Foi et raison

18 mars 2012 0 Par Caroline Sarroul

 

Arguments pour fonder en raison la foi

Critiques possibles
1

Saint- Anselme (1033.1109) : preuve ontologique

Idée de Dieu = idée de « quelque chose de tel que rien de plus grand ne peut être pensé »

SI on distingue idée et existence, on ajouterait quelque chose en disant que Dieu existe,

DONC il y aurait plus grand que le plus grand, ce qui est contradictoire,

DONC l’idée de Dieu contient son existence

DONC il suffit de penser l’idée de Dieu pour dire qu’il existe

 L’existence étant une position de l’être dans la réalité , un fait, elle ne peut être déduite d’une idée par analyse ( décomposition) et n’ajoute rien à l’idée. Le jugement d’existence est un jugement synthétique, selon Kant, car il faut ajouter à l’idée , une expérience correspondante. C’est toute la différence entre penser et connaître pour Kant.

( Le prince charmant s’il existe n’est que de fait en soi, ce qu’il n’était que pour moi dans ma pensée; il n’est pas plus charmant comme il n’est pas moins charmant si je ne l’ai pas encore croisé dans l’existence)

2

Preuve cosmologique

Dans la nature, tout ce qui arrive à une cause ( même si on ne la connaît pas encore)

DONC on peut penser que le fait que « tout ce qui arrive a une cause » a aussi une cause

DONC il y a une 1ère cause sans cause à la mesure de ses effets

DONC cette cause sans cause est Dieu, comme être tout-puissant et d’une intelligence suprême.

 Que la raison ait besoin d’une cause sans cause , comme idée régulatrice ( pour estimer être arrivée au bout de l’explication causale) , cela ne signifie pas pour autant qu’il existe quelque chose qui satisfasse ce besoin. L’idée de Dieu n’est dès lors qu’une idée régulatrice et cela ne garantit en rien de son existence en  soi.
3

Pari de Pascal

La vie nous oblige à un moment ou à un autre de nous déterminer sur la question « Dieu existe-t-il ? »

SI on n’a pas la foi ET COMME  la raison ne nous dit rien ( pas de preuve, pas de contre-preuve), il faut PARIER : soit on vit selon les préceptes de la religion, soit on s’en passe, c’est donc un choix de vie et c’est sa vie qu’on mise.

Raisonnement de Pascal :

Il y a selon Pascal 4 solutions :

  1. Dieu existe, on a parié sur son existence, on ira au paradis, on gagne l’infini

  2. Dieu existe, on n’a pas parié sur son existence, on perd le paradis, on perd l’infini, on perd tout

  3. Dieu n’existe pas, on n’a pas parié sur son existence, on ne perd rien

  4. Dieu n’existe pas, on a parié sur son existence, on ne perd rien

DONC dans ce calcul de probabilité,  le meilleur calcul , c’est le principe du MINIMAX : minimiser la perte maximale.

DONC le meilleur pari, c’est 1, donc parier que Dieu existe.

 Il se pourrait que ce pari à destination des athés ( libertins et rationalistes) ne sont pas trés convaincant. Car on peut ne pas adhérer à la vision pessimiste de Pascal pour qui la condition humaine est faible et misérable, car vanité et finitude.Dès lors, si Dieu n’existe pas, on pourrait penser qu’en ayant misé sur cette existence et en ayant vécu en conséquence selon les préceptes de la religion, on ait finalement tout perdu. Car s’il n’y a rien après la vie, alors la vie est tout, elle a une valeur infinie et l’avoir perdue en se privant et en se pliant aux exigences de la religion , c’est finalement avoir aussi perdu l’infini. C’est l’argument de Hans Jonas.

Sans compter que cette foi n’est qu’une foi d’hypocrite calculateur, mais là Pascal n’est pas dupe.

Dès lors, le pari est bien moins simple que ce que Pascal, le prétend car nous avons dès lors autant de chance de perdre que de gagner l’infini en misant sur l’existence de Dieu.

 

Ceci étant dit, on peut penser

    comme Bergson que nous avons besoin de croire, la « fonction fabulatrice » vient compenser les conséquences déprimantes de notre intelligence et de nos connaissances : la croyance aide à vivre.

    comme Pascal que seuls ceux qui n’ont pas la foi attendent des preuves et des démonstrations et que la raison n’est pas toute-puissante : « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point ». Il y a deux sources de connaissance : la raison et le cœur, qui sent l’existence de Dieu comme les premiers principes sur lesquels s’appuie la raison pour construire ses raisonnements.