De la vie sur Mars?

La Nasa a envoyé le rover Perseverance sur Mars .  Un des objectifs est de collecter des échantillons du sol de la planète  et de ramener ces échantillons sur Terre, plus tard, avec un engin capable de faire l’aller-retour Terre-Mars. Un des aspects de la mission est la recherche de traces de vie. 

 <Le rover « Persévérance »

Perseverance a commencé à rouler sur Mars et les premières activités de ses instruments sont prometteuses.

<Traces de roues de Persévérance sur Mars

Le rover de la Nasa s’est posé le 18 février 2021, avec un objectif principal : récolter des échantillons du sol et des roches martiennes et les stocker, dans la perspective d’une autre mission de retour de ces prélèvements sur la Terre.

En fait, il ne faut pas s’imaginer que le robot sera en mesure de dénicher lui-même, au cours de sa mission, une preuve de vie microbienne martienne. « La seule façon dont Perseverance peut trouver la vie, c’est au moment du retour d’échantillon. Perseverance, le rover en lui-même, n’est pas capable de trouver la vie », explique l’astrochimiste Caroline Freissinet, chercheuse du CNRS en sciences planétaires au Laboratoire atmosphères, milieux et observations spatiales.

A supposer qu’elle ait pu exister sur la planète, les scientifiques estiment qu’il s’agirait très probablement d’une vie microbienne.

« S’il y a eu de la vie sur Mars, elle se serait développée il y a 4 milliards d’années, quand Mars ressemblait vraiment à la Terre au moment où la vie y est apparue. Le développement du stade unicellulaire au stade pluricellulaire sur Terre a pris des milliards d’années. Si l’on transpose ces milliards d’années sur Mars, il faut se rappeler que Mars a gelé, et qu’elle n’aurait donc pas pu faire ce développement », développe Caroline Freissinet.

C’est pourquoi il est plus plausible qu’une vie martienne soit restée au stade unicellulaire, si elle s’est développée.

Comme nous le détaille la scientifique, Perseverance n’est pas doté des instruments lui permettant de faire une telle découverte. « Son but étant de ramener les échantillons, il n’a pas une payload [charge utile] scientifique extrêmement développée. Le développement de tous ces aspects microbiologiques se fera sur Terre, lorsqu’on aura les échantillons. C’est en ce sens que Perseverance est un rover d’exobiologie. »

L’exobiologie est la science qui étudie à la possibilité que la vie existe dans l’Univers, en dehors de la Terre (on peut aussi parler d’astrobiologie).

<des formes de vie primitives? On a déjà cru en trouver…

Embarquer, à bord d’un astromobile, les instruments ayant la capacité de réaliser des analyses chimiques est pourtant une perspective envisageable. Pour ExoMars, le rover de l’ESA qui sera lancé en 2022, un instrument de ce type est prévu, le Mars Organic Molecule Analyser (MOMA).

Pourquoi Perseverance ne fait-il pas des analyses sur place? Tout simplement parce qu’une mission de retour de ses prélèvements est au programme.

« À partir du moment où l’on ramène les échantillons, il n’y a pas besoin de faire des analyses poussées sur place, car ces analyses seront faites au retour », confirme Caroline Freissinet.  Au départ, la Nasa ne poursuivait pas avec Perseverance un but exobiologique : il a été imaginé avant tout comme un rover d’exploration géologique et minéralogique.

Si Perseverance venait à trouver la vie sur Mars, on ne le saura donc probablement pas avant le retour de ses échantillons jusque sur Terre. Une fois arrivés sur notre planète, ces prélèvements vont devoir nécessiter des précautions importantes pour leur manipulation. De tels échantillons devront être stockés dans des laboratoire de haute sécurité, du même type que les laboratoires dits « P4 » (il y en a un à Gerland!).

<Le laboratoire P4 de Gerland

S’il y a de la vie, c’est à cette étape qu’on la trouvera. « Il y aura une analyse pour savoir si ces échantillons peuvent être étudiés tels quel dans des laboratoires de basse sécurité de contamination. S’il y a une dangerosité potentielle sur ces échantillons, ils seront décontaminés dans les laboratoires P4, avant de pouvoir être distribués. Sachant qu’une décontamination veut également dire une destruction des preuves », décrit Caroline Freissinet.

Imaginons que l’on trouve quelque chose à cette étape, dans le laboratoire de haute sécurité, qui puisse avoir des implications en termes de vie. La suite va dépendre de la nature de ce que l’on trouve. « Si l’on voit au microscope des bactéries, c’est une confirmation forte qu’il y a de la vie. Si l’on se trouve dans un cas intermédiaire (découverte de traces d’ADN par exemple) qui est, finalement, le plus probable s’il y a de la vie, on aura des informations, des pièces du puzzle, qui laissent penser qu’il y a de la vie sur l’échantillon, mais sans voir la vie en elle-même », explique l’astrochimiste. Dans ce deuxième cas, il va alors falloir chercher d’autres indices, pour tenter d’augmenter la probabilité que les résultats viennent bien de la présence de vie. Néanmoins, il ne sera possible en aucun cas d’affirmer avec certitude la découverte d’une vie extraterrestre. « La preuve extraordinaire, pour pouvoir affirmer à 100 % qu’on a de la vie, c’est de la voir directement. De voir une bactérie se multiplier, devant nos yeux, au microscope, sur un échantillon martien. Et même avec ça, il faudrait éliminer la piste d’une contamination d’origine terrestre. »

Finalement, ce qu’il faut retenir de tout cela, c’est que Perseverance n’a pas les moyens de trouver seul, indépendamment des autres missions martiennes, d’éventuelles preuves de vie. La mission Mars 2020 n’est pas isolée, mais fait partie d’un programme plus large. En fonction des résultats de sa propre mission, des décisions pourront être prises pour la suite. Dans le cas d’ExoMars, par exemple, on pourrait imaginer de prévoir aussi un retour d’échantillons, si on réalise que les molécules sont mieux préservées en profondeur — car cette mission sera, elle, capable de creuser à deux mètres de profondeur (Persévérance ne peut creuser qu’à quelques cm).