Autres textes critiques sur l’hypothèse de Freud

18 octobre 2009 0 Par caroline-sarroul

3 textes trouvés sur le site de philosophie de l’Académie de Reims, pour critiquer l’hypothèse de Freud et surtout ses prétentions scientifiques comme la surintéprétation:

« Ce que nous dit le patient en analyse est parfois en rapport avec ses véritables problèmes, mais c’est toujours en rapport avec les dogmes de l’analyste. Celui-ci filtre ce qui s’accorde avec ses prémisses et plie les associations du patient à ses cadres interprétatifs ; l’analyste est en outre largement responsable des thèmes qui apparaissent. Les prédictions qu’il formule dès les premières séances se vérifient parce qu’elle sont posées au départ. Le psychanalyste déclare qu’une série de fantasmes n’apparaissent que dans la cure : c’est exact, mais il oublie que c’est la situation qui les suscite et les modèle. Lorsque les aveux de l’analysé s’accordent avec ses préjugés, le psychanalyste dit que les résistances sont vaincues et que le transfert est positif. Le bon patient, c’est le bon élève, celui dont les paroles sont l’écho de la doctrine. L’analyste croit être le miroir de son patient. En fait c’est le patient qui est un miroir. L’analyste est tout heureux de retrouver dans les paroles de l’analysé le scénario qu’il lui a « soufflé » ; il est chaque jour un peu plus convaincu de détenir la Vérité. »  Jacques Rillaer, Les illusions de la psychanalyse, 1980, « Le programme psychanalytique », Edition Mardaga, Page 202.

 


 « L’idée qu’il existe des processus psychiques inconscients est en fait, en dépit de ce que dit Freud, si peu révolutionnaire qu’on a du mal à trouver des auteurs qui l’aient niée. Le cas le plus connu semble être celui de Descartes, qui affirme effectivement qu’il ne peut y avoir en nous aucune pensée de laquelle, dans le même moment qu’elle est en nous, nous n’ayons une actuelle connaissance (entretien avec Burman). Cette thèse perd néanmoins beaucoup de sa portée pratique quand on s’aperçoit que le même Descartes soutient aussi que « l’âme pense toujours », même chez les enfants encore au sein de la mère, et même avant que de naître, une grande partie de nos pensée échappent donc à notre connaissance actuelle. Chez la plupart des autres philosophes de la tradition (Platon, Aristote, Spinoza, Pascal) l’existence d’une vie psychique inconsciente va quasiment de soi. Et chez les penseurs romantiques du XIXème (Novalis, Schopenhauer, Nietzsche, von Hartman) son importance est même démesurément grossie, en vertu de préjugés irrationalistes, que c’est la pensée consciente qui finit par se voir refuser toute fonction et toute vérité. Il faut situer Freud bien sûr, même s’il ne l’avoue pas, dans la filiation de ces romantiques extrémistes, aux thèses desquels il tente de donner, de façon méritoire mais quelque peut hasardeuse, une portée scientifique ». Renée Bouvresse-Quillot et Roland Quillot, Les critiques de la psychanalyse, 1991, p. 72.


  « 1°) Existe-t-il à l’heure actuelle, des énoncés de la psychanalyse qui aient été testés de manière empirique, et extra clinique, et intersubjective, et…qui aient survécu provisoirement à ces tests, c’est-à-dire qui aient été corroborés (et non pas simplement confirmés) expérimentalement ?

2°) Existe-t-il donc des énoncés psychanalytiques testables, corroborés ?

3°) Les psychanalystes d’aujourd’hui considèrent-ils encore que leurs énoncés s’appliquent à une réalité psychique (évidemment empirique) ?

4°) S’ils considèrent que ces énoncés doivent s’appliquer à une réalité… admettent-ils alors qu’ils ne peuvent qu’être réfutables… par conséquent retour à la question n°1..

5°) … Les psychanalystes admettent-ils un critère de démarcation entre les énoncés scientifiques et les « autres », ou alors comment font ils pour dire « tiens… ça c’est scientifique… et ça non. »

6°) S’ils admettent un critère de démarcation, admettent-ils que ce critère soit fondé sur la logique, comme l’a démontré Popper, ou sur quelque chose d’autre qui rende impossible le relativisme en matière d’épistémologie, donc sur notre manière de juger objectivement sur ce qui a une valeur scientifique, ou non.

7°) Les psychanalystes admettent-ils qu’il est logiquement indiscutable comme l’a démontré Popper, que lorsqu’une théorie est irréfutable et prétend être vérifiée dans tous les cas, elle ne peut, de manière logique, s’appliquer à aucune réalité, et démontre ainsi le vide de son contenu empirique.

8°) Existe-t-il de nouveaux objets de recherche pour la psychanalyse contemporaine ? Quelles sont les méthodes employées ? »
                                                                                                      

                                                                                                                             Patrice Van den Reysen, Libres propos sur une mythologie et une pseudo-science : la psychanalyse