Suffit-il d’expliquer le corps pour comprendre l’esprit?

13 juin 2012 1 Par Caroline Sarroul

Les révisions reprennent sur France culture, à J-6 de l’épreuve fatale!

Ce sujet joue sur la différence entre expliquer ( propre des sciences de la nature, qui subordonne le particulier au général ( lois universelles de la nature) et analyse – « expliquer » c’est étymologiquement déplier-) et comprendre ( ambition des sciences humaines et de l’esprit de saisir dans une synthèse un sens global pour « prendre avec soi » – ce que signifie étymologiquement com/prendre – les phénomènes étudiés). Cette distinction a été posée par Dithley, concernant la distinction science de la nature et science de l’esprit.

Dans les sciences humaines , on peut chercher à expliquer en trouvant les causes et les déterminants extérieurs des phénomènes sociaux. Ce fut en sociologie le cas de Durkheim qui voulait expliquer le social par le social uniquement, sans entrer dans la compréhension des motifs intérieurs individuels et c’est ce qu’il fit sur le suicide.

« il faut traiter des faits sociaux comme des choses, c’est-à-dire à l’opposé del’idée qu’on connaît de l’intérieur… qu’on connaît seulement par voie d’observation et d’expérimentation » ( Règles)

  » [nous avons] l’idée que la vie sociale doit s’expliquer non par la conception que les individus qui y participent s’en font, mais par des causes profondes qui échappent à la conscience » de l’individu et à celle du sociologue. » ( Education et sociologie, 1922)

Max Weber dans L’éthique protestantea soutiendra, lui,  une dimension compréhensive en sociologie en se situant au plan des intentions et motivations par empathie partant du principe que « Nul besoin d’être César pour comprendre César. Il soutient  qu’il y a une lien entre la conscience et la conduite individuelles et les phénomènes macro-social et que les sciences humaines doivent dans  leur méthode prendre en compte la spécificité des faits humains.

Le plan développé par Olivier Verdun est le suivant:

I) De l’homme-machine à l’homme-neuronal. Et inversement.

Idée directrice : il suffit d’expliquer le corps pour comprendre l’esprit car l’esprit n’est qu’une propriété de la matière. Cette option matérialiste forte conduit soit à éliminer du vocabulaire philosophique et scientifique le mot«esprit»,soit à faire de l’esprit un épiphénomène des processus neuronaux. On aboutit alors à une naturalisation de l’homme, de la pensée, de la subjectivité dont il convient de mesurer les enjeux.

A) Déterminisme physique et déterminisme psychique

  1. 1. Le paradigme de l’explication scientifique
  2. 2. Le modèle mécaniste (Descartes)
  3. 3. Une physique du désir, la psychanalyse (Freud)

B) L’âme matérielle : des atomes aux neurones

1. Les neurosciences : le cerveau pense

2. L’atomisme antique (Lucrèce)

C) La naturalisation de la pensée et de la subjectivité

  1. 1. L’écueil naturaliste et positiviste
  2. 2. Le rêve d’un homme naturel et transparent

Transition :

Que l’esprit n’existe pas sans cerveau et qu’il soit le résultat d’un processus évolutif naturel, que les sciences naturelles contribuent, et contribueront encore plus demain, à notre connaissance de ce qu’est l’esprit, est-ce à dire que le corps humain produit sa pensée ? Les phénomènes mentaux n’ont-ils pas leur niveau d’organisation et leur causalité propre, même s’ils sont incompréhensibles en dehors d’un substrat matériel ?

II) Le corps spirituel

Idée directrice : on peut plus facilement comprendre (comprendre, étymologiquement, c’est «prendre avec») le corps par l’esprit que l’inverse. Le corps présuppose l’activité de l’esprit. La matière est d’abord une production de l’esprit qui confère aux objets le statut de réalité intelligible. La matière est, en ce sens, éminemment spirituelle.

A) L’esprit, entéléchie du corps

  1. 1. L’immatérialité de l’âme (Lucrèce derechef)
  2. 2. De la puissance à l’acte (Aristote)

B) Le corps, chef-d’œuvre de l’esprit

  1. 1. L’esprit sublime le corps (Alain)
  2. 2. La perception comme intellection de l’esprit (Descartes derechef)

3. L’énergie spirituelle (Bergson)

C) Le corps pensant

  1. 1. Le corps et l’esprit, une seule et même chose
  2. 2. Vers un matérialisme faible

Transition : Il ne suffit donc pas d’expliquer le corps pour comprendre l’esprit : sans l’esprit, le corps n’est qu’une matière inerte, indéterminée, impensable. Les événements mentaux sont déterminés par les événements physiques, mais dans un sens large et très approximatif. L’esprit, irréductible à son fonctionnement, est le mouvement d’une subjectivité qui, dans l’extériorité de la matière, tente de de se ressaisir. La pensée jouit ainsi d’une autonomie par rapport au corps eu égard à son pouvoir de réflexivité. Comment alors comprendre l’esprit sans pour autant renoncer à l’expliquer ou à le connaître ?

III)  Expliquer plus pour comprendre mieux

Idée directrice : la question se pose maintenant de savoir de quel genre de connaissance relève l’esprit. Savoir objectif et compréhension subjective ne sauraient être confondus, même si compréhension vécue et explication objective peuvent être coordonnées.

A) Connaissance objective et connaissance subjective

  1. 1. Causalité et motivation
  2. 2. Une herméneutique de l’esprit

B) L’intentionnalité

  1. 1. L’expérience vécue et le sens
  2. 2. Intentionnalité et liberté

C) Causalité psychique et subjectivité : la psychanalyse derechef

1. Le déterminisme psychique

2. La preuve par la parole