largage dans dix secondes >>. Nous eûmes l’impression que nos cœurs allaient exploser. Puis à peine six secondes après le cri du commandant, la porte du bateau s’ouvrit. Les dix hommes devant moi s’abattirent sur le champ les corps criblés de balles.


Nous nous jetâmes dans l’eau. Certains d’entre nous n’avaient pas pied. Deux officiers qui ne savaient pas nager ne remontèrent pas à la surface. Je suis resté dix secondes sous l’eau. Ma mitraillette coulait mais la sangle qui serrait étroitement mon cou l’empêchait de toucher le sable où gisaient des cadavres. Ces dix secondes me semblaient être dix heures. Enfin je remontai à la surface et ce n’est qu’en dehors de l’eau que je m’aperçus que la Manche était rouge sang. Je fis quelques mètres et je me réfugiais derrière un tas de cadavres.


L’éclat des obus et les tirs des mitrailleuses des blockhaus me rendaient à moitié sourd et je me rendis compte peu après que quelqu’un me parlait. C’était un jeune garçon d’une vingtaine d’années mais je n’entendais pas ce qu’il disait. Puis j’entendis le son d’une balle. Une balle qui frappa le sergent Jackson à la tempe gauche. La mort de votre fils remplaça ma peur par de la haine …


Je pense que vous ne voulez pas savoir la suite. J’aurais aimé vous dire ses derniers mots sur cette plage le 6 juin 1944.


Toutes mes condoléances.


Le sergent-chef James Ryan,


un homme que les horreurs de la guerre


hanteront toute sa vie