Le choix de Sophie

5 novembre 2009 0 Par caroline-sarroul

Regardez : Sophie arrive avec ses deux enfants au camps de concentration de Auchswitz:

[youtube]http://fr.youtube.com/watch?v=RYQjsbn4KCM[/youtube] 

Peut-on imaginer pire choix à faire? Nietzsche disait qu’être humain, c’est épargner à autrui la honte; avec ce film, inspiré du roman de William Styron, on peut dire que le plus inhumain, c’est de le mettre dans ce type de situation où on ne peut se comporter qu’inhumainement, que se faire honte à soi-même et devoir porter sans cesse le poids de cette honte, de ce choix qui est un faux choix !

Ou un vrai choix, Ou encore un choix, là est le problème?

– Ou bien je suis convaincue que la valeur la plus haute est celle de la dignité, et je refuse l’indignité d’un faux choix qui déshumanise celui qui s’y engage ; ou bien je trouve encore la force de calculer, je vois les conséquences de mon refus de choisir, et je sacrifie l’un des enfants. Faut-il accepter de sacrifier l’un pour sauver l’autre ? Faut-il refuser le principe même du choix, parce que sa monstruosité est inhumaine ?

– Ou bien je choisis des raisons qui commandent de choisir ou bien je choisis les raisons qui interdisent de choisir l’un ou l’autre

– Ou bien je choisis ma fille, ou bien je choisis mon fils

– Ou bien je choisis le mal ( sacrifier mes deux enfants en ne choisissant pas) ou je choisis le mal ( préférer un de mes enfants) même si je veux faire le bien ( affirmer la dignité de la personne humaine qui ne saurait s’humilier à faire un tel choix ou sauver un de mes enfants, en évitant le plus grand mal la mort des deux, morale utilitariste)

Et c’est ce qui fait la cruauté et l’inhumanité de celui qui propose ce choix: Sophie vient de se revendiquer comme morale en un sens ( elle est une bonne catholique, elle croit en Dieu et applique les préceptes de sa religion), elle veut combattre une injustice ( en disant qu’elle n’est pas juive et ne se trouve dons pas au bon endroit), et en la mettant face à ce choix, l’officier nazi veut lui montrer l’inconséquence de sa morale: elle ne peut empêcher le mal ( elle se sauve , elle, mais les autres seront, eux, sacrifiés), elle ne lui est d’aucun secours dans ce choix  et elle est même source d’immoralité, car faire le bien, c’est ici aussi faire le mal.

Il s’agit donc bien de l’humilier en lui proposant de ce choix, d’humilier sa foi ou sa raison, si on prend sa moralité indépendamment de sa source, de disqualifier par là, la voie du Bien, comme impasse.