Etre homme, c'est nier le donné naturel!

9 octobre 2009 0 Par caroline-sarroul

« Le besoin de modifier l’extérieur est déjà chez l’enfant » qui jette des pierres dans le torrent pour admirer les ronds dans l’eau, qui saute dans les flaques d’eau, pour admirer son le spectacle de son action sur la nature. « Nier le donné naturel en soi » (éducation, maquillage,…) et hors de soi ( travail, technique, art…), c’est s’affirmer comme homme et comme un être humain qui ne répète pas ce qu’il est comme l’animal , qui ne laisse pas les choses telles qu’elles sont. Construire, c’est détruire; devenir, c’est cesser d’être ce qu’on est. » Hegel

 

Ces deux pubs l’illustrent de manière différente:

 

  •  en montrant que cette négation de la nature peut être simple et naturelle: le moulin est fait de bois et ne fait que user du mouvement de l’eau sans le rompre  

 

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=A9Lc1mxyq_s[/youtube]

 

Ce n’est pas le barrage hydro-électrique qu’Heidegger prend comme symbole  de l’arraisonnement de la nature à la technique moderne :

« Le dévoilement qui régit la technique moderne est une pro-vocation, par laquelle la nature est mise en demeure de livrer une énergie qui puisse comme telle être extraite et accumulée. Mais ne peut-on en dire autant du vieux moulin à vent ? Non : ses ailes tournent bien au vent et sont livrées directement à son souffle. Mais si le moulin à vent met à notre disposition l’énergie de l’air en mouvement, ce n’est pas pour l’accumuler. (…)  La centrale électrique est mise en place dans le Rhin. Elle le somme de livrer sa pression hydraulique, qui somme à son tour les turbines de tourner. Ce mouvement fait tourner la machine dont le mécanisme produit le courant électrique, pour lequel la centrale régionale et son réseau sont commis aux fins de transmission. Dans le domaine de ces conséquences s’enchaînant l’une l’autre à partir de la mise en place de l’énergie électrique, le fleuve du Rhin apparaît lui aussi, comme quelque chose de commis. La centrale n’est pas construite dans le courant du Rhin comme le vieux pont de bois qui depuis des siècles unit une rive à l’autre. C’est bien plutôt le fleuve qui est muré dans la centrale. Ce qu’il est aujourd’hui comme fleuve, à savoir fournisseur de pression hydraulique, il l’est de par l’essence de la centrale. Afin de voir et de mesurer, ne fût-ce que de loin, l’élément monstrueux qui domine ici, arrêtons-nous un instant sur l’opposition qui apparaît entre les deux intitulés : « Le Rhin », muré dans l’usine d’énergie, et « Le Rhin », titre de cette oeuvre d’art qu’est un hymne de Hölderlin. Mais le Rhin, répondra-t-on, demeure de toute façon le fleuve du paysage. Soit, mais comment le demeure-t-il ? Pas autrement que comme objet pour lequel on passe une commande, l’objet d’une visite organisée par une agence de voyages, laquelle a constitué là-bas une industrie de vacances. Le dévoilement qui régit complètement la technique moderne a le caractère d’une interpellation au sens d’une pro-vocation.>>

HEIDEGGER, Essais et conférences, « La question de la technique« , trad. A, Préau, Gallimard, 1988, pp. 20-22

 

 

  • la seconde montre à travers le « C’est moi qui l’ai fait! » la fierté qu’accompagnerait la production d’une oeuvre, même s’il ne s’agit ici que d’un produit de consommation destiné à disparaître, d’un gâteau et finalement le désarroi de la ménagère moderne qui  se contente de le sortir tout fait du congéateur. Certes de penser que ce gâteau ait été fait par la main de l’homme est un gage de qualité ( la production industrielle ayant privilégié la quantité sur la qualité, conjugeant sur ces chaînes non pas des talents mais des forces de travail), mais le fait qu’il ne le soit pas souligne le manque de temps ou le manque de talent naturel de la ménagère que la technique supplée. Aide agréable mais est-elle bonne? Est-elle en accord avec la nature même de l’homme? Si tout était surgelé, déjà fait et simplement consommé, consumé, comment la ménagère aurait-elle le sentiment d’être, qu’est-ce qui au dehors manifesterait son existence pour les autres et pour elle-même, ne serait-ce que le temps que le gâteau refroidisse ou attende les convives!

 

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