Suis-je ce que je crois être?

21 octobre 2010 0 Par Caroline Sarroul

 

Suis-je ce que je crois être?

– je suis un sujet, un individu un et unique, différent des autres mais

– soit d’un point de vue objectif: identité réelle en soi : je suis ce que je suis de FAIT, EN SOI ( être : exister)

– soit d’un point de vue subjectif , identité personnelle pour soi: je suis ce que je suis selon moi , POUR MOI ( être: défini par)

croire c’est adhérer à une idée en la tenant pour vraie, ce sentiment d’être dans le vrai peut être soit:

– seulement subjectivement suffisant ( sentiment de conviction, besoin de croire, désir)

– soit subjectivement et objectivement suffisant ( appuyé sur des bases solides: preuves, démonstrations…

donc ce que je crois être, c’est soit

– ce que je pense ( et souhaiterais) être

– ce que je sais être

 

Cela présuppose que j’ai une identité ( « idem » le même)

– unité de la personnalité qui identifie à son moi les divers états de conscience

– unité absolue d’un être : existence= essence, essence = existence (comme Dieu qui est sans devenir, il est tout ce qu’il est ou comme les objets – qui ne sont pas cependant des êtres mais des choses-)

Cela présuppose que je puisse me connaître comme ignorer ce que je suis; cela présuppose que je peux être un objet de connaissance pour moi-même et que je suis transparent à moi-même.

Connais-toi toi même

 

 INTRO : Ce que je suis, c’est ce que je suis pour moi, mon identité personnelle. Comme cette définition de moi est élaborée par moi, elle semble pouvoir correspondre à ce que je crois être, cette croyance étant fondée sur ce dont j’ai conscience, sur les témoignages de ma conscience. Mais ce que je suis, c’est aussi ce que je suis de fait, en soi. Et dans ce cas, il se pourrait que ma conscience soit lacunaire, d’autant que ce que je crois être peut être aussi influencé par mes désirs, la croyance peut être une illusion. Aussi on peut se demander si je suis bien ce que je crois être. C’est donc du problème de la définition du moi, de notre capacité à se connaître de manière adéquate dont nous allons traiter. Ce sujet présuppose que j’ai une identité qui puisse être cernée, que j’ai une essence que mon existence ne fait qu’actualiser. Nous nous demanderons donc si ce que je suis pour moi n’est pas ce que je crois être, si pour autant ce que je suis en soi coïncide avec cette croyance et si enfin j’ai une essence avant d’exister dont je pourrais prendre conscience et connaissance.

 

I. je suis pour moi ce que je crois être: une fois que j’ai pris conscience que je suis, que je possède comme le dit Kant, « le je dans ma représentation », je me pense, m’analyse et c’est par rapport à ces données de la conscience que je vais me définir. Pour cela, je ne peux que prendre en compte des données objectives qui s’imposent à moi, puis m’appuyer sur le témoignage des autres et enfin sur un travail d’introspection. Tout cela fera que je peux croire être ceci ou cela et à partir de là me définir. C’est ainsi que je vais me forger mon identité personnelle, qui dépend de données objectives et aussi de mon interprétation de celles-ci.

Mais on peut justement se demander si cette interprétation correspond bien à ce que je suis de fait réellement?

II. En effet, il peut y avoir un décalage entre mon identité personnelle pour moi et mon identité réelle, en soi. Ce décalage fait que, finalement, je ne suis pas ce que je crois être et cela peut venir:

1. du fait que je suis mal placé paradoxalement pour me connaître d’où l’importance des autres et de leur regard; du fait que je me contente d’une conscience superficielle et je me fuis dans le divertissement.

2.des limites de ma conscience: il y a peut-être des choses en moi qui me constituent et me définissent et que j’ignore: on peut penser à l’inconscient de Freud qu’il distingue du moi, dans les 2 topiques, qui n’est que la partie émergente de moi-même mais auquel ce que je suis ne se réduit pas, le ça et le surmoi font aussi partie de moi

3.du fait que ce que je crois être dépend certes de ce que je sais être, mais aussi de ce que désirerais être. La croyance peut être « fondée » sur le désir, elle est alors illusion et donc éloignée de la réalité

Mais pour pouvoir évaluer cet écart, il faut présupposer qu’il y aurait un moi prédéfini que je me devrais de saisir et découvrir.

III. On peut penser que si un objet est défini, son essence précède son existence; je suis un sujet humain et que je suis en tant que tel non défini mais que j’ai à me définir. Et c’est la conséquence du fait que nous sommes des êtres doués de conscience réfléchie. « la conscience est l’être qui est ce qu’il n’est pas et n’est pas ce qu’il est ». (Je suis conscience de l’arbre que je ne suis pas , je ne suis pas seulement conscience de cet arbre, par ex). Donc on ne peut réduire l’homme à ce qu’il est là, et c’est grâce à cet écart créé par la conscience, qu’il peut devenir, devenir autre chose, lui. Chez l’homme l’existence précède l’essence, on est indéfini et on a à se définir, donc je ne suis pas ce que je crois être dans le sens où je peux juger et agir sur ce que je découvre ( déterminisme, inconscient…), je suis libre et je suis ce que je crois être mais que je ne suis pas (encore), si cela correspond à mon projet d’être, car je pourrais peut-être l’être un jour et je me réaliserais en le réalisant. Et la croyance d’être ceci ou cela, comme la foi des autres en moi, peut faire que je le devienne, je serai ce que je crois être, je serai mon projet!

« si je crois que l’enfant que j’instruis est incapable d’apprendre, cette croyance écrite dans mes regards et dans mes discours, le rendra stupide; au contraire ma confiance et mon attente sont comme un soleil qui mûrira les fleurs et les fruits du petit bonhomme » Alain, Propos d’un normand, 1952

autres III possibles: quels sont les moyens pour MIEUX se connaître? OU impossibilité de se connaître ( l’inconscient de Freud)