Extrait 4: la critique du déterminisme ( et du libre arbitre)

7 juillet 2012 0 Par Caroline Sarroul

Chapitre VI: le déterminisme

  1. p. 108/115 analyse du déterminisme ( comme « contraire » du libre-arbitre – un des 3 doctrines  de la religion avec l’immortalité de l’âme et l’existence de Dieu)
  • introduction ( lignes 31 à 40): le déterminisme une notion issue de la physique ( qui s’est purgé du vitalisme) et étendue à l’ensemble de la science; définition.  : loi de la causalité et uniformité – les mêmes causes = les mêmes effets= lois du mouvement ( des astres -astronomie de Newton // analyse de Bachelard « le ciel descendu sur la terre » p 238)  de la matière.
  • ( lignes 32 à 97) « Le double caractère du déterminisme » : « une maxime pratique » et « une théorie générale de la nature de l’univers »; distinction entre les 2 ( simplicité et efficacité régulière pour l’une, précision et invariabilité pour l’autre); précision sur cette théorie: d’un côté principe de causalité ( qui est l’essence de la science et de l’autre principe de complète détermination de l’avenir d’après le passé ( cf déterminisme universel de Laplace – 1749/1827 : « Tous les événements, ceux mêmes qui par leur petitesse, semblent ne pas tenir aux grandes lois de la nature, en sont une suite aussi nécessaire que les révolutions du Soleil. Dans l’ignorance des liens qui les unissent au système entier de l’univers, on les a fait dépendre des causes finales, ou du hasard, suivant qu’ils arrivaient et se succédaient avec régularité, ou sans ordre apparent ; mais ces causes imaginaires ont été successivement reculées avec les bornes de nos connaissances, et disparaissent entièrement devant la saine philosophie, qui ne voit en elles que l’expression de l’ignorance où nous sommes des véritables causes ».« Nous devons donc envisager l’état présent de l’univers comme l’effet de son état antérieur et comme la cause de celui qui va suivre. Une intelligence qui, pour un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée, et la situation respective des êtres qui la composent, si d’ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l’Analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l’univers et ceux du plus léger atome : rien ne serait incertain pour elle et l’avenir, comme le passé serait présent à ses yeux. ») Pour Russel, l’un n’implique pas l’autre ( car pour cela il faut connaître toutes les lois), si ce n’est en théorie.
  • ( lignes 98 à 203): analyse de cette théorie ou « doctrine »

– cette théorie étant une théorie générale, elle est affirmative OR elle est impossible à vérifier ( il faudrait être un Dieu omniscient) ni à falsifier ( il faudrait être un Dieu omniscient) . Donc au regard de « nos possibilités humaines », cette théorie n’est pas une théorie scientifique, c’est une « doctrine » ( on peut ici penser à Popper et au critère de la falsifiabilité et de vérifiabilité)

–  PROBLEME:  ( lignes 129 à 155): notre connaissance est toujours partielle ( « données limitées au système solaire ») et réduite à des lois simples permettant le calcul ( humainement possible); dès lors, il peut y avoir une complexité qui échappe à l’intérieur du système et des éléments extérieurs au système ( effet papillon? Phénomène d’intrication en physique quantique) , qui peuvent faire apparaître la prévision et le calcul comme faux, sans que pour autant cela remette en cause « la doctrine ». L’erreur peut être le signe de la fausseté de la doctrine comme le signe des limites de nos connaissances et capacités, donc on ne peut pas prouver, ni falsifier cette doctrine, donc ce n’est qu’une doctrine

solution : pour une hypothèse déterministe digne de ce nom ( lignes 155 à 188) : réduire l’univers à une sphère de rayon de 1 an pour la lumière ( 300000 km/s), et prévoir sur un an, et vérifier au bout d’un an.

Conclusion (lignes 189 à 202) : ce principe déterministe ainsi défini et circonscrit est une théorie scientifique car elle peut être vérifiée ou falsifiée, mais cependant selon Russell, on ne peut affirmer qu’il est vrai ni qu’il est faux. Seule « une raison préconçue » permettrait de trancher.

  • Lignes 203 à 304 : Jusqu’ici les arguments avancés contre ou pour le déterminisme était d’ordre philosophique ( Hume, Kant, De Platon à Einstein) , maintenant il y a un argument  scientifique contre le déterminisme: la mécanique  quantique

– lignes 214 à 242: ici ce que retient Russell de cette physique très complexe, c’est l’indétermination de ce que fera un atome, même si on connaît les différentes possibilités et si on connaît les « proportions » de réalisation de chaque option ( avec l’idée que cette indétermination est irréductible à l’observation en macro-physique ( ne voyant que le comportement de « milliard d’atomes ») ni en microphysique ( en laboratoire). On pourrait ajouter ici l’idée que l’observation, la mesure détermine ce qui est observé, met un terme à l’indétermination: exemple des fentes de Young et texte 3 p. 239)

– Lignes 243 à 258: Russell souligne les limites de cet argument quantique: « indéterminable n’est point synonyme d’indéterminé » et on peut penser que la science découvrira ici aussi des lois ( l’histoire de la science a jusqu’ici fait apparaître des lois là où on les pensait absentes),

– lignes 259 à 304, il montre que cet argument quantique met plutôt en doute les autres lois, en les ramenant à des « lois statistiques », dont « le résultat a une apparence de régularité absolue ». c’est donc l’effondrement du déterminisme comme « théorie générale de la nature » et sa réduction  à une « maxime pratique » affinée en quelque sorte..

P 118 «  Ce qui est nouveau en mécanique quantique, ce n’est pas l’apparition de  lois statistiques, mais l’idée qu’elles peuvent être fondamentales, au lieu de dériver de lois régissant les cas individuels »: une qualité seconde devient une qualité première.

Le caprice de l’atome = le libre arbitre de l’homme ( pour Eddington)

 Contre « le caprice de l’atome », les déterministes produisent 3 types d’arguments:

  1. le caprice = le hasard, et le hasard= ce dont on ne connaît pas encore la cause et la loi, mais la science parviendra à découvrir cause et lois ( Einstein soutient qu’il y a derrière cette indétermination, une variable cachée qu’on ne tardera pas à trouver, car « Dieu ne joue pas aux dés » ( Dieu = dieu cosmique, différent du Dieu de la religion). Théorème EPR en 1935 qui est annoncé dans le New York Time du 17 mai ainsi « Einstein attaque la physique quantique » comme incomplète et incorrecte.
  2. il ne peut y avoir de lois macroscopiques sans qu’il y ait de lois au plan microscopique
  3. les lois statistiques restent des lois et plus on augmente l’échantillon , plus on se rapproche de lois ordinaires.