Synthèse : Epicuriens vs stoïciens

4 novembre 2013 0 Par Caroline Sarroul

 

Points communs

Epictète « ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses mais les jugements relatifs aux choses »

Epicure « la médecine ne serait d’aucune utilité si elle ne guérissait pas les maladies du corps, de même pour la philosophie, si elle ne guérissait pas les maux de l’âme »

L’épicurisme et stoïcisme sont des EUDEMONISMES et recherchent le même ETAT de REPOS , l’ATARAXIE ou l’APATHIE , EQUANIMITE via un accord avec la nature en nous et hors de nous

différences

Épicure

Le bonheur est le plaisir réglé. Le plaisir est le souverain bien et la vertu est le moyen ( prudence,tempérance, justice) ou la voie ( la conscience de la maxime qui conduit au bonheur) pour y parvenir.

Le plaisir est premier, la vertu seconde et l’étalon reste le plaisir, le corps celui de l’esprit.

Liberté extérieure ( et intérieure) : parvenir à une vie autarcique et autosuffisante par la modération des désirs et de bonnes représentations.

Zénon de Cition ( 336.264) , Epictète( 50-125), Sénèque ( 4-65)

Le bonheur est la vertu et dans l’exercice de la vertu. La vertu et le plaisir sont étrangers ( l’agréable et le bon ne sont pas identiques). Seule une volonté rationnelle est le moyen d’y parvenir. L’étalon est la raison et s’oppose au corps, au désir et au plaisir :

  • « La vertu est chose élevée, sublime, royale,invincible, inépuisable ; le plaisir est chose basse, serviel, faible, fragile ( qui s’établit et séjourne dans les mauvais lieux et les cabarets »

  • « L’éloge du plaisir est funeste »

  • « le vrai plaisir est le mépris du plaisir » Sénèque, car le plaisir possède, amollit, abêtit et rend esclave l’âme et s’affranchir des désirs-passions, c’est affirmer la grandeur de la volonté humaine et les pouvoirs de la raison.

Liberté intérieure : être maître de nos désirs ( se libérer de leur esclavage) et nos représentations.

1.La peur des dieux

L’univers est plutôt défectueux, sans finalité et hostile ( il ne peut être une création des Dieux). Pas de providence.

La physique, l’atomisme libère des mythes, des fausses représentations des Dieux (leur prêtant occupations, soucis, colères, faveurs), d’un Dieu créateur et des angoisses qui en découlent.

Les Stoïciens pensent qu’il y a de réelles preuves objectives de l’existence de Dieu : l’univers est rationnel, il est ordonné, toute chose à une finalité et semble être faite pour le bien de l’homme. Il y a une providence divine favorable aux hommes. Les Dieux ( Dieu) ne sont pas malveillants.

Dieu est le principe actif du monde ( logos= raison), immanent ( = non transcendant, c’est-à-dire extérieur et supérieur au monde) et sa matière, en tant que passif : panthéisme.

2.La peur du destin et du hasard

– toute croyance au destin est incohérente avec la définition même des Dieux.

– entre les deux théories fausses ( du mythe sur les Dieux et du « destin des physiciens » (= Stoïciens), il vaut mieux croire à la première, effet psychologique plus avantageux (impression de contrôle, apaisement par des prières)

– celle d’un Dieu du hasard l’est encore plus, prêtant à un être parfait une volonté imparfaite et irrationnelle.

– le hasard n’est que le hasard, la rencontre fortuite de deux séries causales.

Pas de Dieu du hasard, pas de hasard et AMOR FATI

– « j’appelle destin, ce que Les Grecs appellent eimarmenè, c.-à-d. l’ordre,la série des causes, attendu que la cause rattachée à une cause engendre à son tour un effet : c’est là la vérité immuable qui coule de toute éternité. D’où il est manifeste que le destin n’est pas ce que l’on prend dans une acception superstitieuse, mais le nom dont, en langage de physicien, on désigne la cause éternelle des choses, en vertu de laquelle s’est accompli ce qui a eu lieu, ce qui est présent se produit, et ce qui est à venir arrivera.» Cicéron

– si on coïncide avec soi ( = sa raison), on coïncide avec l’ordre ( rationnel) du monde, on comprend et accepte l’ordre des choses, on aime ce qui est et arrive, d’où apathie ( absence de passions négatives) et eupathie ( bonne passion) et joie face à cequi est. On est libre dans la nécessité comprise et acceptée

– le stoïcisme n’est pas un fatalisme : il est un nécessitarisme laissant une place à la liberté, comme acceptation et comme choix concernant ce qui dépend de nous : d’où critique de l’argument paresseux (évènements co-fataux ; différences entre cône et cylindre qui n’ont pas le même mvt après le même choc ( différences entre causes procatartiques extérieures, fatales et causes synectiques intérieures)

« Veuille seulement que les choses arrivent comme elles arrivent ; et pour toi, tout ira bien. » Épictète, Manuel

3.
La peur de la mort

-« la mort n’est rien pour nous » : la mort est décomposition, dissolution du composé d’atomes que nous sommes, donc pas de sensibilité, donc pas d’expérience de la mort car mort = principe d’exclusion, elle ou moi ! Protection naturelle contre une douleur insupportable -Âme : composé d’atomes, pas de vie après la mort ; Dieux indifférents -Le bonheur ne se mesure pas à la quantité, mais à la qualité : la durée n’intensifie pas l’intensité, elle ne peut que permettre plus de variété, qu’on peut trouver en étant comblé ici et maintenant, seul le présent nous appartient ( le passé et le futur ne nous appartiennent pas) et seul ce à quoi nous sommes présents compte.

– La mort n’est pas un mal, elle appartient à l’ordre des choses, elle est ce qui parachève une existence

« XI. Pourquoi naissent les épis ? N’est-ce pas pour mûrir et pour être moissonnés ensuite, quand ils sont mûrs ? Car on ne les laisse pas là sur leur tige, comme s’ils étaient consacrés. S’ils avaient du sentiment, penses-tu qu’ils fissent des voeux pour n’être jamais coupés ? Non, sans doute. Ils regarderaient comme une malédiction de n’être point moissonnés. Il en est de même des hommes. Ce serait une malédiction pour eux de ne pas mourir. Ne pas mourir, pour l’homme, c’est comme pour l’épi n’être jamais mûr et n’être jamais moissonné. » Entretiens, II, Epictète

je ne peux éviter la mort, mais je peux éviter la crainte de la mort ; ce qui fait peur, ce n’est pas la mort, c’est la crainte de la mort, par attachement à la vie qui ne dépend pas totalement de moi ( la souffrance vient de l’aliénation, conséquence de mauvaises, irrationnelles, déraisonnables représentations.