Ce qu’il ne faut pas dire en conclusion!

13 mai 2010 0 Par Caroline Sarroul

S’il ne faut jamais ( au grand jamais!) commencer :

  1. une dissertation par : De tout temps, les homme ont désiré….,ont échangé…, ont parlé…., ont fait des sciences….etc.., ( ça marche avec tous les sujets et c’est bien là le problème et la preuve que cela ne peut être un bon début d’intro, censée amener dans sa spécificité le sujet !!)
  2. une explication de texte par : Nietzsche, grand philosophe du XIXème siècle, le siècle du Soupçon après le le siècle des Lumières, né à … ( ça marche aussi avec tous les philosophes qui sont grands et appartiennent à un siècle important, et c’est bien là le problème et la preuve que cela ne peut être un bon début d’intro d’explication de texte, censée amener le thème du texte, la thèse de l’auteur dans ce texte et de suggérer que cette thèse mérite d’être explicitée et critiquée!!)

Il ne faut jamais ( au grand jamais!) conclure une dissertation en disant :

  • « nous avons vu que … (I) puis que … (II) et souligné que … ( III). En ce qui me concerne, je pense personnellement que… »

 ( en donnant bien sûr une réponse radicalement différente de celles vues en I, II, III! C’est vrai que , quitte à se saborder, autant le faire franchement, en contredisant tout ce qu’on vient de dire et en insistant bien : cette dissertation n’est pas la mienne! Je n’ai rien pensé de tout ce que j’ai écrit ! Le but, c’est plutôt de souligner que tout ce qui a été dit était quelque chose que l’on a pensé mais qui a évolué au fur et à mesure des parties. « Ma réponse à moi personnelle avec laquelle je suis d’accord », c’est ce que j’ai déjà écrit en II ou III! Il suffit simplement de le reprendre pour conclure en le ramenant bien au sujet, parce que parfois le chemin est tordu pour arriver à cette réponse finale et définitive ( pour vous!) qu’il faut revendiquer et assumer!)

  • « nous avons vu que … (I) puis que … (II) et souligné que … ( III). On se rend compte que finalement il est bien difficile de répondre à cette question , car cela dépend de la manière dont on pense la liberté ( par exemple! après on ajuste au sujet quand même!) et il faut bien reconnaître que tout est relatif.

( ce qui revient à dire que la question n’a pas été provisoirement résolue et que finalement tout ce qu’on a dit en I,II et III se vaut, donc qu’on n’a pas progressé dans la réflexion et donc que cette dissertation n’a servi à rien, que tenter de répondre à une question de philo ne sert à rien, que finalement la philo, ça sert à rien… C’est peut-être ce que vous pensez! Mais le jour du bac, ce n’est pas vraiment le moment de le dire! Et puis le but d’une dissertation de philo, c’est justement de se rendre compte que la réponse à la question posée peut varier, selon comment on pense les choses, mais qu’il faut essayer de voir quelle réponse semble plus solide que d’autres. Le but, c’est donc de sortir du relativisme, pas de s’en contenter!! Alors pour une conclusion ratée, c’est vraiment ratée. Bravo!!)

Pour vous convaincre que ce relativisme qui est partout et ne peut être accepté, bien que pratique pour se débarasser d’un problème et d’un sujet de philo, lisez donc cet article de  Raymond-Robert Tremblay, du cégep du Vieux Montréal, trouvé sur le web, ( là : http://www.cvm.qc.ca/encephi/CONTENU/ARTICLES/relatif.htm), qui distingue clairement le relatisme total inacceptable, incohérent  et stérile du relatisme relatif ou modéré, qui n’est pas celui qui vient  conclure vos dissertations et qui lui ne désespère pas de trouver la vérité et de disparaître devant elle ! Ce n’est pas parce qu’il est difficile de mettre radicalement une thèse au-dessus des autres, cela ne veut pas dire pour autant qu’elles se valent toutes et que donc rien ne vaut!

 

« Le problème du relativisme

Introduction

On entend souvent dire que tout est relatif. Cette expression signifie que toutes les opinions se valent, car elles s’expliquent toutes par le point de vue d’une personne, surtout si on considère son éducation, son époque, sa culture, la famille dans laquelle il a vécu, ses traumatismes infantiles et toutes sortes de facteurs qui ont pu influencer ses opinions. La proposition « tout est relatif » signifie donc que les opinions d’une personne sont relatives à son environnement et qu’elles sont, d’une certaine manière, justifiées par lui. Une vérité n’est pas vérité en elle-même, dans l’absolu, mais seulement du point de vue relatif de la personne qui l’énonce ou qui y croit. Ces idées résument bien ce qu’on entend par le relativisme.

Le relativisme est une philosophie très souvent spontanée qui a pour effet de faire équivaloir toutes les opinions. Par exemple, quelqu’un peut dire que l’homosexualité est anormale ou immorale. L’autre répondra que c’est relatif. En effet, poursuivra-t-il, dans l’Antiquité grecque, l’homosexualité et même la pédophilie étaient bien vus, et considérés comme supérieures à l’hétérosexualité. En outre, pour un homosexuel, l’homosexualité est une chose normale, dont il peut être fier. Certains hétérosexuels respectent les homosexuels, et comptent des amis parmi eux. D’autres les détestent. Tout est relatif! Au fond le problème du relativisme est le suivant: est-il vrai que toutes les opinions s’équivalent parce que tout est relatif?

La relativité des préférences personnelles

Il est certain que la plupart des gens acceptent cette idée dans le domaine des préférences personnelles. Quelqu’un aime la crème glacée aux bananes et quelqu’un d’autre la déteste. C’est relatif. Une autre maxime dit: les goûts ne se discutent pas. Cela signifie que dans le domaine des préférences, chacun a droit à ses opinions, et qu’il est de toute façon inutile d’argumenter là-dessus. En effet, dans le domaine des préférences, la plupart des gens acceptent l’idée que les opinions personnelles en matière de goût ne se discutent pas vraiment et s’équivalent. Le goût est largement une affaire de culture et d’habitudes personnelles. La plupart des Occidentaux sont rétifs à manger des insectes comestibles, mais n’hésitent pas à croquer des crevettes. Dans certains pays, le grillon est un met de choix. On ne peut pas affirmer dans l’absolu que tel goût est supérieur à un autre. Quelles que soient les valeurs nutritionnelles objectives des ténébrions (de petits vers blancs comestibles), bien des gens refuseront toujours d’y goûter. Ont-ils tort? Ont-ils raison? Poser ces questions nous amènent à accepter l’idée que c’est une affaire de goût personnel, et qu’il est inutile d’en débattre.

Pourtant même dans ce domaine la relativité n’est pas complète. La haute cuisine est toujours meilleure que la cuisine rapide, quelles que soient vos préférences particulières. Les petits restaurants français, vietnamiens, californiens ou mexicains font le plaisir des gourmets. N’importe quelle cuisine élaborée, préparée par un cuisinier d’expérience, sera plus appréciée que la pizzeria du coin. Ainsi, on voit que même dans le domaine des goûts, la relativité est relative!

La relativité esthétique

Peut-on dire la même chose dans d’autres domaines? Prenons le cas de la musique. En apparence, la situation est la même. Certaines personnes aiment la chansonnette et d’autres ne jurent que par le « hard rock »; certains préfèrent le jazz et d’autres ne peuvent en supporter deux notes. Nous aurions tendance à dire que tout est relatif et que les opinions musicales se valent toutes. Pourtant, il est peu probable qu’un chanteur qui fausse soit apprécié, peu importe son style! Une personne qui connaît la musique, sans égard à ses préférences personnelles, reconnaîtra que Bach est un grand musicien et que les Beatles ont beaucoup innové. Même si quelqu’un préfère le classique, à condition qu’il y habitue son oreille, il devra reconnaître que certains musiciens de jazz sont d’excellents compositeurs. Bien entendu, personne n’est obligé de faire cette démarche, mais dans le domaine esthétique, comme dans le domaine des goûts, certains critères de qualité existent, peu importe le style. Nous pouvons donc conclure à nouveau que la relativité est relative!

Le relativisme moral

Venons-en maintenant aux jugements de valeur. Encore ici, pour bien des gens à notre époque, toutes les valeurs s’équivalent. En effet, ce qui est mal un jour, est bien le lendemain, ce qui est mal dans un pays, est bien dans l’autre. À l’intérieur d’une même société, de nombreux codes moraux cohabitent avec plus ou moins de bonheur. Les féministes défendent l’accès à l’avortement sur demande, alors que des chrétiens fanatiques font sauter des cliniques d’avortement en les comparant aux fours crématoires! Certaines personnes ne semblent vivre que pour l’argent ou le pouvoir, alors que d’autres ne recherchent que le plaisir des sens ou la jouissance esthétique. On dit bien qu’il y a des valeurs communes, comme le respect des droits de la personne ou la tolérance, mais celles-ci ne sont qu’un vernis apposé sur une diversité foncière, ou, malheureusement, il faut bien reconnaître que parfois les droits sont bafoués et l’intolérance triomphe. Dans une telle tour de Babel morale, il y en a beaucoup qui sont nostalgiques d’une époque ou la morale dominante était largement partagée et très respectée. Cela doit-il nous amener à penser que toutes les valeurs morales s’équivalent et que toutes les opinions sont également respectables? Les gens ne sont-ils que des automates qui répètent bêtement les valeurs de leur époque et de leur milieu?

Étant donné la diversité des échelles de valeurs, il est très difficile de prétendre que la relativité morale n’existe pas: c’est un fait évident. Bien entendu, les personnes qui ont un code moral très ferme, penseront qu’eux seuls sont dans la vérité et que tous les autres sont dans l’erreur. C’est précisément à cette idée que s’oppose le relativisme moral: un comportement n’est bien ou mal que du point de vue de celui qui le croit bien ou mal. Par contre, le relativisme moral a une limite. En effet, cette attitude d’ouverture, repose sur une valeur bien déterminée: la tolérance. Ainsi le relativiste moral, ne peut pas remettre en question la tolérance, qui est à la base de sont point de vue. Pour lui, la tolérance est bien, et l’intolérance est mal. Par conséquent, il s’opposera à l’absolutisme moral. Sur cette question, il cessera de prétendre que toutes les opinions se valent, puisqu’il pense que le relativisme est meilleur que l’absolutisme, car il est plus tolérant de la diversité. En outre, certaines valeurs semblent avoir une portée plus universelle que d’autres, même si elles ne sont pas toujours respectées: par exemple, le soutien et la protection des enfants. Il n’y a pas de société où les abuseurs d’enfants sont des héros! Encore ici, nous voyons que le relativisme a une limite.

La relativité dans l’interprétation des faits

Enfin, examinons les jugements de faits. Peut-on dire que dans le domaine des faits, tout est relatif? À première vue, non. « L’eau bout à 100° centigrades » ne semble pas être une question d’opinion personnelle. C’est un fait prouvé, établi scientifiquement, et il y a des millions de faits de ce genre. Pourtant, on remarque aisément que pour les gens du XIIe siècle « la Terre est plate » était une vérité de ce genre. De la même façon, les déistes croient que « Dieu a créé le monde » est un fait, et non une opinion relative, car pour eux s’il y a une création, ça prend un créateur! Bien que tautologique, cet argument leur paraît indubitable. Un autre exemple peut nous éclairer: quand des policiers enquêtent sur un accident, ils constatent toujours que les différents témoins ont des point de vue divers et quelquefois divergents sur le même événement. Il semble donc que les faits soient aussi matière à interprétation. Un fait n’est un fait qu’à l’intérieur d’un certain système d’interprétation et de perception des choses.

Pourtant cette relativité de l’interprétation rencontre aussi une limite. Même si les gens croyaient que la Terre était plate dans le passé, ils se trompaient. Car objectivement elle est ronde, et nous avons de nos jours bien des preuves de ce fait. La Terre n’est pas devenue ronde avec Galilée! Il existe donc des faits qui ne sont pas relatifs aux interprétations divergentes: certains ont la vérité, et d’autres se trompent. Ainsi, toutes les opinions ne se valent pas. L’opinion du savant spécialiste d’un domaine est généralement supérieure à celle d’un ignorant! Pourtant, même les plus grands spécialistes se trompent quelquefois, car l’erreur est humaine. on peut donc dire que si dans le domaine des faits, la relativité des opinions paraît moins grande, elle ne disparaît pas tout à fait sous les preuves de la science, surtout dans les domaines ou la scientificité (le degré de preuve) est moins élevée: dans les sciences humaines, par exemple. Bien des faits « établis scientifiquement » dans le passé se sont avérés être des erreurs totales ou des supercheries. Il est douteux que nous soyons la première culture infailible de l’histoire! Au contraire, il est probable que les générations futures riront de nos erreurs! Sans tomber dans le relativisme total, on voit qu’il ne faut pas tomber non plus dans la confiance sans limite en nos connaissances actuelles.

Toutes les opinions se valent-elles?

En conclusion, nous ne pouvons pas accepter le relativisme total qui affirme que toutes les opinions se valent. En effet, ce relativisme, qui repose sur une certaine ouverture d’esprit, rencontre de sérieuses limites. Dans le domaine des préférences, il y a des goûts plus développés que d’autres. Dans le domaine esthétique, il existe quelques critères de qualité pour définir les grandes oeuvres. Dans le domaine moral, le relativisme total est incohérent, puisqu’il repose lui-même sur une certaine échelle de valeurs posée comme vraie: la tolérance, l’ouverture aux autres, le respect mutuel. Enfin, dans le domaine des faits, la liberté dans l’interprétation des faits se heurte aux critères de l’objectivité dans les sciences. Pourtant, entendu dans un sens modéré, le relativisme s’appuie sur des constatations solides: la diversité réelle des goûts, des critères esthétiques, des codes de valeurs morales, des interprétations du monde matériel. Il semble donc que si un relativisme total est une position intenable, l’absolutisme est une position bornée et peu sensible à ces phénomènes de diversité. Un relativisme modéré (un relativisme relatif!) est une position philosophique qui correspond bien au défi posé. En effet de ce point de vue, toutes les opinions ne se valent pas, car certaines sont plus articulées, plus objectives, plus fécondes que d’autres. Par contre, face à deux opinions également articulées mais divergentes, il n’est pas possible de décréter qu’une d’elle soit tout à fait supérieure à l’autre, car il vient un point de la discussion où tout est affaire de perspective. Le relativisme contient donc une part de vérité. »

  • Vous pouvez enfin vous épargner la question d’ouverture qui, à mon sens, ne sert à rien et dessert bien souvent!

 

N’oubliez pas que si l’introduction détermine la première impression du correcteur , la conclusion déterminera sa dernière. Ce sont donc des moments clefs à ne pas rater!