Vous avez sûrement entendu parler de la classe flexible ? C’est la grande tendance du moment. Mais on croit souvent que ça se résume à du matériel onéreux qui permet aux élèves de bouger, alors qu’il faut distinguer enseignement flexible et environnement flexible.  Je ne faisais pas vraiment le distinguo ce qui fait que je n’étais pas vraiment convaincue par le concept de classe flexible. A la lecture de ce livre, force est de constater que ma conception sur la classe flexible a évolué, d’autant que j’ai découvert que je travaillais déjà sans le savoir en classe flexible, mais que je peux améliorer certaines choses …

CLASSE FLEXIBLE

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Le livre débute par un test pour voir quel est votre profil, afin de vous montrer que tout changement peut se faire en adéquation avec votre personnalité et votre façon de travailler. Pour ma part, moi je suis à égalité entre le rond (besoin d’interaction, de travail en équipe) et le carré (besoin de nouveauté, de défi). J’ai donc orienté mon regard sur ces 2 profils-là pour pouvoir améliorer mon fonctionnement.

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Le but de l’enseignement flexible est d’être au plus près des besoins des élèves et de leur rythme, tout en les faisant agir plus, en travaillant en groupes restreints : un groupe avec l’enseignant, pour être à l’écoute du plus grand nombre, et des centres d’autonomie et des ateliers de manipulation. Ce n’est pas tout à fait la même chose mais ce n’est pas des activités occupationnelles sans apprentissages.

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Cela demande de l’organisation et une planification : plans de travail, contrats, le livre donne des idées pour tous les goûts avec leurs avantages et leurs inconvénients. Pour ma part, mes élèves ont des plans quotidiens par groupes, avec possibilité d’y revenir le lendemain. Mon point faible reste la gestion du temps et là aussi, il y a des idées. En ce qui concerne le groupe en autonomie, interdiction de me déranger sauf si c’est une question de vie ou de mort^^ ! Le livre propose toutefois de bonnes idées pour palier l’indisponibilité de l’enseignant : les outils d’aide doivent être prêts et identifiés (affiches, cahiers, leçons), les colliers de tuteurs et le SOS Maîtresse qui est chez moi le coin « I don’t understand« . Quant au bruit, j’accepte un bruit de fond léger, des déplacements exceptionnels : le respect, ça s’apprend. Pour les élèves qui sont gênés par le brouhaha ambiant, j’ai eu l’idée de tester les casques anti-bruits.

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Dans le bouquin, il y a une partie dédiée à l’enseignement explicite : non, les élèves ne peuvent pas réinventer le fil à couper le beurre tout le temps ! Ce type d’approche où on structure la pensée n’empêche pas un travail de recherche, d’institutionnalisation, d’entraînement et surtout de métacognition. Et il est loin d’être incompatible avec la liberté laissée à l’élève dans un enseignement flexible (il faudra aller voir l’explication détaillée dans le livre). Travailler seul, cela ne se fait pas d’instinct chez l’enfant, cela s’apprend : il faudra donc « perdre » du temps au début, pour en gagner ensuite.

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Le mur des compétences dans ma classe pour une pédagogie explicite : il permet aux élèves de se projeter et de noter les progrès et nos avancées. Parce que comme on ne fait pas des tonnes de fiches de classeur, qu’on manipule beaucoup et qu’on écrit sur des fiches plastifiées autocorrectives, je veux que mes élèves réalisent qu’on travaille bien sur des éléments du programme. En plus, ils sont souvent tellement happés par des projets qu’ils n’ont pas parfois pas l’impression de travailler, car ils n’ont pas « souffert » de ce travail ^^ ça paraît incroyable et pourtant … 

En ce qui concerne le chapitre sur l’évaluation, j’adhère aux idées du bouquin, que je ne partagerai pas ici parce que c’est trop long. On y trouve un bon paragraphe consacré aux différents outils : cahier de progrès, livret de réussite, arbre des réussites, etc … Concernant mes petites évas plastifiées, je ne savais jamais comment les corriger a posteriori, puisque c’est effaçable justement. Je trouve l’idée de l’auteure de la classe ULIS très intéressante : la petite poche à fiches, à photocopier pour garder trace ! Je note l’idée !

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Il y a un paragraphe consacré aux fournitures scolaires : dans la plupart des classes flexibles, il y a du matériel commun pour éviter de manquer de quoi que ce soit. Moi, je ne suis pas pour, et encore moins les parents. Les auteures ont l’honnêteté d’évoquer les avantages et les inconvénients de ce système. Pour ma part, les élèves ont une réserve dans des casiers avec un tiroir à leur nom, en hauteur, et ils apprennent à la gérer. J’accepte de dépanner pour un jour ou deux avec du matériel acheté par la Mairie, mais pas plus ; après, ils ont un mot pour les parents.

Passons au sujet qui m’intéresse le plus : l’aménagement flexible.  En ce qui concerne l’espace, j’ai bien mon espace collectif dirigé, un espace guidé et des espaces d’entraînement (voir mon article ici sur l’aménagement de ma classe). J’ai pensé cet aménagement à cause du double-niveau mais même avec un cours simple, je ne peux plus m’en passer. Je décore et je renouvelle souvent les affichages de classe, parce que « l’ennui tue l’envie », pour reprendre l’expression du livre, et parce que l’esthétisme participe à la motivation.

En ce qui concerne les assises, c’est là que mon attention s’est focalisée. Parce que même si je pense que les élèves doivent apprendre à discipliner leur corps, je suis la première à leur permettre de bouger parce que moi-même je suis incapable de rester assise des heures! Ils bougent pour accéder à leur réserve, pendant les ateliers et entre les ateliers, ils bougent pour les activités d’anglais d’interaction orale, ils bougent lors des moments de Brain Breaks pour recharger le cerveau, ils vont au tableau tout le temps avec le système des jokers … Ceci dit, quand c’est le moment d’être assis, pas de négociation possible !

Mais je vois bien aussi que j’ai de plus en plus d’élèves TDAH.  Et pour eux, il me semble essentiel d’avoir un aménagement particulier (pas pour tous, sinon ça tournerait vite au bazar collectif !) Ces élèves ont besoin de travailler dans différentes postures et d’adapter la position de leur corps suivant l’activité. Un élève n’est pas qu’un esprit, il a aussi des besoins physiologiques auxquels peut répondre le flexible seating.  Ce mouvement est né au Canada et montre que libérer le mouvement, l’accueillir en lui donnant un espace où l’exprimer de manière sécurisée et discrète permet d’améliorer les performances des élèves. A l’heure où on parle de plus en plus de différenciation et de parcours personnalisé,  c’est une opportunité pour créer des trajectoires individuelles et être au plus près des besoins des élèves.

 

Que retenir, donc ? Car il s’agit bien de transformer l’espace-classe d’hier et de l’adapter pour en faire un lieu d’apprentissage d’aujourd’hui. Je retiens que les assises flexibles permettent de répondre au besoin de mouvement et qu’en libérant le corps, on libère aussi l’esprit qui n’est plus encombré par cette envie de bouger qui perturbait la concentration. Les études de la clinique Mayo montrent que la possibilité de bouger améliore jusqu’à 12% la capacité d’attention des élèves, ce qui impacterait positivement les résultats. De plus, lorsque l’élève se sent respecté dans le choix qu’il fait de la position de travail où il se sent bien, il est plus performant. Merci le bouquin, je note tout cela pour un éventuel projet.

Objectif à moyen terme, donc : un bike et des ballons de yoga pour les TDAH, quand ils en éprouvent le besoin.

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Sylvie Hanot, Cafipemf généraliste et LVE

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