Être conscient de soi est-ce être maître de soi?

17 novembre 2011 0 Par Caroline Sarroul

 Remarques de méthode:

1.attention!  pas de partie définitionnelle en I ( du type, I. la conscience de soi) et encore moins  2 parties définitionnelles ( I. la conscience de soi et II. la maîtrise de soi) : il faut certes définir mais en répondant au sujet dès le I et toujours traiter ensemble les notions! Même en II, s’efforcer de ramener au sujet!

2. rappel : le III peut prolonger le II ou dépasser le II ou critiquer le ou les présupposé( s) du sujet! SI on fait une partie sur le présupposé au temps 6, c’est seulement pour le critiquer en III ( et non pour le confirmer!!). Sinon pas de temps 6!!!

3. pour le présupposé ( non obligatoire!!!) , au  temps 6 en intro, on précise le présupposé mais on ne dit rien de sa future critique, qu’on réserve au III!

 

Être conscient de soi (x) est-ce être maître de soi ? (y)
– savoir qu’on est là ( conscience immédiate)– savoir que c’est moi qui suis là et que je suis ( conscience réfléchie)

– savoir QUI je suis

 x = y ?

(implique, est une condition nécessaire )

x # y?

 

– le maître est le propriétaire, celui qui possède une terre par. ex ( # serf, locataire)– le maître est le connaisseur, le spécialiste (# profane, disciple)

– le maître est le dominant, le commandant, celui qui exerce une autorité, un pouvoir (# esclave)

Constat : quand on est inconscient ,on ne se maîtrise pas, on n’est pas soi.

    Si x # y, alors en III, il est possible de se demander, x = ? ( en lien avec le sujet: x = esclave) OU y= ? ( quelles autres conditions en plus de celle suggérée par le sujet ?)

     OU si x = y, alors x est-il pour autant une condition suffisante?

On peut être maître de soi, ne pas être esclave. 

On ne peut être maître et esclave en même temps.

  

Être maître de soi, c’est d’abord être propriétaire de soi et se connaître, comme un spécialiste maîtrise son domaine d’étude. On peut penser qu’étant dotée d’une conscience réfléchie et de soi, je suis capable de ramener à moi mes faits et gestes et de les connaître ainsi que me connaître moi-même. D’ailleurs quand cette conscience est altérée, j’agis malgré moi et je ne sais même pas que c’est moi qui agis, je n’en garderai aucun souvenir. On parle dans ce cas d’aliénation, je suis comme étranger à moi-même, dépossédé de moi-même. Mais être maître, c’est aussi et surtout se contrôler et se dominer, avoir du pouvoir sur soi. Or on peut penser que je peux me rendre compte de ce que je fais, m’attribuer un acte sans pour autant pouvoir l’empêcher ou en être la seule cause. C’est le cas d’un geste compulsif ou d’un désir si j’en analyse les réelles causes. Aussi on peut se demander si être conscient c’est se maîtriser. C’est donc du problème des conditions nécessaires et suffisantes de la maîtrise de soi dont nous allons traiter. Se poser cette question, c’est présupposer que l’on peut être maître de soi donc que cette maîtrise ne peut être un esclavage. Nous nous demanderons donc si la maîtrise de soi ne présuppose pas la conscience, si pour autant cette conscience est suffisante et si enfin une maîtrise pleine et entière est réellement possible.

  

  

 

  1. Être conscient de soi semble être une condition de maîtrise de soi
  • car l’inconscience est, elle, synonyme de perte de soi (aliénation dans la passion, l’émotion, drogue, sommeil qui font dire ou faire parfois des choses que l’on regrette ensuite revenue à la conscience)
  • être maître de soi, c’est s’appartenir; c’est le cas quand on est conscient de soi, on ramène à soi, dans un acte de synthèse, tout ce que l’on fait. Ce qui n’est pas le cas de l’animal, simplement doté d’une conscience immédiate, qui perçoit sans percevoir que c’est lui qui perçoit ou de l’enfant qui ne possède pas encore le je dans sa propre représentation.
  • Être maître de soi, c’est se connaître OR la conscience permet l’introspection ( on se retourne sur soi) mais aussi le jugement par une prise de distance par rapport à l’objet de conscience. Je peux donc prendre conscience des états de mon moi, de ce qui m’affecte, de ce que je fais et de ce que cela entraîne. Je peux en quelque sorte dégager des « lois » de mon comportement, à travers l’observation de moi-même.
  • Ces « lois » vont me permettre d’anticiper (telle cause peut produire tel effet), de me contenir ( éviter la cause ou mettre entre la cause et l’effet, un élément ) d’autant je sais que je peux opposer à mes désirs ou impulsions des impératifs de ma raison, des valeurs que je me suis données; la connaissance de soi permet l’action sur soi, comme la connaissance des lois de la nature permet de la dominer. «  Science d’où prévoyance; prévoyance d’où action » disait Auguste Comte.

TR: mais cette connaissance est-elle totale et suffit-elle à se contrôler?

         II. Être conscient de soi est-ce une condition suffisante pour être maître de soi

  • si la conscience de soi est pensée comme translucide et si l’on pense donc être transparent à soi, la connaissance de soi est en réalité limitée: par soi-même ( mauvaise foi, divertissement) mais aussi par des limites constitutives: superficialité de la conscience (Nietzsche), existence de l’inconscient ( Freud)
  • un inconscient qui nous déborde entraînant des actes dont nous n’avons pas le contrôle, n’en étant pas la cause consciente. Dans ce cas le MOI obéit au ça ou au surmoi.
  • Même si je suis conscient de moi-même et que je sais pourquoi je fais ceci ou cela, il faut en plus une volonté ferme pour résister ( dépendance sue dangereuse) ou persister ( continuer de ne pas céder à une tentation) ou pour ne pas , la liberté de le faire ou non (on peut ici penser au caractère non choisi, aux contraintes venant du dehors – le regard des autres, les prescriptions morales, sociales, culturelles- mais aussi au déterminisme naturel – nécessité de manger, de tomber ). Même si je me connais assez bien , je ne maîtrise pas tout, il y a aussi ce qui ne dépend pas de moi.

    TR : mais dépend-t-il de moi de me maîtriser , de devoir me maîtriser?

      III. Se maîtriser ( opposé au laisser -aller, au fait de s’abandonner) est en réalité se soumettre: à la pression sociale qui en appelle à la maîtrise de soi en s’appuyant sur l’illusion de la liberté et de la conscience ( Nietzsche); aux prescriptions de ma raison qui s’oppose en moi aux appels de mes désirs; aux devoirs et aux valeurs que m’impose le fait d’avoir le privilège d’être conscient et que toute conscience est conscience morale. Cette maîtrise n’est que servitude, tout comme la volonté de dominer est signe de faiblesse, d’une volonté impuissante qui se venge, qui ne se pense que dans le rapport à l’autre.

La vraie maitrise( maîtrise de soi), la vraie puissance de la volonté ( = volonté de puissance # volonté de pouvoir( maîtrise des autres)) est peut-être comme le suggère Nietzsche dans un retour à l’inconscience, à l’innocence: c’est ce qu’explique Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra, avec les 3 métamorphoses : le chameau est la bête de somme qui porte, transporte les valeurs. Sa devise est celle de Kant  » tu dois donc tu peux «  . Il veut s’humilier pour faire mal à son orgueil. Le chameau se hâte dans le désert. Il dit « oui » mais il s’agit d’un « oui » d’obéissance au devoir sans ivresse. C’est l’image de l’esclave, du besogneux. Le chameau doit devenir ensuite lion. Le lion est l’image de la révolte contre les valeurs traditionnelles. Il dit « non ». Il symbolise le renversement des valeurs. « je veux » serait sa devise volontariste. Le lion devient enfin enfant. L’enfant dit « oui » mais il ne s’agit plus du « oui » de l’obéissance ou de la volonté, mais celui de la tranquille affirmation de soi qui a la force du jeu, de l’innocence. « l’esprit veut maintenant sa propre volonté, celui qui a perdu le monde veut gagner son propre monde. »