Le recours à l’inconscient autorise-t-il l’alibi de l’inconscience?

13 novembre 2010 0 Par Caroline Sarroul

 

Le recours à l’inconscient autorise-t-il l’alibi de l’inconscience?
Ici il s’agit de l’hypothèse de Freud ou de la psychanalyse en général, carinconscience ? inconscient 1. rend possible ( accorder le pouvoir de …)2. rend légitime ( mettre en droit de..) Alibi en latin signifie « être ailleurs »; on affirme pour s’innocenter d’un crime ou un délit qu’on était ailleurs que sur le lieu du crime. « L’alibi de l’inconscience » peut avoir 2 sens: l’inconscience – est l’alibi: ce n’est pas ma faute, j’étais inconscient (Ici l’ailleurs est le fait de ne pas être chez soi, donc pas présent, ni auteur de l’acte ( simple acteur ou spectateur impuissant) d’où inconscience qui peut-être soit

1. le fait de ne pas savoir qu’on fait

2. le fait de ne pas savoir ce qu’on fait : cause, conséquence de l’acte et sens de la’cte

l’état dont on cherche à se disculper: ce n’est pas ma faute si j’étais inconscient

Cela présuppose que cette hypothèse corresponde à une réalité, que cette hypothèse est vraie ( sinon faux alibi) Cela présuppose qu’on peut échapper à ses responsabilités, que la responsabilité est conditionnelle: il faut être libre de ses choix, auteur et maître de ses actes pour en être responsable. Cela présuppose – que l’inconscience peut être vue comme un délit ou un crime ( critique de Nietzsche concernant les pouvoirs de la conscience, la réalité du libre-arbitre, qui sont les armes d’une volonté de culpabilisation et de responsabilisation)– qu’on est accusé ou qu’on se sent sinon coupable, du moins responsable, pour chercher à se trouver un alibi

                        

                CODE PENAL, des causes d’irresponsabilité ou d’atténuation de la responsabilité,

Article 122-1 « N’est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte, au moment des faits, d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes.La personne qui était atteinte, au moment des faits, d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant altéré son discernement ou entravé le contrôle de ses actes demeure punissable ; toutefois, la juridiction tient compte de cette circonstance lorsqu’elle détermine la peine et en fixe le régime. » Article 112-2  N’est pas pénalement responsable la personne qui a agi sous l’empire d’une force ou d’une contrainte à laquelle elle n’a pu résister.Article 122-3 N’est pas pénalement responsable la personne qui justifie avoir cru, par une erreur sur le droit qu’elle n’était pas en mesure d’éviter, pouvoir légitimement accomplir l’acte.Article 122-4 N’est pas pénalement responsable la personne qui accomplit un acte prescrit ou autorisé par des dispositions législatives ou réglementaires.N’est pas pénalement responsable la personne qui accomplit un acte commandé par l’autorité légitime, sauf si cet acte est manifestement illégal.Article 122-5 N’est pas pénalement responsable la personne qui, devant une atteinte injustifiée envers elle-même ou autrui, accomplit, dans le même temps, un acte commandé par la nécessité de la légitime défense d’elle-même ou d’autrui, sauf s’il y a disproportion entre les moyens de défense employés et la gravité de l’atteinte. N’est pas pénalement responsable la personne qui, pour interrompre l’exécution d’un crime ou d’un délit contre un bien, accomplit un acte de défense, autre qu’un homicide volontaire, lorsque cet acte est strictement nécessaire au but poursuivi dès lors que les moyens employés sont proportionnés à la gravité de l’infraction.Article 122-6 Est présumé avoir agi en état de légitime défense celui qui accomplit l’acte :1° Pour repousser, de nuit, l’entrée par effraction, violence ou ruse dans un lieu habité ;2° Pour se défendre contre les auteurs de vols ou de pillages exécutés avec violence.Article 122-7 N’est pas pénalement responsable la personne qui, face à un danger actuel ou imminent qui menace elle-même, autrui ou un bien, accomplit un acte nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du bien, sauf s’il y a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la menace.Article 122-8 Les mineurs capables de discernement sont pénalement responsables des crimes, délits ou contraventions dont ils ont été reconnus coupables, dans des conditions fixées par une loi particulière qui détermine les mesures de protection, d’assistance, de surveillance et d’éducation dont ils peuvent faire l’objet.Cette loi détermine également les sanctions éducatives qui peuvent être prononcées à l’encontre des mineurs de dix à dix-huit ans ainsi que les peines auxquelles peuvent être condamnés les mineurs de treize à dix-huit ans, en tenant compte de l’atténuation de responsabilité dont ils bénéficient en raison de leur âge. »

 

PLAN POSSIBLE

    I. si Freud a raison, l’hypothèse de l’inconscient ( à exposer en A) permet de pouvoir dire que nous pouvons ne pas savoir ce que nous faisons ( motifs inconscients), que nous pouvons perdre le contrôle de soi ( pulsions) au point de ne pas pouvoir tenir compte des conséquences ( aliénation mentale, passion). Donc on peut être coupable de ses actes, mais non responsable car dans un état d’inconscience.

    II. rendre légitime ce type de recours, même s’il est juridiquement valable devant un tribunal, pose problème: on peut penser que l’inconscient fait partie de nous, même si on distingue ça, surmoi et moi, donc on doit assumer ce dont il est l’auteur. On peut penser que même si j’ignore ce qui me pousse à agir, je reste capable de juger et maître de mes actes, ma conscience morale aurait pu souvent m’aider à renoncer à poursuivre ce que mon inconscient a initié. On peut penser qu’il peut y avoir un abus de ce recours, si l’inconscient peut expliquer des états inconscients, il ne peut être convoqué pour plaider sans cesse l’inconscience ou pour justifier tout état d’inconscience, qui peut venir d’autres raisons dont je peux être responsable ( si je tue dans l’ivresse, je reste responsable de mon ivresse, selon Aristote.) et que c’est autoriser que l’on puisse aisément se disculper de son manque de responsabilité. Or en tant qu’être conscient et être de raison, on peut penser que nous nous devons d’être responsable et conscient, la société est plus conciliante que l’exigence morale. « Tu dois, donc tu peux » disait Kant. Et on peut d’ailleurs penser que se chercher un alibi, peut être un aveu de conscience de notre responsabilité, car si je peux être ailleurs quand un crime a été commis, je ne peux être ailleurs quand c’est moi qui fais quelque chose, en tout cas difficile de le penser ( Anna 0., si elle ignore les raisons de ses actes, en est consciente sauf dans ses absences, et en souffre), sauf cas pathologique, avec abolition du jugement.. Ne se pourrait-il pas que l’hypothèse de l’inconscient ne soit qu’un exemple de notre mauvaise foi, comme le suggère Sartre d’où

    III. Critique de l’hypothèse de Freud: Popper, Alain, Sartre.

     ( ou alors on ajoute Sartre au II, recours illégitime et en plus infondé, pour montrer en III avec Nietzsche que cela ne signifie pas pour autant que la conscience soit pleine et que l’inconscience soit un crime)