La censure, aveu de la force des arts

21 mars 2012 0 Par Caroline Sarroul

    Oeuvre de Gustave Courbet (1819-1877) L’origine du monde 1866 ( Huile sur toile H. 46 ; L. 55 cm ), exposée au musée d’Orsay  et censurée sur Facebook!

  « Le premier propriétaire de L’Origine du monde, et certainement son commanditaire, fut le diplomate turco-égyptien Khalil-Bey (1831-1879). Figure flamboyante du Tout-Paris des années 1860, il rassemble une éphémère mais éblouissante collection, dédiée à la célébration du corps féminin, avant d’être ruiné par ses dettes de jeux. Par la suite, le destin précis du tableau reste mal connu. Jusqu’à son entrée au musée d’Orsay en 1995, L’Origine du monde, qui faisait alors partie de la collection du psychanalyste Jacques Lacan, représente le paradoxe d’une oeuvre célèbre, mais peu vue.
Courbet n’a cessé de revisiter le nu féminin, parfois dans une veine franchement libertine. Mais avec L’Origine du monde, il s’autorise une audace et une franchise qui donnent au tableau son pouvoir de fascination. La description quasi anatomique d’un sexe féminin n’est atténuée par aucun artifice historique ou littéraire. Grâce à la grande virtuosité de Courbet, au raffinement d’une gamme colorée ambrée, L’Origine du monde échappe cependant au statut d’image pornographique. La franchise et l’audace de ce nouveau langage n’excluent pas un lien avec la tradition : ainsi, la touche ample et sensuelle et l’utilisation de la couleur rappelle la peinture vénitienne, et Courbet lui-même se réclamait de Titien et Véronèse, de Corrège, et de la tradition d’une peinture charnelle et lyrique.
L’Origine du monde, désormais présenté sans aucun cache, retrouve sa juste place dans l’histoire de la peinture moderne. Mais il ne cesse pourtant de poser d’une façon troublante la question du regard. » Texte de présentation de l’oeuvre sur http://www.musee-orsay.fr,

 

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Platon, La république

LIVRE III

— Parce que, je crois, nous dirons que sans aucun doute les poètes comme les compositeurs de récits parlent mal  de ce qui est essentiel pour les humains, quand ils prétendent qu’il y a beaucoup d’hommes injustes heureux, et de justes malheureux ; que commettre l’injustice est profitable, si cela passe inaperçu, et que la justice est un bien pour autrui, mais un détriment pour soi-même ; et nous leur interdirons de raconter de pareilles choses, en leur prescrivant de chanter et de raconter des histoires orientées en sens inverse. Ne le crois-tu pas ?

— Si, j’en suis bien persuadé, dit-il.

LIVRE X

« — Il serait par conséquent juste que maintenant nous nous intéressions à lui (le poète), et que nous le placions symétriquement par rapport au peintre, comme son antistrophe . En effet il lui ressemble en ce qu’il fabrique des choses médiocres, sous le rapport de la vérité [ éloignées de 3 degrés de la vérité, comme le lit peint du peintre n’est qu’une copie sous une seul apprence de la copie de l’idée de lit) ; et il se rapproche de lui également par les relations qu’il entretient avec cet autre élément de  l’âme ( la partie inférieure de l’âme tripartite, l’épithumia, puisque le poète comme le peintre ne cherche qu’à plaire, qu’à émouvoir la sensibilité en la flattant. Les autres parties de l’âme sont le thumos ( le noble courage) et le logos ( la raison)] qui est du même ordre que lui, au lieu d’en entretenir avec le meilleur [le logos]. Et ainsi désormais c’est en toute justice que nous pourrions refuser de l’accueillir dans une cité qui doit être gouvernée par de bonnes lois, puisqu’il éveille cet élément de l’âme, le nourrit et, le rendant robuste, détruit l’élément consacré à la raison ; comme lorsque dans une cité, en donnant du pouvoir aux méchants, on leur livre la cité, et qu’on mène à leur perte les hommes plus appréciables. Nous affirmerons de la même façon que le poète spécialiste de l’imitation fait entrer lui aussi un mauvais régime politique dans l’âme individuelle de chacun : il est complaisant avec ce qu’il y a de déraisonnable en elle, qui ne reconnaît  ni ce qui est plus grand ni ce qui est plus petit, mais pense les mêmes choses tantôt comme grandes, tantôt comme petites ; et il fabrique fantomatiquement des fantômes, qui sont tout à fait éloignés de ce qui est vrai.

— Oui, exactement. »

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 http://www.arte.tv/fr/Censur—Thomas-Schlesser-est-l-invite-de-Raphael-Enthoven-dans-Philosophie/2235124,CmC=6536592.html

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