Fiche révision: Le vivant

12 mai 2010 0 Par Caroline Sarroul

Il est trés rare que cette notion « tombe au bac » mais ce n’est pas exclu ni en L ni en S ou ES

. Si elle tombe, les sujets sont assez prévisibles: c’est

  1. soit la question de la connaissance du vivant ( et plus précisèment de savoir si on peut connaître le vivant comme la matière dans une approche mécaniste selon le principe de causalité), ce qui revient à se demander si Descartes a raison!
  2. soit la question du rapport au vivant: la question du respect de la nature ou de l’expérimentation animale

Cette fiche permet de retenir l’essentiel des 3 conceptions sur le vivant: la conception vitaliste (Aristote), la conception mécaniste ( Descartes) et la conception organiciste qui souligne que ce qui distingue le vivant de la matière, c’est la finalité opposée à une simple causalité (Kant et la conception de la biologie actuelle)

Cette fiche est construite dans la logique d’un sujet type 2.

ATTENTION : si vous avez un sujet sur le vivant, ne pas opposer l’homme au vivant ( il est aussi un être vivant!) ni réduire le vivant à l’homme ( tous les êtres vivants ne sont pas nécessairement pensants)

Le vivant (et l’expérimentation)

On peut considérer que la question de l’expérimentation en biologie soulève 2 questions :

  1. une double question épistémologique :

a)      si on définit un organisme vivant comme un individu, c’est-à-dire une totalité indivisible et unique, dans ce cas que vaut la mise à l’épreuve d’une théorie générale à un ou des cas particuliers, aussi bien au plan individuel (tester sur un individu vaut-il pour tous ceux de la m^me espèce ?), qu’au plan des espèces (tester sur animal un traitement destiné à l’homme ?)

b)     

  1. peut-on analyser et expliquer le vivant comme on le fait avec de la matière inanimée ?
  2. une question éthique : l’expérimentation sur le vivant, sur l’animal est-elle légitime ?

 La réponse à ces   2 questions va dépendre de la conception que l’on a du vivant :

–          la conception mécaniste : elle consiste à réduire le vivant  à un objet, une chose, une machine. Cette réduction est due à Descartes et à sa théorie des « animaux-machines ». Cette réduction part d’un constat, il y a dans le vivant certains fonctionnements mécaniques. On peut penser aux métabolismes, qui se font de manière automatique. Cela est renforcé par la pertinence des analogies mécanistes, par exemple comparer le cœur à une pompe permet de rendre compte de son fonctionnement (cerveau = ordi ; colonne vertébrale = charnière). Certains échanges standard d’organes par des pièces mécaniques renforcent cette vision. Cette conception mécanique a également une raison épistémologique (épistémée = science). À partir du XVIIème siècle, on veut faire de la biologie une véritable physique du vivant et donc on doit rompre avec le vitalisme qui consiste à penser le vivant comme ce qui est animé, c’est à dire doté d’une âme qu’on associe à un souffle, à une énergie, à un esprit ; d’où une approche qualitative du vivant. Alors que la physique pense du quantitatif. Et à cela s’ajoute une raison métaphysique, séparer l’esprit de la matière c’est autoriser la domination de la matière par l’esprit, donc la science et la technique. (homme = matière + esprit => individu).

–          Limites de cette  conception : conception organiciste: il y a dans le vivant, en plus de la force motrice, une force formatrice et organisatrice, selon Kant qui fait qu’un être vivant et capable de se reproduire, de l’auto-réparer (dans une certaine limite), de s’autoréguler, de l’organiser, de s’adapter en tendant vers une fin (BICHAT en 1800 définissait la vie comme « l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort » alors que dans la matière il n’y a que déterminisme, causalité, il y a aussi dans le vivant finalité externe et interne. Cette force formatrice, organisatrice souligne qu’entre le vivant et la machine, il n’y a donc pas simplement une différence de degré dans la complexité, dans la miniaturisation, mais un « écart ontologique », c’est à dire une différence au plan de l’essence, une différence de nature. 

–          D’où théorie vitaliste (ou émergentiste) : pour l’émergentisme, une machine n’est qu’une somme de pièces agencées de manière à réaliser une fin et elle n’est pas plus que cette somme qui peut être pensée analytiquement. (analyse = décomposer), alors qu’un organisme vivant est plus que la  somme de ses parties (d’où l’échec de Frankenstein et l’impossibilité d’expliquer certaines propriétés de niveau N+1 par ce qui est au niveau N, éléments chimiques.) qui ne peut être saisie que synthétiquement parce que il est une totalité où modifier une partie, c’est modifier l’ensemble. CANGUILHEM (1904-1955) disait en ce sens « il n’est pas certain qu’un organisme après ablation d’un organe soit le même organisme diminué d’un organe ». Donc ce qui caractériserait le vivant, c’est une finalité interne, une certaine autonomie, une forme de liberté, un mouvement irréductible à des explications mécanistes, c’est le principe du vitalisme, qui oblige à reconnaître que si on peut décrire le vivant, on ne peut saisir ce qu’est la vie, qui est une synthèse ( un miracle continué aussi en un sens !) par une analyser. Analyser la vie, c’est la « tuer » en un sens.

 CONCLUSION

La conception mécaniste rend l’approche scientifique pertinente et légitime, les autres conceptions soulignent ses limites et remettent en question sa légitimité ( au nom de quoi réduire des fins en soi à des moyens pour !).

La conception mécaniste et même organiciste de Kant va donner une ETHIQUE INCLUSIVE réservant le respect à l’homme qui seul est pensant ( Descartes), qui seul peut se donner par sa raison et sa volonté ses propres fins ( ce qui fait de lui une fin en soi) tandis que l’animal bien que finalisé ( organisation interne en vue de se maintenir en vie ou idée de morphogenèse et capacité d’adaptation; et finalité externe, faisant partie de l’ordre de la nature) l’est par sa nature; il peut donc être utiliser comme un moyen et ne peut être que préserver pour servir les fins de l’homme, avec au mieux le devoir de lui épargner une souffrance inutile au regard de la qualité d’être sensible ( Jérémy Bentham) de certains êtres vivants.

La conception vitaliste peut déboucher , ainsi que le constat d’une finalité, sur une ETHIQUE EXTENSIVE qui amène à considérer que les êtres vivants sont en eux-mêmes dignes de respect, et doivent être considérés comme des « sujets-d’une-vie » en tant que tendus vers un but vivre, être et comme des « sujets » semblables à nous, humains, en ce qui concerne des êtres vivants supérieurs qui témoignent en plus de facultés semblables au nôtres : culture, pensée, technique… Les traiter comme de simples moyens serait alors faire du spécisme!!