L’inconscient permet-il autant que la conscience de définir l’homme ?

17 novembre 2012 1 Par caroline-sarroul

 –  Définir, c’est donner les caractéristiques essentielles, distinctives et communes à son genre d’une chose par opposition à ses caractéristiques accidentelles, partagées et individuelles : l’homme, c’est différent d’un homme même si chaque homme est un exemplaire du genre homme

– l’inconscient n’est pas l’inconscience

 I. la conscience une caractéristique distinctive, essentielle et commune :

si l’ensemble des choses se réduit à une matière inconsciente , si l’animal existe en soi, avec une conscience immédiate plus ou moins claire de ce qui l’entoure, l’homme est le seul être doué d’une conscience réfléchie, d’une conscience de soi, débouchant sur un sentiment d’identité et de personnalité. Il existe aussi pour soi. Cette conscience est la ligne de démarcation entre l’homme et l’animal ET c’est d’elle que découle toutes les caractéristiques de l’homme :

–  Sartre fait découler la liberté de la conscience, comme capacité de néantiser ce qui est pour être ce qu’elle n’est pas.

–       l’homme est un animal conscient, capable de s’opposer au monde, de le nier ; c’est-à-dire de le penser et en tant qu’esprit prendre le contrôle de matière en lui (le corps) et hors de lui (la nature)

–       l’homme est un animal rationnel, en mesure d’acquérir des connaissances et de penser lui et le monde, en se retournant sur ce que sa conscience lui donne à penser

–       l’homme est un animal moral : la conscience que l’on a de ce que l’on fait , fait qu’on se sent auteur et donc responsable . De plus, la conscience entraîne la connaissance de ce qui détermine ma volonté et donc sujet, liberté, responsabilité et possibilité de parler de moralité. Car qui fait le mal involontairement ne peut vouloir le bien volontairement.

–       l’homme est un animal social, qui a besoin d’être reconnu par les autres pour se sentir soi, conséquence aussi de sa conscience de soi et de sa précarité.

Donc la conscience est bien la base et  la condition de ce qui est proprement humain. Mais l’homme n’est il pas aussi le seul à posséder un inconscient ?

 II. Si l’animal est dans l’inconscience, tout comme les choses, l’homme est le seul à avoir un inconscient : que l’inconscient soit l’envers d’une conscience malade comme chez Charcot ou Janet, ou que l’inconscient soit le résultat d’un refoulement , issu des interdits du Surmoi, lieu d’intégration de la culture ou du MOI soumis au principe de réalité. Sans  interdits, toutes les pulsions passeraient à la conscience, il n’y aurait qu’un ça au contenu vite dévoilé

-Plus ponctuellement, l’hypothèse de l’inconscient permet d’expliquer des phénomènes culturels proprement humains comme la religion, la vie en société, l’art comme processus de sublimation.

-De plus si l’hypothèse de l’inconscient remet en question une certaine conception de l’homme, elle ne fait qu’en proposer une autre, sans pour autant ramener l’homme à une chose ou un simple animal. Certes , elle remet en question la suprématie de l’esprit sur le corps, elle pose les limites de la rationalité de l’homme ( le rêve comme langage sans logique rationnelle, le ça comme ignorant le principe de contradiction) , jette le doute sur la liberté de l’homme et sa moralité,… Mais elle ne ramène pas pour autant l’homme à un animal. Elle jette seulement le soupçon sur une certaine conception de son humanité ET un privilège de la conscience peut-être exagéré.

La névrose est une maladie culturelle née du malaise dans la civilisation, là encore proprement humaine.

Donc l’inconscient est bien propre à l’homme et le caractérise en tant qu’homme. Mais en même temps, il réaffirme que l’homme n’est lui-même que lorsqu’il ne se laisse pas dominé par cet inconscient, lorsqu’il augmente sa conscience. Alors l’homme se caractériserait-il davantage par la conscience ?

 III.  De plus on peut voir dans cette hypothèse un simple exemple de la mauvaise foi et de grossir ce qui n’est qu’inconscience ou corps, nature ( Alain) donc un moyen d’échapper à notre responsabilité et liberté, et donc à notre humanité et en même temps de  la reconnaître tout en cherchant à la fuir.

 Même sans aller jusque là,  l’hypothèse de l’inconscient ne s’impose pas pour nous avec la même certitude que la conscience de soi, comme le  souligne Descartes, le cogito est la seule chose  qui résiste à l’épreuve du doute hyperbolique et même à l’hypothèse du Dieu Trompeur , du malin génie.

Même si l’homme n’est pas une conscience de soi omnisciente et omnipotente, ni transparente,  l’homme se caractérise par cet effort pour s’élever et se perfectionner qui passe par un renforcement de la conscience de soi et une conquête sur son inconscient .Freud n’a jamais dit le contraire. L’homme doit se faire homme en gagnant en conscience, en assumant sa responsabilité, en dominant l’animal qui est en lui.