L’hypothèse du malin génie

15 septembre 2009 0 Par caroline-sarroul

C’est dans Les méditations métaphysiques, que Descartes fait cette hypothèse:

– 1ère méditation:

« Je supposerai donc qu’il y a, non point un vrai Dieu, qui est la souveraine source de vérité, mais un certain mauvais génie, non moins rusé et trompeur que puissant qui a employé toute son industrie à me tromper. Je penserai que le ciel, l’air, la terre, les couleurs, les figures, les sons et toutes les choses extérieures que nous voyons, ne sont que des illusions et tromperies, dont il se sert pour surprendre ma crédulité. Je me considérerai moi-même comme n’ayant point de mains, point d’yeux, point de chair, point de sang, comme n’ayant aucuns sens, mais croyant faussement avoir toutes ces choses. Je demeurerai obstinément attaché à cette pensée ; et si, par ce moyen, il n’est pas en mon pouvoir de parvenir à la connaissance d’aucune vérité, à tout le moins il est en ma puissance de suspendre mon jugement. C’est pourquoi je prendrai garde soigneusement de ne point recevoir en ma croyance aucune fausseté, et préparerai si bien mon esprit à toutes les ruses de ce grand trompeur, que, pour puissant et rusé qu’il soit, il ne pourra jamais rien imposer. »

Ce dieu trompeur n’est pas tout puissant, parce que, comme je suis doté d’un libre arbitre, pouvoir de dire de dire oui ou non à ce qui se présente à mon entendement ( à mon esprit). Donc je reste libre d’affirmer ou non que ce que je vois est, je peux aussi suspendre mon jugement et donc il  n’est pas garanti de me pièger et je peux faire en sorte de ne pas être pris.

– 2ème méditation

« Mais je me suis persuadé qu’il n’y avait rien du tout dans le monde, qu’il n’y avait aucun ciel, aucune terre, aucuns esprits, ni aucuns corps ; ne me suis-je donc pas aussi persuadé que je n’étais point ? Non certes, j’étais sans doute, si je me suis persuadé, ou seulement si j’ai pensé quelque chose. Mais il y a un je ne sais quel trompeur très puissant et très rusé, qui emploie toute son industrie à me tromper toujours. Il n’y a donc point de doute que je suis, s’il me trompe ; et qu’il me trompe tant qu’il voudra il ne saurait jamais faire que je ne sois rien, tant que je penserai être quelque chose. De sorte qu’après y avoir bien pensé, et avoir soigneusement examiné toutes choses, enfin il faut conclure, et tenir pour constant que cette proposition : Je suis, j’existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois en mon esprit. »

Ce dieu trompeur n’est pas tout puissant, car il ne peut me tromper sur l’intuition que j’ai de ma propre existence dès que je pense ( y compris si ce n’est que pour penser du faux, ou simplement qu’il peut y  avoir un dieu trompeur). De même s’il y a un dieu trompeur il faut bien que j’existe ne serait-ce que comme victime de ses tromperies.

Donc rien ne peut ébranler l’intuition de mon existence qui accompagné chacune de mes pensées et c’est pourquoi cette vérité claire et évidente du « je pense donc je suis » peut être prise comme modèle du vrai. Si quelque chose se présente avec la même évidence et la même clarté, je pourrai l’admettre comme vrai.