Suis-je ce que j’ai conscience d’être ?

7 octobre 2009 0 Par caroline-sarroul

Exemples d’intro possible et plan détaillé

Intro 1

En logique, dans un jugement d’attribution entre deux termes, le verbe « être » comme copule établit un rapport de compréhension ou d’inclusion entre ces 2 termes. Cela signifie que le 1er terme est compris, englobé dans le second ou même égal au second comme par exemple dans « je suis un être humain », « je suis moi ». En ce sens, on pourrait aussi dire que je suis ce dont j’ai conscience, la conscience étant ce qui me permet de parvenir à me sentir, à me dire et me représenter comme un Je. Mais être a aussi un sens existentiel. Dans ce sens, une chose est ; si elle a une réalité effective, si elle existe de fait. Or on peut penser que si j’ai conscience de ce que je suis, je ne suis pas nécessairement toujours ou encore de fait ce que je pense être, ce que je sais être. Il peut y avoir un écart entre ce que je suis pour moi et ce que je suis de fait. Aussi on peut se demander si je suis ce que j’ai conscience d’être. C’est donc du problème de l’identification du moi et de la réalisation de soi dont nous allons traiter. Nous  nous demanderons donc si le Je n’est pas ce que j’ai conscience d’être ; si j’existe de fait tel que je suis pour moi et si on peut réellement réduire le moi à ce dont j’ai conscience de moi.

 

Intro 2

Le je désigne d’abord le sujet en tant qu’il prend conscience de lui-même et qu’il a un sentiment d’unité et d’unicité. Se penser Je, à la première personne, c’est se savoir être soi et pas un autre, se savoir demeurer soi sous les différents états de conscience. En ce sens, il semble que le je soit intimement lié à la conscience et soit réductible à celle-ci. Mais le je désigne aussi le moi empirique, c’est-à-dire tout ce que je suis de fait, mes caractéristiques physiques, organiques et psychiques. Si je me vois extérieurement, je ne me vois pas nécessairement intérieurement dans mon ensemble, dans tout ce qui me constitue. Dans ce cas, il se pourrait que ce que je suis excède ce que j’ai conscience d’être. Cela expliquerait que je puisse m’étonner moi-même, me surprendre à faire quelque chose que je ne me croyais pas capable de faire ou que je puisse ne pas me comprendre et me chercher. Aussi on peut se demander si je ne suis que ce que j’ai conscience d’être. C’est donc du problème de l’identification du moi, de ses limites, de nos possibilités de le saisir dans son intégralité et de l’incarner dont nous allons traiter. Nous nous demanderons donc si ce n’est pas parce que je suis conscient que je possède le je dans ma propre représentation, si pour autant ma conscience embrasse tout ce que je suis et si enfin j’existe tel que je suis pour moi.

 

Plan

I. je suis parce que je suis conscient et ce que je suis, c’est ce dont j’ai conscience

1. C’est parce que nous sommes doté de la conscience réfléchie qu’en même temps qu’on perçoit qu’on perçoit qu’on s’entraperçoit et prend conscience que l’on est. « Je pense donc je suis » Descartes

2. prendre conscience de soi, ce n’est pas s’arrêter à ce dont on a une conscience immédiate, c’est porter un jugement et par là se connaître, s’identifier. Je vais me définir par ce dont j’ai conscience de moi-même : mon corps, mon caractère, mes désirs, etc…

3. ce dont je n’ai pas conscience ne peut être dans la définition de ce que je suis pour moi.

Tr : mais la conscience ne peut-elle pas être lacunaire et dans ce cas, ce que je suis en soi ne peut-il pas excéder ce que je suis pour moi ?

II. je ne suis pas en soi que ce que je suis pour moi.

1. je ne sais de moi que ce dont je veux bien prendre conscience : mauvaise foi, divertissement,…

2. je ne sais pas tout de moi, conscience superficielle de moi-même : Nietzsche ou Spinoza (Ce dont j’ai conscience, c’est ce que je veux, désire et fais mais non les causes qui expliquent ce que je veux, désire et fais).

3. je ne peux prendre conscience de ce qui échappe radicalement à la conscience :  hypothèse de l’inconscient de Freud

« le moi étant le centre du champs conscientiel ne se confond pas avec la totalité de la psyché… il y a donc lieu de distinguer entre le moi et le soi, le moi n’étant que le sujet de la conscience, alors que le soi est le sujet de la totalité de la psyché, y compris l’inconscient »  selon Jung (1875.1961), pour qui le moi n’est qu’ « une île dans les flots ».

TR : je ne suis pas que ce que j’ai conscience d’être mais cette conscience peut être plus grande (même si bornée). Mais même si je sais davantage qui je suis, suis-je (au sens d’exister) pour autant ce que j’ai conscience d’être ?

III. il n’y a pas nécessairement égalité entre ce qu’est mon existence et ce que je sais être :

1. la vie en société peut exiger que je ne sois au dehors tel que je me sais être au-dedans.

2. avoir conscience d’être ceci ou cela, ce n’est plus l’être tout à fait : être conscient d’être dans l’effort, c’est se regarder faire, distance critique, peut-être rire de soi, donc ne plus être tout à son effort, ni cet effort. Cela altère ce que l’on est, fait qu’on ne colle plus à soi, on est à distance, plus là, déjà ailleurs.

3. comme on est conscient, on change, on devient, donc on ne peut se réduire à ce qu’on est là. On nie ce qui est, on est un projet. Comme l’homme est conscient, il est le seul être chez qui « l’existence précède l’ essence », comme le dit Sartre. C’est au fur et à mesure que je me définis, que je deviens moi. Donc je ne suis jamais ce que j’ai conscience d’être, je deviens moi au fur et à mesure que je prends conscience de moi.

( et cela demeure vrai même si on remet en question Freud en soutenant comme Alain que le moi se réduit à ce dont on a ou peut avoir conscience, puisque il n’y a pas d’autre moi en moi à part moi.)