Y a-t-il d’autres moyens que la démonstration pour établir une vérité?

17 mai 2012 0 Par Caroline Sarroul

I. Si on ne réduit pas la vérité aux vérités de la raison, dont le critère est la cohérence et le moyen de les établir, la démonstration ( raisonnement logico-mathématique), alors OUI, il y a aussi les vértités de faits et d’autres moyens d’établir la vérité d’un énoncé:  il y a  la monstration par la preuve expérimentale ou le constat dans le réalité pour les vérités de fait dont le critère est la correspondance entre l’idée et la réalité; il y a aussi l’intuition pour les vérités du coeur distinctes des vérités de la raison pour Pascal, dont le critère est l’évidence; ou encore l’épreuve du doute ( Descartes et le doute hyperbolique auquel résiste la certitude du cogito)

Mais ne peut-on pas douter de ces vérités et des moyens de les établir?

II. La démonstration reste le seul moyen certain d’établir avec certitude et solidité une vérité: car on peut remettre en question la valeur de la preuve expérimentale ( Popper) , sa réelle capacité à établir la correspondance entre la théorie et le réel ( Einstein et la métaphore de la montre), de même on peut douter de l’évidence sensible comme de la valeur des intuitions ( mieux vaut une bonne démonstration qui permet, elle , d’établir une vérité universelle ( tout esprit la reconnaît et y parvient).

Mais cette vérité est-elle aussi solide qu’elle paraît l’être?

III. la démonstration a ses limites: on ne peut tout démontrer, donc toute démonstration s’appuie sur du non-à-démontrer ou du non-démontré car indémontrable, donc la vérité établie est au mieux une vérité conditionnelle, relative aux postulats ou axiomes posés au départ; ensuite on peut penser que la démonstration est plus souvent un moyen d’exposer une vérité ( syllogisme) qu’un moyen de l’établir; de plus on n’est pas à l’abri d’un paralogisme; enfin ces vérités de la raison ne correspondent qu’à des relations entre les idées, mais ne préjugent pas du rapport entre celles-ci et la réalité. Or on peut penser que ce qui fait qu’un énoncé est vrai, c’est cette correspondance avec la réalité. Mais comme on l’a dit en II, cette correspondance est bien difficile à établir, à moins qu’on adopte la position de W.James ou de Russell pour qui la vérité est d’abord pragmatique ou technique, mais dans ce cas, c’est seulement l’épreuve de la réalité dans l’action qui permettra d’établir la vérité d’une théorie plutôt qu’une simple démonstration, même avantageuse pour la penser.

Donc la démonstration est un moyen de parvenir à des vérités de la raison, plus sûrs que ceux qui permettraient des vérités de fait, mais la démonstration ne peut établir que des vérités de la raison.