Modèle de liberté?

21 novembre 2008 0 Par caroline-sarroul

                                         

         1994, souvenez-vous:

   [dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/x2jirf_forrest-gump-jai-juste-envie-de-cou_fun[/dailymotion]                                                                          

 

Alors ce personnage incarne-t-il la liberté? Ne correspond-t-il pas à ce que vous pensez sans doute être la liberté, à savoir faire ce qui nous plaît, que ce qui nous plaît! N’est-ce pas le cas de Forrest Gump! Comme il le dit pour expliquer sa course aux journalistes qui cherchent un sens à cette course de 2 ans, « juste envie de courir! »

Si vous êtes allé un peu plus loin dans votre réflexion sur la liberté, vous en êtes peut-être arrivé à l’idée que ce qui fait qu’un acte est libre, c’est qu’il est issu d’un choix libre. Or un choix est libre s’il est contingent, c’est-à-dire non nécessaire ( pas au sens d’utile ou vital! Mais au sens de ce qui ne peut pas ne pas être autrement! Et c’est le cas , semble-t-il, de ce choix. Forrest aurait pu rester assis sur son banc et ne pas se lever, et il s’est levé. « Sans raison » comme il dit. Et c’est sans raison qu’il a continué alors qu’il aurait pu s’arrêter, ne pas faire demi-tour pour repartirà chaque fois. Rien ne semble le pousser à courir sinon la volonté, la volonté de courir.

Et on voit bien dans cette course sans limite, le caractère infini de la liberté dont parle Descates, y voyant la marque du créateur sur sa créature. C’est ce qui fait qu’on est à l’image de Dieu.

Mais son absence d’hésitation, de réflexion souligne que son entendement est, lui, pas seulement fini, comme en tout homme (si nous pouvons tout et toujours vouloir, c’est-à-dire « élire », nous ne pouvons tout savoir, ni imaginer, ni se rappeler) mais « nul » au sens d’inactif. C’est pour cela qu’il n’hésite pas d’ailleurs! Sa volonté est donc comme suspendue dans le vide et c’est pourquoi on la voit à nue.

Mais si Forrest Gump amène ce qui l’entoure à réfléchir sur leur propre liberté, sur les doutes qui les animent et font qu’ils ne peuvent être aussi déterminés et constants que Forrest, on ne peut sans doute pas en faire un modèle de liberté. Comme le dit Olivier Pourriol dans Cinéphilo,  » sa liberté est tellement nue qu’elle est dépouillée d’elle-même ». Comment parler de choix, quand il n’y a aucune réflexion et donc aucune délibération, quand finalement on ne sait pas vraiment ce qu’on choisit et ce qu’on pourrait choisir d’autre? Comme parler de choix libre quand finalement « la volonté se dégrade en envie »? Comment parler de contingence quand à cause de cette envie, « la liberté s’inverse en basse nécessité ».

Certes Forrest Gump réveille chacun, donne l’exemple d’une volonté inflexible, mais il est exemple malgré lui!