Séries techno 2009– texte de Locke

20 juin 2009 0 Par caroline-sarroul

« La loi ne consiste pas tant à limiter un agent libre et intelligent qu’à le guider vers ses propres intérêts, et elle ne prescrit pas au-delà de ce qui conduit au bien général de ceux qui sont assujettis à cette loi. S’ils pouvaient être plus heureux sans elle, la loi s’évanouirait comme une chose inutile ; et ce qui nous empêche seulement de tomber dans les marais et les précipices mérite mal le nom de contrainte. De sorte que, quelles que soient les erreurs commises à son propos, la finalité de la loi n’est pas d’abolir ou de restreindre mais de préserver et d’élargir la liberté ; et dans toutes les conditions des êtres créés qui sont capables de vivre d’après des lois, là où il n’y a pas de loi, il n’y a pas de liberté. Car la liberté consiste à être délivré de la contrainte et de la violence exercées par autrui, ce qui ne peut être lorsqu’il n’y a point de loi ; mais la liberté n’est pas ce que l’on nous dit, à savoir une liberté, pour tout homme, de faire ce qui lui plaît (car qui peut être libre quand n’importe quel homme peut nous imposer ses humeurs ?). Mais c’est une liberté de disposer et d’ordonner comme on l’entend sa personne, ses actions, ses biens et l’ensemble de sa propriété, dans les limites de ce qui est permis par les lois auxquelles on est soumis ; et, dans ces limites, de ne pas être assujetti à la volonté arbitraire de quiconque, mais de suivre librement sa propre volonté. »                                                                                                                                                                                                     Locke

 Philosophe anglais 1632-1704

Thèse et étapes :

Ce texte s’oppose à l’idée commune que la liberté s’oppose à la loi et que la loi restreint la liberté. Locke s’efforce  au  contraire de montrer que la loi permet la liberté est cela pour différentes raisons :

          La loi guide vers la liberté dans le sens où elle oblige à  faire ce qui est dans notre intérêt personnel  immédiat, ou via l’intérêt général ( dans lequel est compris le nôtre)

          La loi détourne de ce qui n’est pas dans notre intérêt mais que nous pourrions croire bon parce que nous confondons le bon et l’agréable, parce  que nous ignorons qui nous sommes, ce que sont les choses d’où l’image du marais ; ou parce qu’on est capable de tout (comme pousser l’autre dans le précipice, mais aussi s’y jeter). La loi est donc là pour nous protéger des dangers extérieurs mais aussi de nous-mêmes, du mauvais usage que l’on peut faire d’une liberté sans connaissance  ( cf Descartes) ou sans maîtrise de soi.

          La loi détourne de la soumission aux autres : être libre, ce n’est pas faire tout ce qui nous plaît mais ne dépendre de personne, ne dépendre que de soi, ne faire que ce qu’on veut… Et c’est  cela que permet de dire que la loi contrairement à l’opinion commune, ne réduit pas la liberté mais la permet et l’AUGMENTE même : dans le sens où nous serions moins libre sans lois, une liberté plus précaire, fragile et illusoire : soumis à nos humeurs ou à celles des autres

          D’où la conclusion de Locke être  libre ce n’est pas faire tt ce qui nous plaît, mais à « suivre  librement sa propre volonté ». Ici c’est la liberté comme AUTONOMIE opposée à la liberté comme INDEPENDANCE qui est celle de l’homme du désir et du caprice, alors que l’autre est celle de « l’agent libre et intelligent », qui écoute sa raison ;

 

a)     D’où la conception à laquelle s’oppose ici Locke, c’est l’indépendance, la liberté de faire ce que l’on veut, comme on veut, avec qui on veut..c’est l’idée commune de la liberté

b)    Nous ne savons pas spontanément ce qui est  utile pour nous par ignorance, par passion, par esclavage du désir, par passion, … donc on n’a besoin qu’on nous force à faire ce qui  est bon pour nous et c’est ce qu’est sensé faire la loi, expression de la raison et défendant l’intérêt général, donc le nôtre. C’est la même idée que chez Rousseau on forcera à être libre,celui qui  est esclave de ses désirs et impulsions, qui confond liberté et licence ;

c)     Locke définit la liberté comme autonomie, comme obéissance à la loi qu’on s’est prescrite à soi-même en accord avec sa raison et ce qu’on sait être bien pour nous.

ESSAI

I. Non, si la liberté est absence de contrainte et de limites, toute loi est plutôt un obstacle à la liberté. La condition de la liberté serait qu’il n’y ait aucune loi ni de la nature, ni de la morale, ni de l’Etat.

Mais cette liberté comme indépendance n’est qu’un rêve et une illusion. I

– il y a les incontournables loi de la nature, la loi peut être une ressource et les lois protègent des dangers de l’indépendance

– on confond la liberté avec le caprice, la licence qui ne sont qu’un esclavage du désir, de l’instinct et des pulsions

– on confond la liberté et le sentiment de liberté: pierre de Spinoza.

 – La liberté ce n’est pas le fait de faire tout ce qu’on veut, quand on veut et comme on veut… c’est ne pas dépendre des autres et ne pas être soumis à leur volonté. C’est ne faire que ce qu’on veut par soi et pour soi. C’est donc pas l’anomie, qui est souvent une hétéronomie masquée ou promise, mais c’est l’autonomie, c’est-à-dire l’obéissance à la loi que l’on s’est soi-même prescrite ou qu’on aurait pu se donner ( Spinoza , le contraire de la liberté n’est pas la nécessité et les lois mais le fait que cette nécessité soit une contrainte, une cause extérieure. La compréhension de la nécessité est liberté, aussi bien pour notre nature que pour la nature

II. Mais oui si liberté, c’ est donc autonomie:

– la loi de la nature comme ressource ( la colombe de Kant : « on commande à la nature en lui obéissant » F.Bacon , « science d’où prévoyance, prévoyance d’où action » selon A. Comte)

– la loi comme protégeant la liberté ( l’Etat contre les conflits de l’état de Nature, Hobbes;…)

– la loi comme expression de la liberté politique: Rousseau et le contrat social où en obéissant à tous, on n’obéit à personne en particulier et à soi-même.

+ arguments de Locke dans le texte sur la loi comme amenant à faire parfois contre son gré ce qui est  vraiment utile, dans notre intérêt.

III. Mais toutes les lois ne sont pas ce qu’elles doivent être: les lois de l’Etat ne peuvent être qu’une nouvelle version du droit du plus fort, au service de ceux qui sont au pouvoir. Et les lois morales plus castratrices, moralisatrices que morales