Du contrat social, Livre III, Chap. 4

25 avril 2012 0 Par Caroline Sarroul

LIVRE III     concerne lui le gouvernement défini au chap.1 comme « un corps intermédiaire établi entre les sujets et le souverain pour leur mutuelle correspondance, chargé de l’exécution des lois et du maintien de la liberté, tant civile que politique » ; les gouverneurs sont « les simples officiers du souverain » donc le contrat avec le Gouvernement n’est pas un contrat de soumission, mais « une commission », les gouverneurs sont commis par le souverain pour exercer « en son nom le pouvoir » ; le gouvernement qui « reçoit du souverain » ses ordres doit cependant garder le pouvoir exécutif et le souverain, le pouvoir législatif. , sans quoi c’est le despotisme ou l’anarchie, si les sujets refusent d’obéir. On retrouve donc ici la séparation des pouvoirs de MONTESQUIEU le soutenait déjà en 1748 dans De l’esprit des lois,

C’est ce qui amène ROUSSEAU à préférer à un gouvernement démocratique ou monarchique, un gouvernement aristocratique.

  • Etude  chap. 4, Rousseau va expliquer pourquoi la démocratie n’est pas le meilleur gouvernement, en 3 temps :

1er temps : dans les 2 premiers paragraphes, il va expliquer la difficulté majeure de ce régime qui tient à la non-séparation des pouvoirs. Si , en théorie, celui qui fait les lois semble le mieux placé pour les appliquer, dans la réalité, c’est une erreur pour 2 raisons :

1.ce qui fait que le gouvernement, c’est qu’il a un pouvoir exécutif autonome, séparé du pouvoir législatif . Si le gouvernement est en même temps le souverain, ayant le pouvoir législatif, le gouvernement n’a plus d’autorité d’où le paradoxal « un Gouvernement sans Gouvernement ».

2.ce qui fait que le pouvoir législatif est ce qu’il doit être, c’est qu’il a en vue l’intérêt général, n’a que « des vues générales ». Or, s’il est aussi chargé d’appliquer la loi par des décrets, il va être confronté au particulier . Cela va le détourner de ce qu’il doit regarder. Cette corruption est catastrophique, car elle atteint « la substance » même de la république en altérant l’exercice de la souveraineté.

D’où la nécessité de séparer les pouvoirs. Rousseau rejoint ici Montesquieu et sa théorie de la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, car seul le pouvoir arrête le pouvoir.

A moins qu’il n’y ait pas d’abus, mais dans ce cas, le gouvernement est superflu. « Un peuple qui gouvernerait bien toujours bien n’aurait pas besoin d’être gouverné ».

 

2ème temps : ensuite dans les 4 paragraphes suivants, Rousseau va expliquer les difficultés pratiques pour mettre en place une démocratie ( directe). Selon lui, « il n’a jamais existé de véritable démocratie , il n’en existera jamais ».

–       « il n’a jamais existé de véritable démocratie », cette phrase est étonnante quand on sait que Rousseau considérait la démocratie grecque antique comme un modèle du passé. Il souligne que là il y avait souveraineté du peuple, même si elle était au prix de l’esclavage de certains. Mais , ce n’est pas selon lui  un argument suffisant pour condamner les Cités grecques. Il le dit clairement, p. 136, « pour vous , peuples modernes…j’y trouve plus de lâcheté que d’humanité ». Ceci dit, une démocratie où tout homme est libre et souverain n’a pas cependant existé.

–       « il n’en existera jamais » car :

-c’est un régime contre-nature. Il est contre-nature que le gd nb gouverne le petit ( éventuels exclus du gouvernement)

-c’est un régime irréalisable concrètement : le peuple ne peut sans cesse s’occuper des affaires publiques, d’où obligation de déléguer le pouvoir et on en vient à un système représentatif avec des commissions qui vont entrer en lutte et finir pour certaines (plus efficaces) par concentrer le pouvoir. Si le peuple peut exercer le pouvoir législatif ponctuellement par des actes de magistrature, il ne peut pas exercer le pouvoir exécutif de manière permanente.

-la réussite d’un tel régime exigerait des conditions difficiles à réunir : un petit état où tout le monde se connaît, des mœurs simples (pour éviter la multiplication des affaires à traiter et la difficulté des accords), un égalité dans les rangs et fortunes pour éviter les conflits entre des intérêts particuliers, empêchant de voir l’intérêt général, pas ou peu de luxe, là encore pour éviter les conflits privés entre ceux qui ont « la fureur de se distinguer » par leur possessions et ceux qui sont jaloux, et aussi pour éviter « une corruption du goût ». Le luxe détourne de la patrie pour le domaine privé.

En somme, paragraphe 6, ce régime conviendrait à des hommes déjà « vertueux ». L’exercice du pouvoir exige quelque soit le régime la vertu, mais encore plus la démocratie.

3ème temps : dans le dernier paragraphe, Rousseau conclut ce chapitre en soulignant que la faiblesse de la démocratie ( régime précaire et instable) exigerait du courage et une force constante des citoyens pour ne pas céder à la facilité, c’est-à-dire préférer l’ordre, la sécurité, l’avoir à la liberté et l’être. D’où la phrase latine qui signifie je préfère les dangers de la liberté au repos de la servitude. On peut voir dans cette remarque de Rousseau une annonce des thèse de Sartre et de Tocqueville. La liberté est un fardeau difficile à porter ;, selon Sartre et la démocratie a du mal à se tenir droite et libre, selon Tocqueville.