Depuis plus de 25 ans, l’OMS préconise le développement des compétences psychosociales dans le champ de la prévention pour la santé physique, morale et sociale. Elles se définissent comme étant des compétences permettant de répondre avec efficacité aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne. Si autrefois cela me semblait être l’affaire des parents, l’expérience me montre que nous avons un rôle à jouer en tant qu’enseignant, surtout quand les parents eux-mêmes ne sont pas armés dans le domaine ! L’école étant un lieu de vie, elles sont aussi importantes que les compétences de savoir. Force est de constater pourtant que l’enseignement de ces compétences est absente explicitement des programmes scolaires. On en retrouve quelques traces lorsque l’on travaille sur le champ lexical des émotions et en EMC, mais elles ne sont pas mentionnées explicitement. Elles le sont dans les différents rapports et recommandations, mais pas dans les programmes. Voici ces compétences selon l’OMS.

Les compétences sociales (coopération, empathie), émotionnelles (régulation du stress) et cognitives (pensée créative et pensée critique) sont mises en avant partout où on cherche des leviers pour agir en faveur des relations sereines entre élèves. Dans ma formation dispositif pHARe niveau 2 (lutte contre le harcèlement), les compétences psychosociales reviennent systématiquement comme la  base d’un climat scolaire sain. 

J’ai une affinité particulière pour le développement de la pensée critique (à l’heure où on trouve toutes sortes de réponses sur internet et où les médias nous jouent « inception » à force de nous marteler la tête avec une pensée unique qui est « la bonne ») et de la pensée créative qui permet à l’élève d’imaginer des idées originales, qui sortent du cadre, avec une pensée divergente à l’encontre des idées préconçues.

Les pratiques de présence attentive permettent de favoriser une relation plus apaisée à soi et aux autres. Pourtant, Jean-Michel Blanquer avait formellement interdit la méditation de pleine conscience à cause du risque de dérives sectaires. Alors, que faire en classe pour travailler ces savoir-être et avoir des petits êtres humains plus apaisés, moins sur le qui-vive, moins agressifs à la moindre émotion ou frustration ? Voici quelques idées pour cultiver le bienêtre et l’engagement scolaire. On a tous à y gagner. Vous verrez que ce n’est pas du travail en plus, ça se fait pendant les activités et ça s’enseigne avec sa posture d’enseignant. Je ne vous mets que quelques idées que je vais utiliser moi, et d’autres que j’utilisais déjà sur le blog. Pour le reste, il faudra lire le livre de référence :

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Nos gestes professionnels sont déterminants dans l’éducation positive. On se rappelle de l’effet Pygmalion qui n’est plus à prouver. Voici la fleur des postures : 

Plus les enseignants s’autorisent eux-mêmes à exprimer leurs émotions, à écouter celles des élèves sans jugement, permettre un espace où on exprime sa fierté, sa joie, sa façon de la manifester, sa peine, sa colère, son anxiété, etc, permet un climat de confiance et de respect au sein de la classe. Cela permet de remettre la relation pédagogique au coeur des apprentissages au même titre qu’on le fait pour la métacognition.

-Différencier la pensée positive (méthode Coué) avec la psychologie positive (on ne nie pas les pensées négatives, on les accepte, on les aborde autrement, on apprend à être résilient, c’est une science qui étudie les facteurs du bienêtre et de l’épanouissement) et l’éducation positive (c’est une manière de se comporter qui respecte l’élève, dans ses besoins, ses émotions, son histoire etc …).

Développer la confiance en soi

Pourquoi ? Parce que « se sentir capable de « , c’est la base pour développer toutes les autres compétences mais aussi pour accroître la motivation et les performances. On le fait naturellement et intuitivement lorsqu’on encourage, on complimente, lorsqu’on différencie, lorsqu’on fait manipuler, lorsqu’on propose un exercice d’un degré légèrement inférieur pour permettre la réussite et l’envie d’aller plus loin, lorsqu’on fait pratiquer la métacognition et qu’on écoute les idées des autres pour s’en inspirer, afin de favoriser la coopération et l’esprit d’équipe plutôt que la compétition. 

-Le journal des réussites : chacun écrit ses réussites, une bonne note à la dictée, les émotions ressenties, la façon de travailler pour obtenir cette bonne note, etc.

-Le superhéros du jour : un élève est mis à l’honneur pour une compétence personnelle ou sociale en particulier. ça n’est pas dans le livre, mais c’est sur mon blog ! 

-My Class has got talent : les élèves font une rédaction et/ou une démonstration d’un talent qu’ils ont. Voir mon article sur la confiance en soi ici : CLIC

-Une lecture sur les qualités, comme par exemple Le Grand Livre des Superpouvoirs.

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-Les alliés de la confiance. Les élèves s’interrogent seuls sur les personnes qui leur donnent confiance en eux. Ils réfléchissent aussi sur les ennemis de la confiance, c’est à dire ceux qui les dévalorisent, les rabaissent, les jalousent. Cela leur apprend à éviter les relations toxiques dès le plus jeune âge et à s’éloigner des personnes malveillantes à leurs yeux. On peut faire écrire le nom des alliés sur des pétales de fleurs et favoriser les échanges oraux, et planter ces fleurs en papier qui vont s’épanouir et se compléter au fil de l’année. Pour que cela reste anonyme, on peut prévoir de fermer les pétales pour plus d’anonymat.

-Les défis de la confiance. Un petit moment en fin de semaine à pratiquer en collectif ou en groupes, chez Scholavie : CLIC

Focus sur les forces de caractère

Elles nous permettent de mieux réussir et de réduire les comportements problématiques. En se concentrant sur nos forces, on contrecarre la négativité. Cela permet de mieux se connaître, même si nos faiblesses méritent qu’on s’y penchent : mais on pourra passer de « passable à convenable », rarement à l’excellence, alors qu’on peut développer ses forces. Elles se déclinent en 6 familles :

-Le jeu des forces : identifier les forces des autres ou de soi-même dans une journée ou en général et expliquer comment on l’a mise en oeuvre. On peut afficher les cartes et y faire référence en permanence. Voir sur Scholavie.

-Observation des forces. Rédiger rapidement chaque jour la façon dont on a utilisé ses forces. On peut aussi mettre une force à l’honneur et voir comment on peut la mettre en place et l’utiliser (coopération ou gentillesse, par exemple, car pas toujours facile). On peut aussi faire un panneau ou un arbre avec les forces de la classe. Cette affiche, destinée initialement aux plus jeunes, peut être utilisée à tous les niveaux quand on pense avoir réussi à utiliser nos forces. Chez Scholavie.

-Une lecture sur les forces, comme par exemple Le Grand Livre des Superpouvoirs.

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Focus sur les émotions

Joie, peur, colère, tristesse sont innées. On peut y ajouter le dégoût et la surprise. Elles ne sont pas forcément négatives : la colère peut nous emmener à exprimer nos besoins et à nous respecter davantage. C’est la dimension comportementale de nos émotions qui m’intéresse, celles qui nous mettent en action. Si nous n’avons pas le contrôle des émotions que nous ressentons, nous avons le choix de la réponse à apporter. A noter que pour cela, le cerveau doit attendre ses 25 ans de maturité ; il nous appartient donc d’aider nos élèves dans ce domaine. 

-Les émotions dans l’art, apprendre à les identifier. Dans le livre, on vous donne divers exemples, mais j’ai tout ce qu’il faut sur mon blog, ici : CLIC

-La météo intérieure. Nous l’utilisons lors de nos interventions « harcèlement » avec les plus jeunes, mais les plus grands ont parfois besoin aussi de coucher leurs émotions de manière imagée.

Focus sur l’empathie

L’empathie c’est la capacité à se mettre à la place de quelqu’un pour comprendre ce qu’il ressent. Cela permet de développer un climat de classe serein et de travailler sur les messages clairs, par exemple, dans le non-jugement. L’écoute est l’alliée de l’empathie.

-En littérature, travail sur les émotions des personnages. « A la place de …, je ressentirais ceci ou cela« . 

-Ressemblances et différences : faites 2 groupes, mettez vos élèves en 2 cercles face à face, et donnez-leur 30 secondes pour trouver 1 ressemblance, puis un autre jour, 1 différence. Cela permet de travailler sur la tolérance et la connaissance des autres, sans jugement, dans un climat ludique.

-Production d’écrits : les cartes de l’empathie. Donnez des situations d’écriture permettant de se mettre à la place de … On peut même dessiner une carte mentale et remplir pour chaque situation. Je vous propose ma ressource : les situations, des cartes vierges, les cartes mentales prêtes à compléter.

Téléchargement sur demande dans les commentaires

-Accueillir un nouvel élève avec des mots doux.

-Les défis de l’empathie : lancez de temps en temps un défi à votre classe du style « complimente quelqu’un de ton entourage, offre un service à quelqu’un, propose ton aide à quelqu’un, …« . A vous de déterminer la durée et de faire un bilan. Les élèves peuvent en inventer d’autres. 

-Les messages clairs, que je ne présente plus. CLIC

En début d’année, le jeu du lien, pour apprendre à se connaître. J’avais créé le Bingo de début d’année ici : CLIC et le Bingo de fin d’année, dans le même esprit : CLIC.

Focus sur la coopération

La coopération c’est la capacité de construire ensemble. La réussite du groupe dépend du travail de chacun. Adepte de la co-construction des savoirs, je m’attache à développer l’esprit d’équipe. Je fais souvent travailler mes élèves en binôme dans cette optique là. La coopération encourage la solidarité, l’entraide, le respect et l’engagement.

Je ne reprends pas les idées du livre car je fais cela au quotidien dans ma classe, notamment avec mes jeux coopératifs. CLIC

Conclusion sur ce livre : beaucoup de bonnes idées et d’autres qui m’ont fait penser à des choses que je menais déjà et que j’ai partagées. Les exercices de respiration en pleine conscience, je ne les reprendrai pas puisqu’il nous a été demandé de ne pas le faire par notre ex-Ministre. Je vous laisse découvrir les autres idées pour les cycles 1 et 2 et pour les autres compétences (gratitude, créativité, motivation). 

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Le padlet Scholavie : CLIC

Sylvie Hanot, PEMF, Cafipemf généraliste et LVE

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