Je précise que cet article n’a aucune valeur scientifique, c’est une réflexion menée, tout simplement, qui peut servir à d’autres …

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Avec Virginie-Gorgone  Berger, PEMF, on s’est lancées dans un débat sur la littérature autour des albums et des romans. Les livres dont nous disposons en classe, que nous aimons tellement pour certains, sont-ils à travailler en littérature ou pas ?

Tout est parti du Loup qu’on aime retrouver à toutes les sauces, haut en couleurs, avec ses amis habituels et ses aventures qui inspirent les enfants. Est-ce à travailler en littérature ?

Si pour mon mémoire sur le Storytelling, j’avais élaboré ma propre grille pour choisir un album en anglais, en m’appuyant sur les critères de Gail Ellis et de Renée Léon, cela concernait avant tout la langue vivante et l’acquisition de lexique et de formulations. Toutefois, ce critère nous semble aussi intéressant à prendre en compte pour un album en français, afin d’enrichir le vocabulaire des élèves et d’arriver à ce qu’ils s’approprient un langage plus riche que le langage commun ; comme dit Viviane Bouysse, il faut les amener à « parler comme un livre« .

Définitions de la littérature de jeunesse 

Pour  nous aider, il nous a fallu faire appel à des ressources spécialisées, comme La littérature de jeunesse à l’école de Renée Léon, Lire la littérature à l’école de Catherine Tauveron, Lire des récits longs de Patrick Joole et cet article documenté de la salle des profs.

Voici la définition retenue : « La littérature de jeunesse permet la découverte du monde au travers de textes qui donnent à partager des modes de pensée et des points de vue variés. La littérature de jeunesse permet de nourrir l’imaginaire enfantin, faire découvrir un usage particulier de la langue, faire découvrir le patrimoine.

Concernant l’album :

  • Il stimule l’imaginaire des enfants.
  • Il contient une double narration opérée par le texte et par les illustrations.
  • On y trouve des thèmes quotidiens en rapport avec le « réel » et les centres d’intérêt des petits enfants.
  • Il comporte des structures syntaxiques spécifiques pour l’apprentissage de la langue écrite.
  • Dans certains albums, l’image permet de comprendre l’implicite du texte, dans d’autres, règne une certaine ambiguïté pour donner l’occasion au travail d’inférence.
  • L’album est un genre littéraire complexe où tout n’est pas dit ouvertement (l’implicite). Ce sont souvent des œuvres résistantes qui suscitent la réflexion du lecteur. L’implicite dans l’album peut se cacher dans le texte ou bien dans les images, ce qui le rend d’autant plus riche. Il est polymorphe, ainsi on pourrait parler d’implicites multiples au sein des albums. Comme nous l’avons dit, il peut revêtir différentes formes parmi lesquelles l’implicite des illustrations, du récit, des personnages, du message, l’humour …

Dans l’ouvrage Lire des récits longs de Patrick Joole, Retz, l’auteur ajoute qu’il faut travailler « la construction d’une culture à la fois par le réseau des lecteurs mais aussi le réseau des lectures (reconnaissance d histoires déjà entendues ou lues) et l’identification de personnages-types. L’école doit faire découvrir deux modes de lecture: l’émotion et la distanciation. En confrontant l’enfant à des émotions, l’école œuvre pour une meilleure compréhension de l’homme et du monde. Sì la lecture plaisir l’emporte, l’école n’est alors plus que bibliothèque et non lieu d apprentissage et d’égalité de tous devant la lecture ».

Toutefois, l’article de La Grande Ourse nuance un peu les propos, avec ses références à Quelle place pour la littérature à l’école ? Retz. Tout dépend de la place que l’on veut donner à l’oeuvre, de l’usage que l’on veut en faire. Elles sont toutes oeuvres de littérature de jeunesse. Mais si on veut favoriser la réflexion, certaines s’y prêtent mieux que d’autres

Comme me le fait remarquer Nathalie Leblanc, formatrice à l’ESPE de Nice et CPD Maîtrise de la langue, d’autres ouvrages qui paraissent plus pauvres en réflexion sont pourtant essentiels à la construction de la personnalité de l’enfant, car ils sont propices à comprendre le monde et permettent d’intégrer un scénario simple avant d’aborder des oeuvres plus résistantes. C’est le cas de Tchoupi, Oui-Oui, Spot, Petit Ours Brun à la Maternelle; que Patrick Joole nomme les scripts, et même du Loup qui … 

Voir l’article de Patrick Joole sur les scripts : CLIC.

Donc, notre réflexion est maintenant plus nuancée …

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Réflexions 

Alors, qu’en est-il du  Loup qui …  , car  on adore ce personnage et mes élèves aussi ? Eh bien je le vois bien en Maternelle, pour le fameux scénario de base évoqué plus haut, mais il est vrai qu’en CE1, il ne suscitera pas trop de réflexions. Par contre, on choisit une autre fonction pour cette série de livres, autre que les inférences et le débat interprétatif, voilà toutLa structure répétitive a permis d’isoler la structure pour faire un travail de production d’écrits, d’enrichissement lexical (les transports) avec croisements entre enseignements et d’étudier la langue (les noms).

Toutefois, ce qu’on retient et qui nous permet de trancher quand on veut faire de la Littérature avec de la réflexion, c’est que l’oeuvre doit être résistante et susciter la réflexion du lecteur avec des implicites sujets aux débats interprétatifs et avec des illustrations permettant de travailler les inférences. En fait, il faut que l’oeuvre soit dans une ZPD où une partie reste accessible à l’élève, de par le lexique et les connaissances culturelles, et où une partie ne l’est pas encore mais le sera, avec un enseignant qui accompagnera la réflexion.

Il reste que s’il y a des listes de références de livres pour chaque cycle, ce n’est pas pour rien, certains spécialistes s’étant déjà penché sur la question. En lisant les réflexions sur Eduscol à propos de leur sélection d’oeuvres de littérature de jeunesse, on retrouve bien les critères suivants : la volonté de permettre aux élèves de se constituer une galerie de « personnages types », la lisibilité des oeuvres en fonction de l’âge des élèves prenant en compte la longueur du texte, sa complexité linguistique, les références culturelles à mobiliser , l’ouverture vers des pratiques pédagogiques et éducatives : mise en voix, mise en images, débats interprétatifs, le développement des différentes facettes de la lecture : confrontation des interprétations, lectures en réseaux …

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Ma grille pour choisir un album à travailler en Littérature-réflexion

Face au choix grandissant d’albums et de romans, on peut s’appuyer sur un outil pour s’interroger avant de se lancer dans l’étude d’une oeuvre en littérature. Les critères ne sont pas valables pour les albums de Maternelle à cause du fameux scénario de base évoqué plus haut.

Cette grille permet de prendre des notes et récapitule tous les points abordés dans cet article pour choisir un livre de Littérature qui permette une réflexion chez les élèves. Et en répondant aux questions de cette grille sur l’oeuvre choisie, vous pourrez voir se dessiner les premières pistes pour élaborer votre exploitation … Elle a donc une double fonction.

Une fois de plus, c’est juste un outil pour vous aider, sans valeur scientifique ! Mais moi, ça m’aide, alors peut-être que vous aussi 🙂

Grille pour choisir une oeuvre propice à une réflexion entre les élèves en littérature

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Conclusion 

Certains livres ne sont pas forcément à exploiter en littérature si on cherche à favoriser une réflexion chez les élèves pour qu’ils améliorent leurs compétences de lecteurs.Le même livre peut être étudié en Littérature dans un niveau et ne plus avoir d’intérêt dans un autre s’il n’apporte pas un « plus » aux élèves : s’ils sont capables de le comprendre sans nous, ils n’apprendront rien. Je reste convaincue que pour progresser, le texte doit être un minimum résistant, le cas de la Maternelle mis à part (et encore, un Babar peut être résistant pour un élève de Maternelle).

C’est dans cet esprit que j’ai choisi les oeuvres de mon ouvrage THE littérature, dont je parle ici : CLIC

 

Vous aimerez aussi : 

-L’article de « L’école de demain » sur la compréhension en lecture avec des références d’ouvrages pour l’enseignant : CLIC

– L’article sur l’avis de Roland Goigoux pour expliquer pourquoi les résultats en baisse des élèves en lecture : CLIC

 

Commander le livre de Catherine Tauveron

Commander le livre de Patrick Joole

 

Sylvie Hanot, Cafipemf généraliste et LVE

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