Peut-on critiquer la démocratie?

5 avril 2010 0 Par caroline-sarroul

I : NON, c’est le régime idéal, en tout cas le meilleur possible, car égalité des droits et des devoirs, égalité = juste. Plus d’autonomie donc le peuple est souverain et au gouvernement. liberté politique : protection des libertés individuelles. Liberté = propre de l’homme.

 II : OUI, on peut la critiquer dans les faits :

Il existe très peu de critiques radicales de la démocratie. Seul PLATON au livre VIII de la République voit explicitement dans la démocratie le pire des régimes, le résultat d’une lente dégénérescence du pouvoir politique. PLATON distingue 5 constitutions politiques possibles : une constitution idéale : celle du philosophe roi et quatre constitutions qui se sont succédées au cours de l’histoire.

1) la constitution timocratique fondée sur l’honneur, le courage, la vertu (la force). Mais on va glisser du vrai mérite à la simple réputation fondée sur la richesse d’où :

2) la constitution oligarchique où les riches sont au pouvoir et gouvernent pour les riches.

3) La multitude opprimée va alors se révolter, prendre le pouvoir, entrer dans la démocratie qui est pour PLATON le règne de l’incompétence et une société où l’on confond la liberté avec la licence « l’excès de liberté doit aboutir à un excès de servitude dans l’individu et dans l’État ».

4) D’où une anarchie « un bazar de constitutions » qui permet l’arrivée de :

5) la tyrannie.

Donc pour PLATON, la démocratie, c’est le début de la fin.

Mais on pourrait lui objecter qu’une démocratie n’est peut-être que cela si elle dysfonctionne ce qui ne remet pas en question que la démocratie reste le régime idéal.

Ces dysfonctionnements peuvent venir :

1) du système de représentation où l’élection favorise la démagogie ou même la montée au pouvoir de partis non-démocratiques. De plus les représentants peuvent oublier qu’ils ne sont que des délégués et défendre plutôt leur intérêts que l’intérêt général.

2) le principe de la majorité qui a parfois du mal à se dégager, qui n’est parfois que la somme d’intérêts particuliers et qui ne peut pas satisfaire tout le monde, l’individu refusant de se fondre dans le tout.

3) la soumission du politique à d’autres pouvoirs par exemple économiques.

4) le non-exercice de la citoyenneté.

5) la société démocratique. C’est ce qu’essaie de montrer dès 1840 TOCQUEVILLE dans son étude de la démocratie américaine. Il montre que l’idéal démocratique c’est égalité et liberté au sens de liberté politique. Mais comme l’amour de l’égalité tourne à la passion, comme chacun se voyant égal de l’autre, l’opinion publique règne. Comme il y a un culte du bien-être « un matérialisme honnête », comme cette société est individualiste, c’est à dire que chacun y vit à l’écart des autres, cette société est peu révolutionnaire et elle peut entraîner la mise en place d’une nouvelle forme de despotisme. Personne ne s’intéresse au domaine public et tout le monde veut une protection du bien-être, de la propriété, du domaine privé. C’est pourquoi cette société finit par demander un pouvoir uniforme, protecteur, prenant tout en charge, vie publique et vie privée. Ceci dit pour TOCQUEVILLE, cette issue paternaliste n’est qu’un des trois futurs possibles de la démocratie. Il pourrait aussi y avoir la montée d’une tyrannie profitant d’une masse d’individus isolés et préoccupés que par eux-même ( société de masse qui est selon Hannah Arendt, une terre de désolation, favorable à la montée des totalitarisme. Mais on peut aussi concilier liberté et égalité si la société civile est forte, c’est à dire que via des associations elle reforme un tissu social, redonne le goût de l’engagement public et de celui de l’intérêt général. TOCQUEVILE pense enfin qu’une décentralisation du pouvoir au niveau local favoriserait le maintien de la démocratie.

 III : on a le droit de la critiquer : liberté d’opinion. C’est même un devoir!   ALAIN : devoir de résistance