Autocratie et totalitarisme

17 mai 2009 0 Par caroline-sarroul

v  L’autocratie désigne un pouvoir politique prétendant ne relever que de lui-même, ne tenant aucun compte des lois, ne reconnaissant aucune limite humaine à son autorité ni la suprématie d’une autre autorité sur la sienne propre. Il s’agit d’un pouvoir personnel absolu ( ex. le Tsar de Russie qui règne sur terre comme Dieu sur le ciel, sans tirer son pouvoir de Dieu ou d’une quelconque légitimité). C’est une dictature.

v  Le totalitarisme qualifie les systèmes politiques dans lesquels l’État a absorbé la société civile et ceux où l’idéologie de l’État est transfigurée en dogme imposé aux intellectuels et aux universités].

L’État, relayé par le parti unique, exerce en ce sens un contrôle total sur la société, la culture, les sciences, la morale jusqu’aux individus mêmes auxquels il n’est reconnu aucune liberté propre d’expression ou de conscience.

L’expression totalitaire vient du fait qu’il ne s’agit pas seulement de contrôler l’activité des hommes, comme le ferait une dictature classique, mais aussi leurs pensées en leur imposant l’adhésion à une idéologie. À la contrainte physique s’ajoute celle du dogme.

 

Hannah Arendt qualifie les mouvements totalitaires de « sociétés secrètes au grand jour ».

 Ce qui caractérise l’Etat totalitaire ( nazisme et stalinisme), c’est :

– un mépris pour les lois « positives » (écrites) au nom d’une forme plus élevée de légitimité (L’hitlérisme  vise l’accomplissement de la loir  de la Nature, le stalinisme l’accomplissement de la loi de  l’Histoire)

– une destruction des fondements des structures sociales : la religion, la famille, la culture … pour briser l’identité sociale et créer une société de masse. Du coup, « les mouvements totalitaires sont possibles partout où se trouvent des masses qui, pour une raison ou pour une autre, se sont découvert un appétit d’organisation politique. » Et cela parce que ces hommes  déracinés, sans identité sont seuls et donc prêts à se fondre dans n’importe quelle organisation  pour éteindre leur « identité de façon permanente » en allant se fondre dans un groupe structuré. C’est le « cerceau de fer »

– un parti unique

– une manipulation idéologique, par « la logique d’une idée » : la promesse d’un « paradis » (la fin de l’histoire ou la pureté de la race par exemple) et promotion d’un homme nouveau.

– la masse contre un ennemi objectif. Celui-ci est autant extérieur qu’intérieur. Les sociétés totalitaires créent un mouvement perpétuel et paranoïaque de surveillance, de délation et de retournement (polices, unités spéciales se multiplient et se concurrencent). La promotion de cet homme nouveau implique l’élimination de touts les ennemis supposés de la loi.

– un chef charismatique ( même si pour Hannah Arendt , c’est moins déterminant que l’emprise policière.

– la bureaucratie

une langue : LTI (Lingua Tertii Imperi, langue du troisième Reich nazi ou la « sovlangue » soviétique dont s’est inspiré G. Orwell  dans 1984, pour sa Novlangue. La novlangue a été imposée par Big Brother aux citoyens d’Océania, la dictature imaginaire pour  remplacer l’ancienne langue dite « ancilangue » (liée aux anciennes mentalités) et elle doit refléter l’idéologie officielle d’Océania, l’angsoc (socialisme anglais) et  empêcher de dire ou de penser certaines choses. La novlangue oblige à décrire le monde et donc à penser en termes très pauvres, très standardisés, donc très contrôlés. La langue perd tous ses synonymes, toutes ses nuances, toutes ses complications. Elle se réduit de plus en plus à des expressions standard ou à des néologismes formés, par exemple, de la combinaison de plusieurs mots « compactés ». Ainsi «bonpenser» désigne globalement l’orthodoxie idéologique, l’attitude de soumission et de croyance que l’on attend de tout citoyen. Parallèlement, l’orthographe est hyper simplifiée : plus besoin de nombreux temps des verbes, de pluriels compliqués, de règles d’accord sophistiquées…